Des Jeux olympiques pas seulement pour Paris ? Verdict en suspens
Les organisateurs vont-ils tenir leur pari d'impliquer la France entière, et de ne pas cantonner l'événement à la capitale et la Seine-Saint-Denis ?
"Une chose est sûre, les organisateurs se sont employés à innover et à trouver des solutions pour mobiliser les territoires", insiste d'emblée le secrétaire général de l'Andes (Association nationale des élus du sport, ndlr), Vincent Saulnier.
"Frustrées"
"Cela a été une obsession des organisateurs de montrer que les JO n'étaient pas qu'à Paris", corrobore David Lazarus, maire de Chambly (DVG) dans l'Oise et co-président de la commission sport de l'association des maires de France (AMF). Plusieurs villes en dehors de l'Ile-de-France ont bien intégré la carte des sites des JO comme Châteauroux, Lille ou les villes accueillant les matches du tournoi olympique de football, mais l'enjeu était d'embarquer le reste du pays dans l'aventure.
Pour cela, les organisateurs des Jeux ont créé en 2018 le label "Terres de Jeux", qui a séduit plus de 4.500 collectivités, qui ont pu adhérer gratuitement, sans condition. En contrepartie ? Un guide de mesures à mettre en place pour aider leurs administrés à se mettre au sport, et des programmes d'animations auxquelles les collectivités pouvaient participer, mais aucune promesse de financement n'était accolée à l'obtention de ce label.
Il était obligatoire pour pouvoir prétendre à accueillir des délégations olympiques et devenir l'un des centres de préparation des Jeux (CPJ), des bases-arrières indispensables. Si près de 15 à 20 % d'entre elles vont finalement recevoir des délégations, ce n'est pas le cas pour les autres.
"On sait qu'on a des collectivités qui sont frustrées parce qu'elles ont été désignées centres de préparation des Jeux, mais elles n'ont pas forcément de délégations qui viennent", reconnaît David Lazarus, émettant une légère critique : "Peut-être qu'il y a eu trop de CPJ labellisés".
L'Etat, via l'agence nationale du sport (ANS) a contribué à hauteur de 20 millions d'euros pour les CPJ, un montant perçu "en-deçà des attentes de certains", reconnait David Lazarus.
Mais pour certains, le label Terre de Jeux a insufflé un élan nécessaire. "Sur les 21 communes de mon agglomération, j'ai réussi à faire adhérer 14 communes, même des toutes petites villes. Cela leur a permis de profiter de ces animations, et de profiter de cet élan, notamment dans les écoles, les écoles primaires", assure Christian Tellier, adjoint aux sports à Compiègne.
"'Terre de Jeux' ce n'était pas une promesse de financement, et ce n'est pas parce que vous étiez Terre de Jeux que vous alliez avoir des billets gratuits", rappelle David Lazarus. Selon lui, seules les collectivités qui "se sont investies vraiment", ont profité à plein de ce label. Entendre les collectivités qui ont investi financièrement.
Près de 550 millions d'euros ont été dépensés par les collectivités qui ont saisi l'opportunité des Jeux pour rénover des équipements, pour en créer, selon des documents publiés par l'Exécutif avec le projet de loi de finances 2024. "On s'est sans doute un peu enflammé avec ce label, on n'a pas eu d'ingénierie ni de méthode avec. On a parfois eu l'impression d'avoir été des prestataires de com'", regrette le maire de Grigny Philippe Rio (PC).
"Amertume"
"Moi, le ruissellement, je n'y crois pas. Je préfère l'action. J'ai comblé le retard d'équipements dans ma circo en allant chercher les financements tout seul", assure-t-il.
Le passage du relais de la flamme olympique a aussi créé quelques dissensions territoriales. Le prix demandé par le comité d'organisation, jugé trop élevé par certaines municipalités (180.000 euros, ndlr), a convaincu certains de s'en passer, éloignant un peu plus cette promesse de "Jeux populaires".
Le choix également de passer par des invitations pour les 220.000 places gratuites le soir de la cérémonie d'ouverture, écartant la plupart des collectivités, n'a pas été non plus bien perçu. "Je connais pas mal d'élus pas très contents. C'est vrai qu'il restera un peu d'amertume", assure Philippe Rio.
"Oui, il y a des aigreurs, mais on est aussi lucide et satisfait que ces JO soient un accélérateur", nuance Vincent Saulnier.