C'est sans doute la dernière chance pour Primoz Roglic de gagner le Tour de France
L'histoire de Primoz Roglic avec le Tour de France est contrastée. On parle là d'un des meilleurs coureurs de Grands Tours de ces dernières années, 3 Vuelta et un Giro au compteur. Mais dans l'Hexagone, le Slovène a vécu un concert de désillusions ces dernières années, sous les couleurs de feu la Jumbo.
En 2018, quand il perd sa place sur le podium au dernier contre-la-montre – triste prémonition, triste quand on revient bien sûr sur l'édition 2020, que l'on pensait gagnée et ficelée jusqu'au dernier exercice solitaire, quand il a craqué à La Planche des Belles Filles, et laissé la victoire à un certain Tadej Pogacar.
Depuis ? La malchance s'en est mêlée, avec deux abandons consécutifs en 2021 et 2022, des chutes à gogo et l'émergence au sein de sa propre écurie d'un certain Jonas Vingegaard, double tenant du titre. Une collection de mésaventures qui ont provoqué son absence de la dernière édition pour préférer l'Italie, et surtout, son départ que l'on pensait inenvisageable à la fin de la dernière saison.
Direction l'équipe allemande Bora-hansgrohe, dont on savait déjà qu'elle allait recevoir à terme le parrainage de Red Bull – parrainage qui commencera sur cette édition du Tour. Objectif pour la firme au taureau : devenir un réel mastodonte du peloton. La première étape de ce plan est en cours de réussite, puisqu'elle a préparé le présent avant l'avenir en recrutant un quadruple vainqueur de Grand Tour pour mener les débats ce mois de juillet.
Mais si Red Bull peut se permettre de ne pas gagner la Grande Boucle cette année, ce n'est pas le cas de Primoz Roglic. À 34 ans, le Slovène est plus proche de la fin que du début, une lapalissade, mais pas tant que ça. Il est réellement arrivé à maturité et a gagné son premier Grand Tour juste avant ses 30 ans – l'inconvénient d'avoir basculé tard sur le vélo. Son prime physique commence à se terminer, on l'a vu sur le Dauphiné notamment, et ce n'est qu'une course d'une semaine.
Mais surtout, Bora n'a pas lésiné sur les moyens pour l'entourer sur la Grande Boucle. Le vainqueur du Giro 2022 Jai Hindley sera son premier lieutenant, un luxe énorme. Et Aleksandr Vlasov, 5ᵉ du Tour en 2022 en prime. Deux coureurs à qui on pourrait donner leur chance pour un podium, deux équipiers cette fois. Beaucoup de coureurs de devoir en prime pour une équipe forte et prête à emmener son leader le plus loin possible.
Ce n'est pas l'équipe la plus forte du Tour de France cette année. La UAE Team Emirates de Tadej Pogacar a bien plus en stock. Mais c'est un signe fort envoyé à un coureur que beaucoup ont entouré après ses échecs sur la Grande Boucle. Seulement, ce pourrait être sa seule chance. Et il a des arguments.
L'équipe axée autour de lui, on en a parlé. L'expérience de la gestion d'une course de trois semaines, oui, puisque ses quatre Grands Tours parlent pour lui. Le parcours ? Pas de quoi lui faire peur, de la montagne certes, mais beaucoup d'arrivées punchy pour exprimer ses qualités de finisseur, prendre des bonifications et mettre la pression sur les adversaires.
Reste la forme actuelle. Intrinsèquement, il est moins fort qu'un Pogacar ou qu'un Vingegaard. Ce qui le pousse sans doute à être un meilleur gestionnaire, son sens tactique semblant s'être aiguisé au fil des années. Mais il y a un paramètre à ne pas négliger : la pression. Pas celle de son équipe, qui ne fait que débuter son projet, mais la pression globale de le voir enfin couronné.
C'est bien simple : depuis 2019, personne n'a remporté autant de Grands Tours que Primoz Roglic. Et son palmarès est également riche de pas moins de 11 course World Tour par étapes, ainsi que d'un monument – le fameux Liège-Bastogne-Liège de 2020. Une victoire sur le Tour et il pourrait presque prendre sa retraite. Le Slovène joue très gros en termes de réputation sur ces trois semaines : il est déjà un immense coureur, il pourrait devenir une légende.