De nouveau en 1/8 de finale, la Suisse veut briser son plafond de verre au Mondial
Depuis 2006, la Suisse est toujours au rendez-vous de la Coupe du Monde. La Nati a acquis la réputation d'une équipe difficile à manoeuvrer, un poil à gratter difficile à battre. En 2006, elle avait tenu tête à une Equipe de France qui était encore loin d'envisager une finale (0-0). Quatre ans plus tard, elle avait réaliser un braquage contre l'Espagne championne d'Europe en titre (1-0), sans parvenir à sortir de son groupe. Une exception depuis le retour de la Suisse sur le devant de la scène. 2006, 2014, 2018 et 2022 : la Nati est au rendez-vous de la phase éliminatoire... mais jamais à celui des 1/4 de finale. Une disette qui dure depuis... 1938. Une autre époque, avec un système à élimination directe et un match d'appui remporté contre l'Allemagne (1-1 puis 4-2).
Souvent au rendez-vous des 1/8, pas des 1/4
Après un creux de 1966 à 1994, la Suisse est revenue sur le devant de la scène avec la génération des Marco Pascolo, Alain Sutter, Ciriaco Sforza, Marco Grassi et Stéphane Chapuisat. A l'époque du Mondial américain, la Coupe du Monde concernait 24 équipes. Entraînée par l'Anglais Roy Hodgson, la Nati avait terminé 2e d'un groupe comprenant l'amphitryon US, la Colombie et la Roumanie. En 1/8 de finale, elle avait été éliminée par l'Espagne (3-0).
Douze ans plus tard, la Suisse fait son retour, avec notamment Hakan Yakin, le frère du sélectionneur actuel. Après le nul contre les Bleus, deux victoires contre le Togo (2-0) et la Corée du Sud (2-0), la voilà première de son groupe et un 1/8 de finale abordable contre l'Ukraine. Au terme d'un match nul (0-0) et d'une séance de tirs au but surréaliste débutée par un échec d'Andreï Chevchenko et ponctuée par 3 loupés suisses consécutifs (3-0), la Nati a manqué le coche une première fois.
De retour à ce niveau de la compétition en 2014, cette fois-ci après avoir terminé derrière la France dans la phase de groupes, la Suisse mène la vie dure à l'Argentine mais cède à la 118e minute sur un but d'Ángel dí María (1-0). En 2018, après avoir tenu le Brésil en échec d'emblée (1-1) démontrant une nouvelle fois sa grande qualité collective, la Suisse tombe sur la plus petite des marges contre la Suède (1-0).
La meilleure Nati de l'Histoire
Cette année, c'est le Portugal qui fait figure d'obstacle. Un adversaire coriace au jeu plaisant, avec des stars comme Bruno Fernandes, Bernardo Silva et Joao Félix qui entourent les crépusculaires Pepe et Cristiano Ronaldo.
Or cette génération suisse ne nourrit aucun complexe d'infériorité. Car c'est assurément le Mondial de la maturité pour Granit Xhaka, Haris Seferovic et Ricardo Rodriguez qui ont remporté le Mondial U17 en 2009 après avoir notamment battu le Brésil de Neymar, Casemiro et Philippe Coutinho (1-0) en groupe et l'Allemagne de Mario Götze en 1/8. Un succès qui a démontré que le travail réalisé était à la hauteur de la concurrence mondiale.
Et les choses ont peut-être basculé l'an dernier. Car à l'Euro, au terme d'un match complèment fou, la Suisse a remonté 2 buts contre la France avant de l'emporter aux tirs au but (3-3, 5 t.a.b. à 4), 5 ans après avoir buté contre la Pologne en 1/8 et aux tirs au but (0-0, 5 t.a.b. à 4). Le dernier carré était accessible mais le retour sur le point de penalty a été fatal contre l'Espagne (1-1, 3 t.a.b à 1). Mais au-delà du cruel dénouement, cette participation à un 1/4 de finale, même européen, a constitué une forme de déclic pour l'équipe désormais entraînée par Murat Yakin. La succession de techniciens réputés comme Ottmar Hitzfeld et Vladimir Petkovic a permis à la Nati de monter en puissance et de croire en ses aptitudes. Emmenée par Shaqiri, Xhaka et le Monégasque Breel Embolo, elle peut renverser la table contre un outsider déclaré à la victoire finale.
Avec deux victoires contre le Cameroun (1-0) et la Serbie (3-2) entrecoupées d'un revers subi en fin de match contre le Brésil (1-0), la Nati avance sans faire de bruit, sans impressionner mais en sachant où elle va. Même si un sondage réalisé en ligne par le quotidien Le Matin montre que 32% des votants considèrent la marche trop haute une nouvelle fois, 28% voient la Suisse au moins atteindre le tour suivant. La preuve que, même si elle n'est pas encore considérée comme une nation majeure, la Suisse s'impose petit à petit comme un client à ne pas sous-estimer. Capable de faire déjouer son adversaire et proposer un contenu cohérent, la Nati est à l'aube d'un exploit qui, s'il se réalisait, n'en serait finalement pas un.