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Deux ans après l'humiliation, l'Europe a lavé l'affront contre une Team USA désunie

François Miguel Boudet
Représenter l'Europe a une vraie signification en Ryder Cup.
Représenter l'Europe a une vraie signification en Ryder Cup.AFP
Deux ans après avoir été corrigée à Whistling Straits (19-9), l'Europe a répondu de brillante manière à Rome (16,5 à 11,5) pour remporter la 44ᵉ Ryder Cup. Minutieusement préparée par le capitaine Luke Donald, l'équipe a surpassé une Team USA sur le papier intouchable mais qui n'a montré aucune cohésion tout au long du weekend.

La Ryder Cup est en elle-même un vrai petit miracle : pendant trois jours, on se sent véritablement Européen. Plus qu'aucune déclaration politique, voire aucun texte ne peut mieux représenter le sentiment d'appartenir à un continent. C'est là le tour de force réalisé à Rome.

Deux ans après une punition qui laissait augurer de longues années de domination yankee, l'Europe a rendu la pareille à Team USA. C'est évidemment passé par le jeu. Mais, encore plus, c'est l'état d'esprit qui a rendu cette équipe sympathique et charismatique. Il est là le secret : sur le papier moins forte, elle a fait appel à ses symboles, son esprit de corps, son organisation et son génie avec un latin (Jon Rahm), un Britannique (Rory McIlroy) et un Scandinave (Viktor Hovland) en maîtres de chef-d'œuvre. 

La démonstration de Luke Donald

Les mystères de la réalisation ont interverti le moment de la délivrance. Tandis que, pour le téléspectateur, le renoncement de Rickie Fowler contre Tommy Fleetwood au 17 signifiait la victoire européenne lors de cette 44ᵉ Ryder Cup, c'est en réalité un putt longue distance de Shane Lowry sur le green du 16 qui a assuré au Vieux-Continent un succès net et sans bavure. 

Tout ceci demeure anecdotique. Pas la manière dont l'Europe s'est vengée de la déculottée de 2021. Nommé capitaine alors qu'Henrik Stenson aurait été désigné s'il n'avait pas tout plaqué pour rejoindre le LIV, circuit abreuvé de billets verts par l'Arabie saoudite, Luke Donald a signé une masterclass. 

Capitaine, ce n'est pas un titre honorifique. D'une part, cela couronne une carrière. Donald a remporté 4 fois la Ryder Cup, ce qui pose un personnage en termes de légitimité. D'autre part, il s'agit d'un vrai travail de sélection pour le roster (il y avait 6 choix du capitaine en plus des 6 joueurs directement qualifiés au ranking) mais aussi pour les postes de vice-capitaines. En l'espèce, Thomas Bjorn, trois Ryder Cup remportées comme un joueur et celle de 2018 au Golf National comme capitaine, et Edoardo Molinari avaient été choisis par Stenson. Se sont ajoutés le Belge Nicolas Colsaert, vainqueur de la compétition en 2012, José María Olazábal, légende du golf avec ses deux Masters et ses 8 capes en Ryder Cup, et Francesco Molinari, un des héros de l'édition 2018. 

Pour les joueurs, Donald a fait le pari de la jeunesse avec Nicolai Hojgaard et Ludvig Aberg qui est passé professionnel il y a à peine quelques mois mais dont la profondeur de jeu a été mise à profit sur les foursomes. Il a aussi fait les choix logiques de Fleetwood et Sepp Straka mais a privilégié l'esprit d'équipe en plus de l'expérience en élisant Shane Lowry et Justin Rose plutôt qu'Adrian Meronk, Yannik Paul ou encore Victor Perez. Une décision qui ne souffre d'aucune contestation après un tel weekend. 

L'amour de la Ryder Cup pour les joueurs européens s'est ressentie partout à Rome, jusque dans les vestiaires où le regretté Seve Ballesteros a été honoré dans le local dédié à l'Europe, jusque dans le dressing room où l'Espagnol décédé prématurément en 2011 a toujours son casier. Les supporters ont également déployé un immense voile pour lui rendre hommage. 

