D'un battement d'aile de papillon à Haïfa au marasme de Munich
Ce 2 novembre 2022, quand Álex Grimaldo marque pour Benfica le but du 3-1 sur la pelouse du Maccabi Haïfa, Nuno Mendes marque celui du 2-1 pour le PSG sur la pelouse de la Juventus. Il reste une vingtaine de minutes à jouer sur les deux terrains, les positions semblent figées dans ce groupe H de la Ligue des Champions : PSG 1er, Benfica 2e. L'égalité est quasi-parfaite : même nombre de points, égalité lors des confrontations directes, même nombre de buts encaissés. À la différence de buts, il faudrait que les Portugais marquent trois fois pour égaler les 16 réalisations parisiennes et passer devant au nombre de buts inscrits à l'extérieur. Ce n'est jamais arrivé dans toute l'histoire de la C1.
Alors les Parisiens sont dans la gestion quand les Encarnados, eux, y vont à fond. 73e minute : Rafa Silva donne 3 buts d'avance au SLB. 88e : Henrique Araujo marque le but du 5-1. Il manque un but pour que le classement s'inverse. Benfica le sait mais, manifestement, ce n'est pas le cas du PSG. Joao Mario trouve la faille à la 92e minute : les Aigles basculent en tête. L'information arrive à Turin avec un léger décalage horaire et Christophe Galtier exhorte ses joueurs à partir à l'abordage. Peine veine. Ainsi a basculé toute la saison du champion de France, toujours très créatif en la matière.
Terminer 1er, c'est être protégé en 1/8 avec le match retour à domicile, même si la fin du but à l'extérieur a atténué cet avantage. C'est aussi la possibilité de tomber sur un rival de moindre envergure. Benfica est tombé sur Bruges, le PSG sur le Bayern. Et alors que le club belge a viré son entraîneur, dégringolé au classement et proposé des contenus bien loin de ses standards de début de saison, le club bavarois, lui, a repris ses bonnes habitudes, sans être irrésistible mais sûr de ses forces. Pour battre le PSG, c'est suffisant.
Défausse commune
Ce but de Joao Mario est révélateur sur l'absence de professionnalisme du PSG. Ce manque d'implication se répercute à tous les niveaux. Recrutement, salaires, prolongations : tout est à revoir. Encore. Le PSG s'est saigné pour prolonger Kylian Mbappé qui, même s'il s'est toujours défendu d'agir en directeur sportif de l'ombre, a clairement poussé pour la venue de Luis Campos, le seul responsable d'un club de cette envergure à partager son temps avec un autre d'une toute autre dimension, le Celta en l'espèce. Le refus de Zinedine Zidane de rejoindre la capitale a provoqué un plan B inéluctable : Campos a fait venir Christophe Galtier, novice dans ce domaine de gestion humaine en dépit d'un palmarès très enviable.
Effectif mal proportionné, finances "piégées" par le pont d'or réservé à Mbappé qui s'est ajouté aux salaires de Gigio Donnarumma, Sergio Ramos, Neymar et Lionel Messi, recrutement sans planification sportive viable, absence de leaders : le PSG a tout faux, depuis des années, mais continue gaiement sur cette pente, conforté par la "famille" du football français, bien content d'avoir une figure de proue médiatique et économique pour sauver -un peu- l'indice UEFA et sortir les clubs de la panade après la crise Covid.
Mbappé, un bien pour un mal ?
Saison après saison, l'ensemble reste bancal et pour que le PSG avance en Ligue des Champions, il faut un Final 8 exceptionnel avec deux clubs novices en 1/4 et 1/2. Pour atteindre le dernier carré en 2021, précisément contre le Bayern, il a fallu une bourde énorme de Manuel Neuer d'entrée de jeu dans un stade vide et l'absence sur blessure de Robert Lewandowski. Cette fois, le PSG est tombé contre une équipe qui a titularisé en attaque Éric Choupo-Moting et Thomas Müller. Cela pourrait prêter à sourire mais leur implication a été totale, dans le pressing et aussi pour marquer.
Rien à voir avec le travail collectif parisien qui, à la manière d'un élève qui a mal appris sa leçon, a tout mis dans l'introduction de sa copie et n'avait plus rien à dire ensuite. Il était très attendu : il a été invisible. Les 20 bonnes minutes de Mbappé à l'aller ont donné beaucoup trop d'optimisme. Incapable de changer de registre, de réussir un dribble ou un contrôle dans le sens du jeu, de gagner un duel, de récupérer ou intercepter le moindre ballon, il n'a pas non plus été capable de remobiliser ses coéquipiers alors qu'il avait le brassard de capitaine depuis la sortie de Marquinhos. Il n'est pas le seul à être passé à côté, loin de là, mais dans l'influence sur et hors du terrain, dans les statistiques et les émoluments, son statut, qu'il revendique au demeurant, l'oblige à se comporter comme le patron.
Le regretté Gianluca Vialli disait : "quand le jeu devient dur, les durs deviennent bons". Une maxime que devrait contempler le PSG, histoire qu'un simple battement d'aile de papillon arrête de provoquer des tempêtes.