Paris-Roubaix : cinq choses à savoir sur l'Enfer du Nord
Pour éviter un nouveau jeu des quilles, les organisateurs ont installé pour cette 121e édition une chicane à l'approche de la trouée d'Arenberg, un secteur stratégique et redouté de la Reine des classiques, d'autant que les pavés risquent d'être terriblement glissants cette année après un hiver humide.
Van der Poel pour un sixième Monument
Déjà vainqueur de cinq Monuments, autant que Tadej Pogacar, le Néerlandais peut devenir le seul coureur en activité à compter six des cinq plus grandes classiques à son palmarès. Et il est le grandissime favori à sa propre succession après s'être imposé en solitaire sur le vélodrome de Roubaix en 2023.
S'il récidive, le leader d'Alpecin deviendra le premier coureur depuis Tom Boonen en 2009 à conserver son bien à Roubaix et le premier depuis Fabian Cancellara en 2013 à remporter Paris-Roubaix et le Tour des Flandres la même année.
"Gagner les Flandres était mon objectif principal cette année, maintenant tout le reste est du bonus, mais ce serait évidemment cool de regagner Roubaix", souligne le champion du monde en titre.
Des adversaires dans le flou
Si le petit-fils de Raymond Poulidor est autant favori, c'est aussi parce que ses adversaires ne sont pas au meilleur de leur forme ou carrément absents, comme Wout Van Aert, sur le flanc pour de longues semaines après sa chute dans A travers la Flandre.
Souvent cité comme le principal outsider, le Danois Mads Pedersen doit encore lever les doutes pour savoir s'il a complètement récupéré de cette même chute. Le Français Christophe Laporte, qui portera les ambitions de l'équipe Visma avec Dylan van Baarle, revient tout juste après une grippe intestinale et un problème à la selle.
L'Allemand Nils Politt ou le Suisse Stefan Küng ont la puissance pour briller sur les pavés. Mais c'est peut-être un coéquipier de Van der Poel qui représente la plus grande menace avec Jasper Philipsen, deuxième l'an dernier et vainqueur de Milan-Sanremo.
Un peloton traumatisé
L'actualité du cyclisme a énormément tourné autour des chutes quasi quotidiennes et souvent violentes ces dernières semaines. Wout Van Aert s'est cassé plusieurs os, voyant s'envoler son rêve de gagner enfin un Monument pavé.
L'effroi est monté d'un cran encore jeudi avec un crash terrible au Tour du Pays basque qui a emporté trois des favoris du Tour de France, Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel et Primoz Roglic, les deux premiers étant également victimes de fractures. Vendredi, Mikel Landa s'est à son tour brisé la clavicule.
Le débat est vif depuis pour trouver des solutions afin de mieux protéger les coureurs. Les vélos, de plus en plus rapides, sont montrés du doigt. Et les coureurs confient de plus en plus leur appréhension devant ces crashs à répétition.
La chicane au coeur des attentions
C'est dans ce contexte que les organisateurs d’ASO ont installé, à la demande du syndicat de coureurs CPA, une "chicane" avant la trouée d'Arenberg. Plutôt que d’aborder ce secteur pavé culte à 65 km/h après un tout-droit en faux-plat descendant, les coureurs vont contourner un îlot posé juste après un passage à niveau pour ralentir à environ 25 km/h.
Si la plupart des acteurs ont applaudi la décision, certains comme Mathieu van der Poel estiment qu'elle crée aussi du danger. La chicane est en effet une épingle très serrée et risque de se transformer en goulet d'étranglement.
Le directeur de la course, Thierry Gouvenou, reconnaît que la solution, trouvée dans l'urgence, n'est pas idéale et réfléchit à d'autres aménagements pour les prochaines éditions.
Des pavés glissants
Quelles que soient les conditions, Paris-Roubaix est la course la plus redoutée de l'année avec ses quelque six millions de pavés souvent rebelles. C'est encore plus vrai cette année puisqu'il y aura 55,7 km de pavés au programme, le plus grand total depuis trente dans.
Surtout, les 29 secteurs pavés sont "tous horribles", selon Marc Madiot qui estime que la course pourrait se décanter tôt. Après des mois de pluie, il y avait effectivement des flaques partout et énormément de boue samedi matin. Le temps chaud et venteux va permettre de sécher un peu la route, mais cela rend parfois les choses pire encore.
"L'entre-deux est le plus dangereux, lorsque les coureurs prennent de la vitesse sur des parties sèches avant d'arriver sur des parties humides qui agissent alors comme une plaque de verglas", prévient Thierry Gouvenou.
L'Enfer du nord risque de bien porter son nom cette année.