Cavendish en retrait, Groves ambitieux, Pedersen favori : qui sera le roi des sprinters au Giro ?
Quand on pense sprinter sur les Grands Tours, on pense Mark Cavendish. Pourquoi ? Parce qu'on parle du co-recordman de victoires d'étapes sur le Tour de France, qui en a de plus raflé 16 sur le Giro en carrière, avec un maillot cyclamen (celui du classement par points). Mais au crépuscule de sa carrière, on ignore si "The Man of Man" va résister à la concurrence.
Pour une raison évidente : Cavendish à 37 ans. Et son temps est compté. Son début de saison n'inspire guère à l'optimisme. Viré sans ménagement de la QuickStep, il a fini par trouver un point de chute chez Astana. Mais alors qu'il pouvait profiter de la science du placement de Michael Morkov l'an dernier, il doit se débrouiller tout seul cette fois. Et sans réussite pour l'instant.
Une troisième place sur la première étape de l'UAE Tour. Une troisième place au Grand Prix de l'Escaut. Et c'est tout. Beaucoup de courses anonymes. Un abandon dès la deuxième étape du Tour de Romandie. La fin pour le Cav ? On sait que son objectif est d'aller sur la Grande Boucle pour enfin battre le record d'Eddy Merckx. Mais il faudra montrer quelque chose ici, et notamment repousser la concurrence aux dents longues, même si peu nombreuse.
Les dents longues de Groves et Gaviria
Et en premier lieu Kaden Groves. Voilà un an, pas grand monde ne connaissait l'Australien. Mais quelques victoires au sprint devant des ténors de l'exercice lui ont permis de rapidement se faire un nom, notamment une sur la Vuelta. Cette saison, il a prouvé sa valeur en remportant deux étapes du Tour de Catalogne. Dont une après avoir crevé à 3 kilomètres de l'arrivée !
Ce qui prouve un point important ici : pas besoin d'un immense train pour réussir. Groves sera emmené par l'ancien poisson-pilote d'Arnaud Démare, le Néerlandais Ramon Sinkeldam. Mais pas certain que son équipe se mette à faire le tempo où à rouler derrière les échappés. Elle ne semble pas avoir les hommes pour ça.
Ce sera sans doute le cas également pour Fernando Gaviria. Lui aussi a déjà levé plusieurs fois les bras sur le Giro. Et sa forme ne fait aucun doute, quand on voit de quelle façon il a remporté la dernière étape du Tour de Romandie dimanche. S'il aura Max Kanter pour lui donner un coup de main, son équipe ne sera sans doute pas à sa disposition. Et c'est bien là sa principale faiblesse.
Pour le reste, rien de très emballant. Jonathan Milan et Andrea Pasqualon seront seul chez Bahraïn-Victorious, mais leur début de saison n'incite guère à l'optimisme. Davide Ballerini n'aura sans doute pas sa carte dans une Soudal-QuickStep totalement dévolue à Remco Evenepoel. Simone Consonni, Vincenzo Albanese (qui n'a que peu couru en 2023), Nicolo Bonifazio ou Alberto Dainese, bien que jouant à domicile, n'auront clairement pas le soutien de leur équipe, tout comme un autre glorieux ancien vainqueur du maillot cyclamen, Pascal Ackermann, peu performant en 2023.
Qui peut battre Mads Pedersen ?
Reste deux clients dont on connaît le potentiel. Le premier est sous-évalué. Michael Matthews n'est pas un sprinter pur, mais on sait de quelle pointe de vitesse dispose l'Australien. Déjà vainqueur dans l'exercice, il semble un client pour le maillot cyclamen de par sa constance, mais malgré tout, celà semble trop juste pour lutter épaule contre épaule.
Reste sans doute le grand favori : Mads Pedersen. La dernière Vuelta a confirmé que le Danois était clairement un coureur tout terrain. Trois victoires d'étape, quatre deuxièmes places et le classement par points. Certes, l'opposition n'était pas dense, mais il s'est tout de même payé des Tim Merlier ou Sam Bennett. Pas n'importe qui donc.
Et surtout, la forme est là : 13 jours de course en 2023, 7 fois le Top 10 ! Étincelant sur les classiques flandriennes, il aura sans doute un énorme avantage : une équipe dédiée à ses services. Hormis Bauke Mollema, tout le monde devrait rouler pour le Champion du monde 2019, qui a prouvé sa valeur à maintes reprises quand il s'agissait de récompenser le travail de ses coéquipiers.
Seulement, il reste une inconnue de taille : le nombre d'étapes que les grosses cuisses vont pouvoir disputer. Car le Giro compte trois contre-la-montre, et une multitude d'étapes escarpées. Cinq, peut-être six arrivées leur seront favorables, et seulement si une échappée ne profite pas du terrain et si les équipes de sprinters allient leur force.
Et dans ce cas, gare à la bousculade. Peu d'occasions, cela veut dire pression maximale. Cela veut dire risque de chutes élevé. Comme sur toutes les arrivées au sprint, dira-t-on. Sauf qu'il serait tellement désagréable de voir une légende comme Cavendish mettre un terme à sa saison (voire sa carrière ?) sur chute. Premier rendez-vous dimanche - peut-être - pour voir l'état des forces en présence. Mais chez les bookmakers, aucun doute : le grand favori du classement par points s'appelle Mads Pedersen. Pas pour autant qu'il sera le plus rapide, comme l'histoire l'a démontré maintes fois.