De retour sur le Tour après sa terrible chute, Egan Bernal en véritable leader d'INEOS-Grenadiers ?
En 1960, Roger Rivière a vu sa brillante carrière en devenir se briser net dans la descente du Perjuret. À 24 ans, celui qui s'annonçait comme le plus grand rival de Jacques Anquetil ne sait jamais remis de cette chute. Egan Bernal ne vivra pas avec des si car lui a remporté deux Grands Tours, le Tour en 2019 et le Giro en 2021. Néanmoins, son accident en janvier 2022 à l'entraînement (il a percuté par un autobus à l'arrêt) a fracassé une courbe de performances ascensionnelle.
Opéré de la colonne vertébrale, Bernal avait 95 % de chances de rester paraplégique. Fort heureusement pour lui, les 5 % restants ont été les plus forts. Revenu à la compétition en seulement sept mois, le Colombien repart de zéro ou presque. Depuis le mois d'avril, il enchaîne les courses par étapes et les accessits : 8e du Tour de Romandie, 8e du Tour de Hongrie, 12e du Dauphiné.
Le voilà de retour sur le Tour, au sein d'une équipe qui cherchera avant tout les victoires d'étapes avec notamment Tom Pidcock, vainqueur à l'Alpe d'Huez l'an dernier, Carlos Rodríguez, Daniel Felipe Martínez et l'ancien champion du monde Michal Kwiatkowski.
Mais qu'espérer pour le natif de Zipaquirá ? Dans ses propos en conférence de presse mercredi dernier, on n'était pas loin du "l'important c'est de participer" du côté du Colombien : "ce serait fantastique d'arriver à Paris, de terminer mon premier Grand Tour après mon crash. Ce serait un grand pas en avant pour moi". Alors s'il portera bien le dossard du leader d'INEOS-Grenadiers, Bernal a-t-il les jambes pour endosser cette fonction ? "J'ai plusieurs rôles dans l'équipe, a-t-il expliqué. Lequel je vais endosser va dépendre de mes sensations et de mes jambes, je ne peux pas en dire plus pour l'instant".
Leader ou lieutenant ?
Et, si Bernal se comportait comme un sherpa pour Rodríguez ? L'Espagnol de 22 ans a achevé la Vuelta, son premier Grand Tour, à la 7e place. Sur le Dauphiné, l'Andalou (9e) a devancé le Colombien (12e). Dans l'esprit des directeurs sportifs de la formation britannique, il pourrait bien y avoir match, en fonction des aléas des étapes au Pays basque : "le premier objectif sera de ne pas perdre de temps lors de la première semaine (...) Il y avait de gros doutes avant le Dauphiné, mais je n'étais pas trop mal pendant la course. L'équipe m'a dit la semaine suivante que j'allais sur le Tour, je suis très content".
Quoi qu'il en soit, le revoir à ce niveau de la compétition est déjà une grande satisfaction et il a abordé ce Tour avec envie, même s'il y a forcément une certaine forme d'appréhension pour celui qui est passé si proche du pire : "je suis reconnaissant d'être en vie et d'être ici avec vous. J'essaie d'être positif. J'aimerais retrouver le niveau que j'avais avant, de me mesurer aux meilleurs. C'est pour ça que je suis toujours dans le cyclisme. Je me réveille tous les jours avec cet objectif en tête".