Sur le Tour des Flandres 2011, Sylvain Chavanel est passé proche de son plus grand succès
Louison Bobet en 1955, Jean Forestier en 1956 et Jacky Durand en 1992 : voilà les seuls Français qui ont remporté le Ronde van Vlaanderen. Ce qui fait peu pour une course majeure du calendrier, qui existe depuis 1913. Les Belges sont bien entendu dominateurs au palmarès. Mais en 2011, on est passé proche d'une quatrième victoire, et voici comment.
L'occasion de sa vie
En 2011, Sylvain Chavanel a 31 ans et il est dans la troisième des cinq saisons qu'il passera chez Quickstep. Il a pris la lumière principalement en 2008, quand il a remporté une étape du Tour de France en plus du trophée de la combativité. Quelques mois plus tôt, il avait raflé À Travers Les Flandres et la Flèche Brabançonne. Deux classiques flandriennes qui prouvaient son habileté sur ce terrain.
Il prendra d'ailleurs la 7e place de Paris-Roubaix 2009, entre autres choses. Mais en 2011, sa formation est en plein renouvellement. Cependant, il reste l'un des rois des flandriennes devant lui : Tom Boonen. "Tornado" a déjà gagné deux fois la course, et la regagnera l'année suivante. Il est logiquement le leader de la Quickstep pour cette course.
Seulement, et c'est pourtant rare sur Tour des Flandres, il y a des surprises. Boonen, Philippe Gilbert et Fabian Cancellara, tenant du titre, sont les favoris logiques. Du coup, voir Chavanel placer une mine dans le Vieux-Quaremont à 85 km de l'arrivéen'a rien d'étonnant. On imagine qu'il prépare le terrain pour son leader.
Il est rejoint par quelques autres coureurs, mais en remet une dans le Molenberg, à 50 km de l'arrivée. Chavanel est fort, très fort, et son avance sur le peloton va frôler la minute. C'est alors que se produit l'impensable. Tom Boonen plante une banderille, alors que son coéquipier est en tête. Pourquoi ?
Bien évidemment, Cancellara lui emboîte le pas. Et clairement, "Spartacus" est plus fort que son grand rival. Il va le déposer et rejoindre Chavanel. Qui bien entendu, ne collabore pas avec le Suisse. Ce qui permet à plusieurs coureurs de revenir sur la tête de la course, dont Gilbert - qui tentera sa chance dans le Bosberg - et Boonen.
À ce moment-là, la Quickstep est supposée être en position de force. Deux coureurs très forts sur la dizaine qui composent le groupe de tête. De quoi mettre en place une vraie stratégie. Mais au lieu de ça, les deux compères vont subir les assauts adverses, et perdre une énergie précieuse.
C'est finalement une attaque de Cancellara à 4 kilomètres de l'arrivée qui va décider du sort de la course. Chavanel saute dans sa roue, seulement flanqué de Nick Nuyens. Un client, puisqu'il vient de remporter À Travers La Flandre quelques jours auparavant. Mais dans une arrivée en petit comité, Chavanel est redoutable.
Mieux encore, il aborde ce sprint final en dernière position. Impossible donc de se faire surprendre par une attaque de l'arrière - attaque qui viendra de Boonen qui viendra mourir au pied du podium. Mais c'est celle de devant qui va le surprendre.
Nick Nuyens place sa banderille au bon moment, double Cancellara et résiste au retour du Français. Le Belge rafle le plus grand succès de sa carrière, ce qui aurait dû arriver au Français. Quand un coureur aborde un sprint final en dernière position, on s'attend à ce que ledit coureur "en mette une". Et Chavanel avait les jambes. Sans doute s'apprêtait-il à la mettre quand Nuyens a démarré. Sans doute que ce Tour des Flandres s'est joué en une demi-seconde. Ce n'est pas pour rien que le Belge était surnommé "le Sniper"...
Cette demi-seconde a coûté à Sylvain Chavanel un Monument. Et plus jamais il ne passera aussi près. Il continuera à gagner, à faire de belles places. Son palmarès est exemplaire, et il est sans aucun doute l'un des plus grands coureurs français du XXIe siècle. Mais dieu que sa carrière serait différente s'il avait ce Tour des Flandres au palmarès.