Avoir deux Italiens, qui plus est frères, a été un avantage incroyable pour l'Europe qui a profité de leur proximité avec le parcours vallonné du Marco Simone Golf pour se préparer minutieusement. Les paires de foursomes et de four-ball ont été annoncées aux joueurs longtemps à l'avance pour conditionner le roster. Les résultats ont été éloquents. Dès le vendredi soir, l'avance était rédhibitoire ou presque : 6/2 avec un homérique 4/0 lors de la session matinale de foursomes. 

Team USA, zéro sur toute la ligne

Quand les Européens ont tout bien fait, les Américains, eux, ont proposé la version inverse. Zach Johnson avait convoqué Steve Stricker, capitaine de l'édition 2021, Davis Love III, Jim Furyk, Fred Couples et Stewart Cink comme vice-capitaines. Du très lourd. Pourtant, la préparation a été dilettante. Seuls 9 joueurs sont venus découvrir le parcours et pour un simple aller-retour d'une journée.

Zach Johnson
Zach JohnsonAFP

Aucun des membres du roster est venu disputer l'Open d'Italie qui se tient au Marco Simone depuis 3 ans. Au contraire, l'Europe travaille depuis plusieurs années. Hojgaard a terminé T5 (-7 total) cette année après l'avoir gagné en 2021 avec Fleetwood 2ᵉ ex-aequo et Eduoardo Molinari 5ᵉ ex-aequo, Rob MacIntyre s'y était imposé en 2022, en play-off devant Matt Fitzpatrick (- 14 total), Rory McIlroy avait terminé 4ᵉ (-12), Tyrell Hatton 8ᵉ (-9). 

Outre cela, le manque d'alchimie qui a été criant. Quand les Européens se tenaient par les épaules, les Américains semblaient distants les uns des autres. La complicité n'a pas sauté aux yeux non plus au bord du parcours et Johnson a paru un peu éloigné de ses joueurs. Des joueurs au centre d'une querelle financière qui a pris beaucoup trop de place dans les coursives. Apparu sans casquette alors qu'il ne la quitte jamais, Patrick Cantlay a mis en lumière le souhait d'être rémunéré pour disputer la Ryder Cup. Si le joueur a beaucoup ironisé lors des questions des journalistes (mention spéciale pour la marque de bronzage à éviter avec son mariage), Xander Schauffele et surtout Justin Thomas lui ont emboîté le pas dimanche lors des simples. "JT" a eu beau expliquer dimanche soir qu'il n'a jamais joué avec une équipe aussi soudée, on a beaucoup de mal à y croire. Le niveau de jeu de Scottie Scheffler ne peut avoir totalement dépendu de l'herbe ou de la chaleur…

Enfin, la communication a failli dans les grandes largeurs. Après un vendredi calamiteux, Johnson a évoqué un mystérieux virus qui aurait touché ses joueurs. Or au micro de Canal +, Stefan Schauffele, père et entraîneur de Xander, et accessoirement francophone, a infirmé cette version dès le samedi matin. Seul Fowler était malade et il n'est apparu que le vendredi et le dimanche.

Le capitaine US n'a pas réussi à emmener ses joueurs dans son sillage qui n'ont remporté qu'une session sur cinq. En Ryder Cup, le classement ne fait pas tout et, en l'espèce, les Américains ont manqué une occasion en or de remporter le trophée en Europe pour la première fois depuis 1993. Il faudra donc attendre au moins 4 ans de plus et, dans 2 ans à New York, les Européens viendront pour conserver la coupe avec, probablement Luke Donald à leur tête si les désirs des joueurs sont suivis. Dans l'adversité, l'Europe a préparé sa revanche et de ce 19-9 de 2021 est né une véritable équipe que l'on a envie de supporter et de s'identifier. 

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