Tour d'Italie - Bienvenue en enfer : à l'assaut des cols de légende
Sur les six étapes restantes, quatre vont envoyer le peloton en haute altitude où les grands favoris vont pouvoir s'expliquer avant l'arrivée sur le plat dimanche à Rome. Trois journées s'annoncent particulièrement décisives, mardi vers Monte Bondone, vendredi à Tre Cime di Lavaredo et le contre-la-montre en côte samedi jusqu'au sanctuaire de Monte Lussari.
Monte Bondone, dans le repaire de l'Ange de la Montagne
Au lendemain de la journée de repos, les coureurs vont entrer direct dans le dur mardi avec cinq cols dont la montée finale, mythique, vers Monte Bondone, au-dessus de Trente.
L'ascension a été propulsée dans la légende dès sa première apparition en 1956 lorsque le Luxembourgeois Charly Gaul y renversa le Giro dans des conditions extrêmes.
Bravant une tempête de neige, l'Ange de la Montagne a effacé un débours de 16 minutes sur le maillot rose Pasquale Fornar, arrêté de force par son directeur sportif qui craignait pour sa santé.
A l'arrivée, Gaul a dû être littéralement arraché de son vélo et son maillot découpé au ciseau à cause du gel. Depuis, l'ascension est devenue un classique. Mardi les coureurs l'escaladeront pour la 14e fois, par le versant d'Aldeno, pas le plus raide (6,7% tout de même) mais très long (21,4 km).
Tre Cime di Lavaredo, sur les traces de Merckx
Si le Monte Bondone est la montagne de Gaul, les Tre Cime sont le fief d'Eddy Merckx. Emblème des Dolomites, ces trois doigts de roche pourrie sont au programme depuis 1967.
Dès l'année suivante, le Belge y forge sa légende naissante en attaquant sous la pluie qui se transforme rapidement en neige. Déchaîné, il reprend neuf minutes aux 16 échappés pour gagner quelques jours plus tard son premier grand Tour. Il qualifiera son envolée comme sa plus grande performance en montagne.
Mardi, le Giro passera pour la 8e fois aux Tre Cime qui sont devenus, à 2.304 m, le toit de cette 106e édition après le retrait du parcours du Grand-Saint-Bernard.
La pente (7,2 km à 7,6%) devient terrible dans les quatre derniers kilomètres, à 12%. Le Giro pourrait se jouer lors de cette étape royale qui comprend aussi le terrible Passo Giau (9,9 km à 9,3%) où Egan Bernal avait cimenté son succès dans le Giro en 2021.
Monte Lussari, une première vertigineuse
C'est la grande nouveauté de ce Giro 2023 et elle risque de faire causer : à la veille de l'arrivée à Rome, le contre-la-montre individuel de 18,6 km menant à Lussari servira d'ultime juge de paix.
Il y a quelques mois encore, la route menant du Ponte del Torrente Saisera au sanctuaire du XVIe siècle était un simple chemin muletier. Puis les autorités locales ont décidé de le bitumer et d'offrir au Giro un nouveau terrain de jeu.
Et il est vertigineux : avec une pente de 7,3 km à 12,1% de moyenne, le chemin étroit qui mène à la ligne d'arrivée à 1.790 m d'altitude, est proprement effrayant et punira en minutes toute défaillance.