Habib Diarra a certainement dû mieux placer une frappe croisée, mais sa conviction a transpercé Alexandre Oukidja. Quand on est formé à Strasbourg, marquer le seul but d'un derby de l'Est, qui plus est en territoire ennemi alors que Saint-Symphorien n'était pas tombé depuis un an, a une saveur indescriptible.
Dans le cas du milieu de terrain, il y a certainement un peu plus que de la joie. L'été fut très long pour le Mulhousien. À la recherche d'un joueur doté d'un gros volume de jeu pour remplacer Seko Fofana, le RC Lens voulait casser sa tirelire : 15 millions d'euros hors bonus. Refus catégorique de Marc Keller. Et pour 25M€ ? Wolverhampton a reçu la même fin de non-recevoir de la part du club alsacien qui veut fonder son projet sur des profils comme celui de Diarra.
Pas facile de digérer tout ça quand on a à peine 19 ans, y compris quand votre entraîneur s'appelle Patrick Vieira qui s'y connaît un brin en matière d'attentions reçues très jeune et de rumeurs mercato : "il a passé des mois compliqués qui ne sont pas faciles à gérer surtout quand on est un jeune joueur, a analysé l'entraîneur du Racing après le succès à Metz. C'était sa première expérience au niveau transfert, mais c'était important pour moi de lui montrer cette confiance qu'on a en lui".
Un début de saison différé malgré son temps de jeu
Le temps de digestion a duré un mois et demi. S'il n'a pas débuté la saison contre l'Olympique Lyonnais à cause d'une suspension (2-1), il a bien retrouvé immédiatement sa place dans le XI de départ. Après deux matches difficiles collectivement et individuellement lors des défaites contre Monaco (3-0) et Nice (2-0), Diarra a fait les frais de la recomposition tactique à la pause à la mi-temps contre Montpellier alors que les Pailladins menaient de deux buts (2-2).
Pourtant, l'intermède avec les Bleuets semblait marquer une césure avec le quotidien en club. "Ça m’a permis de respirer un peu, même si je ne cache pas que je me sens très bien à Strasbourg, estimait-il dans les DNA. Après, il y avait beaucoup d’histoires autour de moi et c’est vrai que ça m’a perturbé. C’est la première fois que je vis ça et s’il y en a des prochaines, je saurai comment gérer. Ça fait partie du métier, je découvre cette facette".
Le regain était attendu et le derby a été le théâtre idéal du lancement officiel de sa saison. Une performance saluée par son coach après le match : "il a été bon, pas seulement parce qu'il a marqué, mais aussi sur l'aspect défensif. Il a travaillé avec les autres, je l'ai trouvé très bien au milieu du terrain. C'est le poste qu'il connaît le mieux et il avait besoin de repères pour pouvoir s'exprimer et on a fait le bon choix avec le staff de le remettre au milieu du terrain".
Sans proposer des contenus particulièrement spectaculaires, le Racing s'est néanmoins installé dans le haut de tableau, à seulement trois unités du leader brestois. Une courbe de performance qui suit celle de Diarra qui a, en plus, l'obligation de confirmer tous les espoirs placés en lui.
"J'ai vraiment tourné la page, je suis concentré sur le club et sur le championnat, a-t-il martelé dimanche en post-match. Il faut qu'on prenne encore plus d'initiatives et continuer de travailler pour prendre encore plus de confiance sur nos frappes, dans le jeu. On voulait gagner notre premier match à l'extérieur et on l'a réalisé". Pour un joueur formé à Strasbourg, la symbolique est importante. À présent, il doit donner des regrets à Lens et confirmer son retour sur le devant de la scène.
