D'un souffle, Matej Mohoric prive Kasper Asgreen du doublé et s'offre la 19e étape
On n'imaginait qu'un seul scénario pour cette antépénultième étape du Tour de France : une échappée allant au bout, peu importe la taille. Le parcours jurassien escarpé se prêtait à merveille à une fuite, et les équipes de sprinters visaient probablement plus la fameuse arrivée sur les Champs-Élysées.
Ainsi, et comme souvent sur cette édition, le début d'étape a été animé, avec moultes tentatives de sortie. Mais cette échappée a été longue à se dessiner. Car le rythme a été intense pendant la première heure de course, créant une scission dans le peloton. Après 60 kilomètres de bagarre, enfin, un groupe s'est créé, et il était royal.
Tiesj Benoot (Jumbo-Visma), Matteo Trentin (UAE Emirates), Jack Haig (Bahrain-Victorious), Victor Campenaerts (Lotto-Dstny), Nils Politt (Bora-Hansgröhe), Mads Pedersen (Lidl-Trek), Georg Zimmermann (Intermarché-Circus-Wanty), et côté français, Warren Barguil (Arkéa-Samsic) et Julian Alaphilippe (Soudal-QuickStep). Du baroudeur de compétition, du grand coureur de classiques, la victoire était pour un de ces neuf-là. Du moins en théorie.
Mais le peloton a refusé de lâcher, maintenant l'écart autour de la minute, avec les Uno-X et les Israel-PremierTech, absents de l'échappée, en figure de proue. Devant, les fuyards ont perdu Nils Politt, victime d'un bris de chaîne et qui a dû laisser partir ses compères. Ce qui a désorganisé l'échappée, l'écart se réduisant petit à petit. Au moment du sprint intermédiaire, le peloton s'est à nouveau scindé en deux et un nouveau groupe de 36 coureurs s'est formé en tête.
Beaucoup de grands noms, de coureurs rapides comme le maillot vert Jasper Philipsen et Mathieu van der Poel (Alpecin Deceuninck), Dylan Groenewegen (Jayco-AlUla) et Christophe Laporte (Jumbo-Visma) entre autres. Mais il apparaissait évident que cette attelage ne pourrait aller jusqu'au bout sous cette forme.
Très vite, Campenaerts est ressorti en compagnie de Simon Clarke (Israel-PremierTech). Les Uno-X, à quatre dans le groupe de tête, ont fait le travail pour garder en laisse le duo. Clarke, terrassé par les crampes, a laissé Campenaerts faire un numéro seul. La Côte d'Ivory, à moins de 30 km de l'arrivée, devait créer une réelle sélection. Et c'est là que Matej Mohoric (Bahrain-Victorious), Ben O'Connor (AG2R-Citroën) et le vainqueur de la veille, Kasper Asgreen (Soudal-QuickStep) se sont isolés à l'avant.
Ce trio n'a pas créé un écart définitif, et les attaques se sont multipliées derrière. Mais tout était bien trop désordonné, et même si un groupe d'une dizaine a fini par se former en contre, il ne parvenait pas à faire la jonction, et les trois de tête semblaient partis pour se jouer la victoire. Et c'est exactement ce qu'il s'est passé.
Ben O'Connor a tenté sa chance à 400 mètres de l'arrivée, mais il était intrinsèquement moins rapide que les deux autres. Au finish, après un sprint de costauds, Matej Mohoric est venu coiffer de justesse Kasper Asgreen, si proche du doublé, sur la ligne. Le Slovène rafle la troisième victoire d'étape de sa formation sur ce Tour. Place désormais à l'Alsace demain pour le dernier grand-rendez-vous avant les Champs.