Après le séisme, quelles répliques pour Evenepoel et le Tour d'Italie ?
C'est la stupeur qui régnait lundi matin lors de la première journée de repos sur le Giro. Certains coureurs dormaient déjà dimanche soir lorsque l'équipe Soudal-Quick Step a annoncé le forfait du champion du monde après un test positif, alors qu'il venait tout juste de remporter le deuxième contre-la-montre et reprendre le maillot rose de leader.
Ce séisme a un impact immédiat sur la course, dont il était le grand favori, mais aussi sur sa propre trajectoire pour la suite de la saison.
Quel avenir pour Evenepoel ?
Dans l'immédiat, le Flamand de 23 ans a pris la route lundi pour regagner la Belgique dans une voiture conduite par un membre de l'encadrement. La suite de son programme reste flou. Evenepoel avait axé tout son début de saison sur le Giro. Il a passé des semaines en altitude pour préparer cet objectif qui l'obsédait au point de considérer Liège-Bastogne-Liège, pourtant un Monument qui plus est dans son pays, comme un simple "test", sans que cela l'empêche de le gagner.
La priorité donnée au Giro avait aussi repoussé à 2024 sa découverte du Tour de France où il est très attendu. Son Giro avorté pourrait-il l'inciter à y aller dès cette année ? "On va prendre le temps de décompresser et décider dans quelques semaines" sur la suite de sa saison, a déclaré un porte-parole de l'équipe à la chaîne Sporza. Evenepoel voudra sans doute défendre son titre de champion du monde, le 6 août à Glasgow, et pourrait aussi être tenté de retourner sur la Vuelta dont il est le vainqueur sortant.
En attendant, il continue à marcher dans les pas de son illustre compatriote Eddy Merckx, auquel on le compare souvent pour sa précocité et sa voracité. Comme lui, Merckx avait dû quitter le Giro en 1969 alors qu'il portait le maillot rose, était âgé de 23 ans et comptait à son palmarès un grand Tour, deux Monuments et un titre de champion du monde. Le "Cannibale" avait également dû renoncer à cause d'un test positif, mais pour un stimulant lors d'un contrôle antidopage, qu'il a toujours contesté.
Roglic face aux Ineos
Orphelin de son grand rival, Primoz Roglic glisse mécaniquement dans la peau de favori du Giro. Le Slovène de la Jumbo-Visma, qui vise une première victoire en Italie, est désormais 2e au classement général, à deux secondes du Britannique Geraint Thomas (Ineos).
La suite du parcours, particulièrement escarpée, est à l'avantage de Roglic. À 33 ans, le triple vainqueur de la Vuelta a l'expérience et le coffre pour mener à bien sa quête. Mais il est bien placé pour connaître l'imprévisibilité du Giro, lui qui avait, comme Evenepoel cette année, remporté les deux premiers chronos en 2019 et compté plusieurs minutes d'avance au général avant de baisser pied et de terminer seulement 3e.
Et cette fois, il devra faire face à une équipe Ineos impressionnante qui compte pas moins de cinq coureurs dans les treize premiers au général (Thomas, Geoghegan Hart, Sivakov, Arensman, De Plus). De quoi élaborer des stratégies collectives propres à faire dérailler le Slovène, à l'image du travail de harcèlement de Jumbo-Visma face à Tadej Pogacar sur le dernier Tour de France.
Sous la menace du Covid
L'exemple Evenepoel illustre à quel point le Covid peut venir faire valser toutes les projections dans un sport par nature très aléatoire, marqué par les chutes et les incidents de course. Six coureurs ont déjà quitté le Giro cette année à cause d'un test positif et ce ne seront sans doute pas les derniers.
Rien n'oblige pourtant un coureur affecté par le coronavirus à renoncer puisque le protocole en vigueur au plus fort de l'épidémie a été abandonné. L'Espagnol Juan Ayuso avait ainsi terminé la dernière Vuelta alors qu'il avait le Covid, mais asymptomatique et avec une charge virale très faible.
La décision d'arrêter ou non un coureur est à la discrétion des équipes. Avec Evenepoel, la formation Soudal-Quick Step a décidé de prendre "zéro risque", selon les mots de son patron Patrick Lefevere. En particulier parce qu'on ne connaît pas encore tout des conséquences sur la santé si on fournit des efforts aussi extrêmes que ceux réclamés par le cyclisme en étant touché par le virus.