Un an après sa consécration, Sepp Kuss pourrait ressortir de l'ombre sur la Vuelta

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La saison passée, la défunte Jumbo - Visma s'était présentée sur la Vuelta avec en figure de proue Primoz Roglic, vainqueur du Giro, et Jonas Vingegaard, qui venait de conserver sa couronne sur le Tour de France. Il n'était pas question de savoir si la formation néerlandaise allait remporter le Tour d'Espagne, mais plutôt de savoir qui allait soulever le trophée, provoquant de nombreux débats. 

Ô surprise, c'est un taiseux qui a été récompensé : Sepp Kuss. Le gregario ultime pour certains, qui venait de se farcir les deux précédents Grands Tours en tant que lieutenant n°1 de ses leaders, sans broncher, sans jamais rien demander. Mais quand il a pris la 6ᵉ étape en solitaire en haut de l'Observatoire de Javalembre, on pensait que ce serait sa récompense. 

Sauf que deux jours plus tard, il prenait le maillot amarillo, et la question commençait à se poser : allait-il le défendre devant ses deux leaders ? Il a forcé le respect de ses pairs en courant comme un candidat au titre, repoussant les dénégations externes de ceux qui le voyaient retourner larbiner, et poussant finalement son équipe à lui faire confiance, et les deux ténors à le soutenir pour qu'il rafle la mise devant eux. 

À l'époque, ce triplé (à la fois sur la Vuelta et sur les Grands Tours) a fait jaser, comme si la défaillance fatale de Remco Evenepoel en Espagne était due à la Jumbo. Depuis, Primoz Roglic est parti, Jonas Vingegaard n'a pu résister à Tadej Pogacar en France, et la désormais Visma - Lease a Bike n'a non seulement pas gagné de Grand Tour en 2024, mais n'est de plus pas au cœur de sa meilleure saison. 

Présent sur la Vuelta, Wout van Aert raflera sans doute son quota d'étapes. Mais celui qui va arriver en leader, c'est Sepp Kuss, et cette fois, c'est indiscutable, puisque Cian Uijtdebroeks est encore trop tendre. Mais cette fois encore, entre la présence de Roglic, favori logique en tant qu'ancien triple vainqueur, et l'armada UAE menée par João Almeida et Adam Yates (où là encore, on se demande qui sera le leader, mais c'est un autre sujet), est-il logique de ne pas considérer la candidature de l'Américain ?

En premier lieu, sa saison 2024 ne ressemble aucunement à la précédente. Mis au frais au Giro en vue du Tour, il a dû y renoncer pour cause de Covid. Une fraîcheur à son avantage ? Il a exploité cet état de fait en gagnant le Tour de Burgos récemment, mais il ne faut pas se cacher que la startlist était de faible niveau et qu'il n'y serait pas allé s'il avait disputé la Grande Boucle. 

Le fait d'arriver favori et de gagner peut-il néanmoins avoir un impact ? Il ne disait pas autre chose après son succès. "La victoire à Burgos m'a donné confiance. J'étais très content de remonter sur le vélo et de rouler avec les gars. Je sais que la Vuelta sera une toute autre histoire. Beaucoup de choses peuvent arriver, mais je me sens bien physiquement et mentalement."

Sur le papier, la Visma - Lease a Bike n'est pas la plus impressionnante. Mais tout de même. Avec Uijtdebroeks comme lieutenant, des fidèles pour rouler comme les éternels Robert Gesink et Steven Kruijswijk, ainsi que Edoardo Affini, Attila Valter et Dylan van Baarle, plus le soutien toujours précieux de Wout van Aert, la formation néerlandaise a comme souvent fière allure sur un Grand Tour. 

Quant au parcours, il n'est pas pour lui déplaire. Lui le grimpeur émérite aura droit à pas moins de 9 arrivées au sommet. Et moins de 40 km de contre-la-montre, ce n'est pas pour lui déplaire. Mais cette fois, pas question d'effet de surprise. Il est attendu au tournant, en tant que leader d'une des plus imposantes formations du peloton professionnel. 

Son seul avantage est qu'il n'est pas le favori, un rôle dévolu à Roglic. Ce qui veut dire que techniquement, il n'aura pas à supporter le poids de la course. Un statut d'outsider pour jouer de nouveau dans la cour des grands ? À 29 ans, il est toujours considéré comme un vainqueur de Grand Tour "circonstanciel" (comme Tao Geoghegan Hart par exemple). Un podium ici et nul doute que le costume de lieutenant deviendrait trop petit pour lui. 

D'ailleurs, Matteo Jorgenson s'est parfaitement comporté dans ce rôle lors du Tour de France, même si la victoire n'a pas été au bout. La place de n°2 de la section course à étapes de la Visma - Lease a Bike est donc à prendre, et en attendant Jorgenson, Uijtdebroeks où on ne sait qui, elle reviendra à Sepp Kuss si celui-ci se montre à la hauteur en Espagne. Y'a plus qu'a…