Triple couronne pour Pogacar ou double doublé pour Evenepoel, les Mondiaux vont finir en apothéose
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On parlait hier de l'exploit unique réalisé en 2014-2015 par Pauline Ferrand-Prévot. Détenir simultanément les titres mondiaux sur route, en cyclo-cross et en VTT. À ce jour, la Française reste la seule à avoir accompli cette performance historique. Mais ce dimanche, deux des rois du peloton actuels vont eux aussi tenter de réaliser une performance historique.
Eddy Merckx, Stephen Roche, Annemiek van Vleuten : tels sont les trois coureurs dans l'histoire à avoir remporté la même année le Tour d'Italie, le Tour de France et la course en ligne des Championnats du monde, ce que visera Tadej Pogacar. Pour Remco Evenepoel, c'est carrément un exploit inédit qui est ambitionné, puisque jamais un coureur n'a remporté le contre-la-montre et la course en ligne aux Jeux Olympiques puis aux Mondiaux lors de la même année.
Une guerre des étoiles qui occulte carrément le reste de la concurrence. Difficile, en effet, de ne pas imaginer le Slovène ou le Belge lever les bras sur la Sechseläutenplatz vers 17h00. Un sentiment que connait déjà Evenepoel, vainqueur de la course en ligne en 2022, mais qui était arrivé en solitaire. Si les deux arrivent ensemble, Pogacar aura les faveurs des pronostics, ce qu'a rappelé le Belge dans le média SudInfo en déclarant laconiquement : "Il vaut mieux ne pas aller jusqu’au bout avec lui".
Un état de fait confirmé par les résultats. Toutes les grandes victoires de Remco Evenepoel sur des courses d'un jour ont été acquises en solitaire. Deux Liège-Bastogne-Liège, trois Clasica San Sebastian (hormis la dernière en 2023 où il avait battu au sprint Pello Bilbao, pas le meilleur dans l'exercice), les JO donc et les Mondiaux 2022. À l'inverse, on se rappelle de sa défaite contre Sonny Colbrelli aux Championnats d'Europe 2021, dans un sprint perdu d'avance.
Tadej Pogacar, lui, est à l'aise dans ce genre d'arrivée, et c'est un euphémisme. Les plus réticents rappelleront sa défaite contre Jonas Vingegaard sur une étape du dernier Tour de France, mais course de trois semaines et courses d'un jour sont incomparables. Ou le dernier Milan - San Remo, mais lui reprocher de perdre au sprint contre Jasper Philipsen, c'est reprocher à Enric Mas de s'incliner lors d'une arrivée au sommet contre Primoz Roglic : c'est n'importe quoi.
En cas d'arrivée au sprint en petit comité, ou en face-à-face avec Evenepoel, Pogacar sera le favori. Mais nul doute qu'il aura tenté de faire le ménage avant. Car ce n'est pas qu'une histoire de triple couronne. Lassé des comparaisons avec Merckx - "Je ne peux pas me comparer à Eddy Merckx car ce n’était pas mon époque. C’est à la fois flatteur et ennuyeux parce que je veux juste être moi-même" - Pogacar veut demeurer la référence.
Et pour cela, il faut accrocher un titre mondial. Sans doute la raison pour laquelle il est présent à Zürich, cette quête d'être officiellement le meilleur et de le prouver en portant le maillot arc-en-ciel. Au lieu de tenter le triplé Giro - Grande Boucle - Vuelta qui paraissait "envisageable", il vient essayer de tenter d'aller chercher un des grands titres qui manquent à sa carrière. De quoi envisager un raid solitaire flamboyant, comme ses 80 km lors des Strade Bianche ?
C'est une possibilité. Le circuit est sélectif, mais son équipe, même en la présence de Primoz Roglic - leader de rechange ou super lieutenant ? - ne sera peut-être aussi performante que la machine de guerre UAE. Qui plus est, Evenepoel a sans doute plus d'intérêt à se découvrir en premier que Pogacar, et de la réaction de ce dernier dépendra sans doute l'issue de la course.
Mais alors, qui peut empêcher l'un de ces deux monstres d'être sacré ? Le premier nom qui vient est évidemment celui du tenant du titre, Mathieu van der Poel. La saison du Néerlandais, déjà réussie avec son inoubliable doublé sur les Flandriennes, pourrait se finir en apothéose. Mais malgré une forme qui semble très bonne, pour lui comme pour beaucoup d'autres, le Zürichbergstrasse semble un poil trop dur pour jouer la victoire.
Un état de fait nuancé par la victoire de Niklas Behrens - 1.95m et 85 kg - sur la course espoirs vendredi. De quoi redonner de l'espoir à certains gabarits, mais sans doute pas assez. Michael Matthews, Julian Alaphilippe, Mads Pedersen, Tom Pidcock, des coureurs capables de gagner en petit comité, mais qui risquent d'avoir du mal à coller à la roue du duo slovéno-belge quand la route s'élèvera. Et avec 7 ascensions du Zürichbergstrasse, cela semble une réalité.
Reste quelques facteurs X néanmoins. Le premier et principal se nomme Marc Hirschi. À domicile, le Suisse, qui est dans une forme étincelante, a notamment raflé la Clasica San Sebastian - connue pour ses montées exigeantes - ou la Bretagne Classic. À 26 ans, il est dans la forme de sa vie, avec une équipe construite pour lui. Suffisant pour se mêler à la lutte ? Compliqué, sur le papier, de l'envisager viser autre chose que le bronze.
Le second, c'est l'équipe d'Espagne dans son ensemble. Peut-être la plus dense de toutes les sélections engagées. Du grimpeur, du puncher, du spécialiste de Grand Tour, mais une inconnue demeure encore : qui est le leader ? La logique voudrait Pello Bilbao, convaincant au Canada récemment, mais pour qui le doute demeure sur la montée, ou alors Juan Ayuso, dont on attend la confirmation, ou encore Alex Aranburu et Roger Adria, qui ont gagné de belles courses récemment, mais qui semblent tendres pour ce niveau de compétition.
Un flou qui entoure également l'équipe de France. En tant qu'ancien double champion du monde, Julian Alaphilippe est le leader logique sur le papier, mais Pavel Sivakov était performant sur la Vuelta, Romain Grégoire tape à la porte et David Gaudu a montré de belles choses au Luxembourg. De quoi rajouter une pincée de sel sur une course qui s'annonce monstrueuse, et qui promet de couronner un véritable champion. Préparez les confettis et le popcorn, les 7 heures de direct s'annoncent monstrueuses.
Les favoris de Flashscore France
5 étoiles : Tadej Pogacar
4 étoiles : Remco Evenepoel, Marc Hirschi
3 étoiles : Michael Matthews, Pello Bilbao, Julian Alaphilippe, Pavel Sivakov, Antonio Tiberi, Mathieu van der Poel, Matteo Jorgenson
2 étoiles : Jay Vine, Maxim Van Gils, Daniel Martinez, Juan Ayuso, Alex Aranburu, Stephen Williams, Tom Pidcock, Eddie Dunbar, Attila Valter, Diego Ulissi, Primoz Roglic
1 étoile : Michael Woods, Roger Adria, Wilco Keldermann, Tobias Johannessen, Finn Fischer-Black