Hier, le Tour de France avait débuté sur les chapeaux de roue avec une première étape de feu, magnifiée par la victoire de Romain Bardet à Rimini. L'Auvergnat était donc en jaune pour la première fois de sa carrière, en espérant que ce ne soit pas la dernière. Le final en circuit à Bologne pouvait laisser envisager une explication entre sprinters. Mais ce qui n'était pas attendu, c'est que le peloton laisse partir aussi facilement l'échappée du jour.
Ainsi, dès les premiers kilomètres, Hugo Houle (Israel - Premier Tech), Nelson Oliveira (Movistar Team), Cristián Rodríguez (Arkéa - B&B Hotels ), Mike Teunissen (Intermarché - Wanty), Bram Welten (Team dsm-firmenich PostNL), Harold Tejada (Astana Qazaqstan Team), et le maillot à pois Jonas Abrahamsen (Uno-X Mobility) ont pris la poudre d'escampette avec quatre Français : Quentin Pacher (Groupama - FDJ), Axel Laurance (Alpecin - Deceuninck), Kévin Vauquelin (Arkéa - B&B Hotels) et Jordan Jegat (TotalEnergies).
Partis en chasse-patates, Michael Matthews (Team Jayco AlUla) et Brent Van Moer (Lotto Dstny) ont finalement renoncé et réintégré la tête basse le peloton, qui laissait jusqu'à 8 minutes de marge aux échappés. Suffisant pour jouer la victoire ? Rapidement, Welten était lâché et les dix de tête faisaient assez peur pour que le peloton finisse par enclencher, ce qui emmenait son lot de chutes, avec commes victimes de marque Laurens de Plus (INEOS-Greanadiers), mais surtout Matteo Jorgenson et Wout Van Aert (Team Visma | Lease a Bike), heureusement sans trop de gravité.
Au final, le peloton rendait rapidement les armes, et l'échappée semblait vouée à se jouer la victoire, aucun coureur n'étant à moins de 15 minutes au général, le maillot jaune n'était pas menacé. Les dix ménageaient alors leurs forces, laissant Abrahamsen collecter les points de la montagne. Néanmoins, l'écart était repassé sous les 5 minutes à 36 km du terme, lors du premier des trois passages sur la ligne d'arrivée.
La première des deux ascensions de la Côte de San Luca (1,9 km à 10,6 %) promettait un écrémage. Axel Laurance plaçait une énorme mine, certains semblaient sur le point de craquer, mais le regroupement avait lieu dans la descente alors que le peloton se rapprochait de plus en plus. Sur le plat, un trio se détachait avec Abrahamsen, Oliveira et Vauquelin, qui avait pris 15 secondes d'avance à la cloche.
Mais la deuxième ascension devait créer la décision. Vauquelin produisait rapidement son effort, larguait ses deux compères, mais encore fallait-il tenir toute la montée. Le Français produisait une superbe impression, et creusait un écart monumental : 45 secondes au sommet ! Il fallait tenir sur les 13 derniers kilomètres, mais le Français en était capable.
Derrière, les affaires s'animaient dans le peloton, et après avoir été emmené par Adam Yates, Tadej Pogacar plantait une banderille à laquelle seul Jonas Vingegaard était en mesure de répondre. Une attaque qui semblait condamner Romain Bardet, incapable comme les autres de tenir le rythme, et qui s'apprêtait donc à céder son maillot jaune, qui allait échouer sur les épaules du Slovène.
Devant, Kévin Vauquelin gérait en patron et, à 23 ans, allait remporter son plus grand succès en carrière à Bologne, après avoir échoué de peu en prenant la 2e place de la Flèche Wallonne en avril. Le tout en ayant été indiscutablement le plus fort aujourd'hui. C'est également le premier pour sa formation Arkéa - B&B Hotels, qui n'avait jamais réussi à en claquer une sur le Tour de France. Jusqu'à aujourd'hui. Deux victoires en deux jours, même si Bardet a lâché le maillot, le Tour commence en fanfare pour un cyclisme français décidément en plein renouveau.
