Il n'y a pas que Thibaut Pinot : Tony Gallopin met lui aussi fin à sa carrière, sur Paris-Tours
Dans l'ombre imposante de Thibaut Pinot, la retraite de Tony Gallopin passerait presque inaperçue. Pourtant, ce n'est pas le plus mauvais des coureurs français qui va dire stop. À 35 ans, le puncher va refermer le livre d'une carrière de qualité, à laquelle il manque toutefois le succès majeur qui l'aurait propulsé dans la caste des grands.
L'Essonnien a sans doute souffert d'un mal qui a frappé d'autres avant lui. Dans les années 2000, le cyclisme français est quelque peu moribond. Du coup, le moindre espoir est scruté avec attention. Alors, quand Gallopin rafle deux médailles de bronze aux Mondiaux juniors 2006, on est enthousiaste dans l'Hexagone. Un coureur capable de briller en contre-la-montre et sur une course typée classique, quoi de mieux ? L'histoire a pourtant montré depuis longtemps que des succès chez les juniors ne sont en aucun cas une garantie de faire carrière (Pierre-Henri Lecuisinier peut en témoigner).
Ses débuts, chez Auber-93 puis Cofidis, ne sont pas transcendants. Peu de victoires – même s'il gagne en 2011 le classement général de la Coupe de France, peu de réussite. Mais tout va changer en 2012, quand il fait le choix – toujours contestable à l'époque – de partir à l'étranger. Direction feu Radioschack (désormais Lidl-Trek), où il va retrouver son oncle Alain Gallopin, grand directeur sportif pendant près d'un quart de siècle. Mais il faut alors prouver qu'il n'est pas arrivé là par piston, car il rejoint une équipe puissante qui compte en son sein Andy Schleck ou Fabian Cancellara.
Ce qu'il va faire dès sa deuxième saison, en allant chercher la plus grande victoire de sa carrière : la Clasica San Sebastian. Une victoire obtenue avec la manière, en alignant tout le monde dans la dernière ascension, et quand on dit tout le monde, on parle d'Alejandro Valverde, Roman Kreuziger, ou encore Bauke Mollema. Du solide. Et, une victoire qui aurait dû changer sa carrière. 10 jours plus tard, il signe chez Lotto.
Et c'est au sein de la formation belge qu'il va finalement connaître une gloire éphémère. Car pour connaître la gloire en tant que Français, mieux vaut briller sur la Grande Boucle. Alors, il attaque, collectionne les places d'honneur, jusqu'à la 11ᵉ étape. Là, il va réaliser une superbe performance, attaquant sans cesse jusqu'à enfin s'isoler en tête.
C'est l'une des images de cette édition. Tony Gallopin, résistant jusqu'au bout aux sprinters lancés pleine balle pour lever les bras à Oyonnax, et prendre le maillot jaune en prime. Mais le retentissement est finalement faible. D'abord parce qu'il perdra la tunique dès le lendemain, mais aussi et surtout parce que cette année-là, Jean-Christophe Péraud et un certain Thibaut Pinot montent sur le podium, ce qui n'était plus arrivé pour un coureur français depuis 17 ans ! De quoi reléguer le puncher au second plan.
C'est toutefois un bon résumé de sa carrière. Il y en a eu, de belles victoires. Des étapes sur la Vuelta, sur Paris-Nice, un Grand Prix de Wallonie, mais surtout plus d'une quinzaine de deuxièmes places au niveau professionnel, encore très récemment au Circuit de Getxo. Monsieur presque.
On dramatise, bien évidemment, car il a été longtemps l'homme de base des sélections françaises, par exemple, mais dans une période de vaches maigres, malheureusement. Trop seul par moments, entouré par meilleur dans d'autres, il n'a jamais trouvé l'ouverture pour aller rafler un Mondial ou un Monument, ce qui l'aurait fait entrer dans la légende.
Mais il n'y a rien à regretter. Sa carrière est de grande qualité, et les suiveurs du cyclisme savent qui est Tony Gallopin. La gloire, c'est bien, mais avoir passé 15 ans dans un peloton de façon exemplaire, en ayant gagné, animé, tenté, c'est bien aussi. Sur Paris-Tours – qu'il a remporté chez les espoirs en 2008 –, il dira au revoir, et on lui dira merci.