De retour avec Patrick Mouratoglou, Holger Rune parviendra-t-il à retrouver de la stabilité ?
Qu'est-ce qui ne va pas pour Holger Rune ? Depuis sa finale à Brisbane, perdue contre Grigor Dimitrov, lors du premier tournoi de la saison, le Danois n'est plus que l'ombre du joueur qui remporta le Masters 1000 de Bercy en novembre 2022.
En termes de résultats, cela donne une défaite au 2ᵉ tour de l'Open d'Australie contre Arthur Cazaux, un abandon en demi-finale de l'ATP 250 de Montpellier contre Borna Coric et une élimination au 2ᵉ tour de l'ATP 500 de Rotterdam contre Alexander Shevchenko qu'il avait battu à Brisbane.
Luthi, fausse bonne idée de part et d'autre
Mais au-delà de ce début 2024 très décevant, c'est la marge de progression de Rune qui inquiète. En l'espèce de quelques semaines, il a annoncé travailler avec Severin Luthi, rien de moins que l'homme qui a façonné Roger Federer, puis entamé une collaboration avec Boris Becker. Mais de tandem a fait long feu : l'un après l'autre, ils ont annoncé la fin de leur mission.
Dès lors, se pose la question de la stabilité relationnelle du garçon de 20 ans, 4ᵉ mondial en août et désormais 7ᵉ. La figure tutélaire d'Anneke, sa mère, est au centre des interrogations. Quelques jours après que Becker a rendu son tablier début février, elle a évoqué la fin de parcours avec Luthi dans le Craig Shapiro Tennis Podcast : "peut-être étions-nous un peu naïfs, un peu obsédés par Roger et ses 20 tournois du Grand Chelem. Il est clair qu'on a été naïf".
Car avant de penser à empiler les Majeurs, encore faut-il commencer par en gagner un. Mais le travail de Luthi a, semble-t-il, rapidement été remis en cause par Rune et son entourage. "Ce n'était pas le moment pour introduire de nouvelles choses car il est plus nerveux en Grand Chelem", a constaté Anneke. L'aide de "Boom-Boom" n'a duré guère plus, officiellement pour des problèmes d'agenda. Mais forcément, c'est le caractère de Rune et son entourage qui sont remis en question.
Mouratoglou, solution par défaut ?
Surdoué, aussi enthousiasmant qu'horripilant, le Danois recule dans la hiérarchie et après l'avènement de Carlos Alcaraz, c'est au tour de Jannik Sinner de s'inviter dans la cour des grands, au terme d'un processus qui a duré plusieurs mois et qui a aussi bien concerné son jeu que son mental. À mesure de ses changements de structure, Rune perd non seulement du temps, mais se bâtit aussi l'image d'un joueur ingérable, incapable d'assimiler de nouvelles routines et se contentant de jouer sur son talent.
Alors mercredi, il a annoncé son retour au sein du giron Mouratoglou. Avec le Français, d'octobre 2022 à août 2023, Rune a remporté le Masters 1000 de Bercy contre Novak Djokovic et l'ATP 250 de Stockholm, en plus d'avoir été finaliste à Rome et Monte-Carlo et atteint la 4ᵉ place mondiale. "Je suis ravi de reprendre le travail avec Patrick", s'est-il réjoui dans un communiqué officiel.
"Avec lui, j'ai réalisé certains des plus grands succès de ma carrière jusqu'à présent et j'ai hâte d'aller chercher ensemble les prochains titres majeurs. Pour l’avenir, nous avons eu de bonnes discussions sur la manière dont notre collaboration devrait se dérouler et nous avons convenu d’une configuration solide qui crée les meilleures conditions pour ma performance."
Retour en arrière pour remettre la marche avant ou solution par défaut ? Quoi qu'il en soit, Rune n'arrange pas sa réputation et ce qui faisait son charme risque à présent de causer sa perte.