À 32 ans, Romain Bardet est-il encore capable de briller sur le Tour de France ?
Indéniablement, Romain Bardet est l'un des meilleurs coureurs français du XXIe siècle. Deux podiums sur le Tour de France, ça classe un bonhomme. Le problème, c'est qu'il appartient à cette caste de coureurs qui sont toujours là, mais qui gagnent peu. Et, son palmarès s'en ressent.
Beaucoup de très belles places d'honneur, mais peu de victoires. Il y avait toujours plus fort, ou plus malin, ou mieux entouré, ou alors l'Auvergnat a joué de malchance. Le voilà prêt pour un dixième Tour de France, sous les couleurs de la DSM. Mais pour quelles ambitions ?
Quand on regarde la liste des engagés, instinctivement, on pense : "Top 10, ce serait un bon résultat". Sur le papier, c'est d'une logique implacable. Bardet a disputé trois courses par étapes d'une semaine cette saison. Résultat : 7e de Paris-Nice, 7e du Tour de Romandie, et 5e du Tour de Suisse où il a montré une belle condition.
Quand DSM a réussi à faire quitter AG2R à l'Auvergnat en 2021, ils savaient ce qu'ils récupéraient : un coureur ultra-régulier au très haut niveau. Romain Bardet, c'est six Top 10 en 9 participations à la Grande Boucle, un seul abandon, et une 15e place pour plus mauvais résultat.
Seulement, il a toujours manqué quelque chose pour aller plus haut. Et, cette fois, c'est son équipe qui pourrait lui manquer. DSM va être partagée entre un Top 10 pour lui et une étape au sprint pour Sam Welsford. Il pourra compter sur Christopher Hamilton pour l'accompagner en montagne, mais c'est à peu près tout.
C'est pour ça que l'on peut s'interroger sur la conduite à tenir pour lui. Comme expliqué, il a collectionné les Top 10. Si l'on met de côté sa première participation, c'est en 2019 qu'il connait son moins bon classement, une 15e place. Mais, pour une raison simple : cette année-là, il est allé chercher le maillot à pois au détriment du général. Est-ce que cela ne vaudrait pas le coup de recommencer ?
Parce que sur le papier, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar semblent réellement une jambe au-dessus de tout le monde. Dans le meilleur des cas (si l'on excepte bien entendu une chute ou un abandon des deux favoris), Bardet peut viser au mieux la 3e place.
Le problème, c'est qu'il n'est pas le seul à postuler. Ben O'Connor, Jai Hindley, Simon Yates, Mikel Landa, Pello Bilbao, Richard Carapaz, David Gaudu, Carlos Rodriguez, Daniel Felipe Martinez, Enric Mas, Mattias Skjelmose Jensen, la liste est longue et tout le monde a des arguments.
Le profil avantageux peut le favoriser, mais ce dont on a peur, c'est qu'il subisse la course. Qu'il n'ose pas et tente de suivre les meilleurs pour assurer tranquillement un Top 10. Cela peut se comprendre, tout le monde a peur des deux monstres sus-cités. Qui plus est, il faut assurer un résultat minimum pour le sponsor.
Mais à 32 ans, n'aurait-il pas intérêt à prendre des risques ? Romain Bardet n'a plus besoin de construire sa carrière, elle est déjà faite. Un Top 10 de plus, quel intérêt ? Qu'il termine 8e ou 13e, quelle différence cela fera-t-il dans les livres d'histoire ? Alors que tout tenter pour aller chercher un 3e podium – une performance plus vue pour un Français depuis Laurent Fignon en 1989 - ne serait-il pas plus glorieux ? Réponse dans trois semaines.