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Fabian Cancellara, le dernier doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix venait de la Suisse

Sébastien Gente
Spartacus aimait les pavés.
Spartacus aimait les pavés.AFP
Mathieu van der Poel tentera dimanche le doublé Tour des Flandres - Paris-Roubaix, qui n'a plus été accompli depuis 2013, quand Fabian Cancellara accomplissait pour la deuxième fois de sa carrière un exploit indéniable sur ce qui restera son terrain de jeu préféré.

Le cyclisme s'internationalise depuis de nombreuses années. Pour preuve, sur Paris-Roubaix, 8 nationalités différentes ont triomphé au XXIe siècle, contre 9 entre 1896 et 1999. Une concurrence accrue qui rend difficile les rêves de victoire de chacun, et aussi ceux de doublé avec le Tour des Flandres. Encore plus pour un coureur suisse qui n'est pas sur ses terres de naissance.

Pourtant, un certain Fabian Cancellara a tordu le cou à ces idéaux, et pas qu'une fois. Pendant plus de dix ans, "Spartacus" a livré une quantité de duels de légende incroyable avec le favori du public local, "Tornado" aka Tom Boonen. Si le Belge jouait à domicile et a délivré le palmarès attendu sur ses terres d'entraînement, le Suisse, roi du contre-la-montre, a surpris en 2004 en terminant 4e de l'Enfer du Nord pour sa première participation (lors de la victoire d'un Suédois, mais c'est une autre histoire). Mais ce n'était que le début d'une grande aventure. 

Une horloge, une machine

Et cette aventure a fait de lui l'égal de son grand rival, qui a certes gagné un Paris-Roubaix de plus que lui, mais en terme d'impression, de domination, cette rivalité a ouvert une nouvelle ère, rappelant que les Flandres n'appartenaient pas qu'aux Flandriens, une maxime appuyée par le comportement du Suisse pendant plus de dix ans sur les pavés. 

Il n'est donc guère étonnant qu'il soit le dernier en date à avoir réalisé ce fameux doublé, obtenu par "seulement" dix coureurs dans l'histoire du printemps flandrien. Huit coureurs belges, bien sûr, et... deux Suisses, puisque ironie de l'histoire, Henri Suter avait été le premier à le réaliser en 1923, un temps que les moins de 100 ans ne peuvent pas connaître, avec les boyaux sur l'épaule et un coup de remontant dans les gourdes. 

Tour le contraire de Spartacus, une machine sur une machine, l'homme qui a fait entrer le contre-la-montre dans une nouvelle dimension. Calcul de performances, aérodynamisme, le tour réglé... comme une horloge, pardi. Mais comment un coureur aussi fort, aussi régulier, attaché aux détails, pouvait-il se conjuguer avec des courses flandriennes aussi imprévisibles et pavées de difficultés ? 

Ce n'est pas incompatible pour autant. Sa préparation devait être optimale, et il a toujours gagné quand il était en pleine possession de ses moyens. En 2009 par exemple, une chute à l'entraînement lui coute sa campagne flandrienne, qui sera totalement ratée. En 2012, il chute sur le Grand Prix E3 avant de se casser la clavicule en plein Ronde Van Vlaanderen. 

L'autre point important était sa pointe de vitesse qui, sans être ridicule, n'était pas une assurance tous risques en cas d'arrivée en petit comité. Sur ses six victoires lors de Monuments flandriens, deux seulement ont été acquises à la force du jarret en fin de course. Sans compter ce que cela lui a couté comme victoires, comme le Tour des Flandres 2011 derrière Nick Nuyens et Sylvain Chavanel par exemple, ou encore Paris-Roubaix 2008 pour un rare exemple d'explication au sprint avec Tom Boonen, tournant bien évidemment à l'avantage du Belge. 

Un sommet

Mais en 2013, il n'y avait aucun doute, la forme était là. Cancellara l'a prouvé d'entrée de jeu, d'abord en terminant 3e de Milan-San Remo, mais surtout en démarrant la semaine sainte par un grand numéro sur le Grand Prix E3, une échappée solitaire de 35 km sur les pavés, histoire de donner le ton et de rappeler que quand Spartacus dit qu'il vise les classiques de printemps, il vise les classiques de printemps. 

Et il va le prouver, d'abord sur le Tour des Flandres. Ce n'est pas pour rien si l'on dit que le Vieux-Quaremont est un juge de paix, puisqu'il est escaladé trois fois durant la course. La dernière est sans doute la plus dure, puisqu'il y a près de 250 km dans les pattes à ce moment-là, mais pas de problème pour le Suisse, qui a fait exploser tout le monde, seul un certain Peter Sagan restant accroché dans sa roue.

Après avoir repris Jurgen Roelandts, isolé en tête, Cancellara va littéralement flinguer ses deux rivaux dans le Paterberg, dont le sommet est situé à 13 km de l'arrivée. Flinguer est le mot juste, puisque en 13 km, le Suisse va tout simplement coller près d'une minute 30 à ses poursuivants, le tout en ayant passé la moitié de la longue ligne droite d'Audenarde à célébrer ! 

Il y a clairement match avec la performance qu'il va fournir 7 jours plus tard dans Paris-Roubaix. Une course comme toujours ouverte, incertaine, et de mouvement, qui va voir le Suisse se retrouver semble-t-il piégé à un troisième échelon de course. Forcé de se découvrir, Spartacus va tourner la manivelle, faire tout seul le jump du troisième au deuxième groupe.

Puis du deuxième au premier, bouchant tout seul un écart de près d'une minute avec en plus le sparadrap Zdenek Stybar dans sa roue (qui protégeait son coéquipier Stijn Vandenbergh, alors à l'avant avec Sep Vanmarcke). Alors oui, le scénario de course lui sera favorable, puisque les deux Omega Pharma-Quick Step vont malencontreusement chuter dans le final. Mais il n'aurait pas pu en profiter s'il n'avait pas fait ce numéro au préalable. 

Résultat, il ne lui restait plus que Sep Vanmarcke pour la gagne. Pas le plus lent, pas le plus rapide, mais après 250 bornes, il n'y a pas vraiment de vérité. Le duo nous offre alors un somptueux numéro de pistards, finalement remporté par Fabian Cancellara, d'un souffle certes, mais logiquement, lui l'animateur, le personnage central de cette course mythique qu'il gagne pour la troisième fois. 

Et en huit jours, le Suisse aura écrit l'histoire. Neuvième coureur à gagner trois fois Paris-Roubaix. Deuxième coureur à réaliser deux fois le doublé des Monuments flandriens (un an après... Tom Boonen), et surtout le dernier en date. C'était il y a 11 ans déjà, et depuis, certains s'en sont approchés, notamment Mathieu van der Poel, mais il a toujours manqué quelque chose. 

Le défi sera donc énorme pour le Néerlandais qui, au niveau du morphotype, de la préparation, n'a rien à voir avec l'Helvète, même si on retrouve des similarités au niveau de la façon de courir. "Poussez-vous, j'attaque", "50 km en solitaire, même pas peur", l'intrépidité et la supériorité physique de VDP ne sont pas sans rappeler Spartacus, pour toujours une légende des Flandres, lui le grand Suisse. 

VDP succèdera-t-il à Spartacus ?
VDP succèdera-t-il à Spartacus ?Flashscore
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