Il avait séduit l'Espagne avec Las Palmas puis avec le Betis, même si les deux histoires s'étaient relativement mal terminées. Et puis, Quique Setién avait profité du licenciement d'Ernesto Valverde au retour de la SuperCoupe d'Espagne disputée en Arabie Saoudite en janvier 2020 pour réaliser son rêve : entraîner Lionel Messi. L'expérience a fait long feu et s'est achevée dans un brasier : une élimination cinglante lors du Final 8 de la Ligue des Champions à Lisbonne, une "goleada" historique contre le Bayern, un 8-2 qui restera dans l'Histoire.
Arrivé au Camp Nou avec l'étiquette de disciple de Johan Cruyff, Setién a récupéré un effectif en fin de cycle, perdu et traumatisé par deux déroutes européennes, contre la Roma puis contre Liverpool. L'arrivée d'Antoine Griezmann n'a pas eu l'effet escompté, comme un acte manqué. Le technicien cantabre a bien essayé de travailler les sorties de balle, de redonner du souffle aux Culés. Peine perdue, le ressort était cassé.
Retour surprise
L'humiliation contre le Bayern a évidemment eu raison de Quique Setién au FC Barcelone. D'ailleurs, on ne pensait plus le revoir de sitôt sur un banc. La une de Marca avec une photo de l'entraîneur entouré de vaches dans un pré laissait augurer l'heure de la retraite. Impression accentuée par la signature de son adjoint, Éder Sarabia, sur le banc du FC Andorra comme coach principal. Setíen lui-même n'a pas caché lors de sa présentation qu'il fallait une équipe de l'envergure de Villarreal pour accepter de revenir : "je dois admettre que je n'avais pas vraiment envie d'entraîner et j'ai dit non à d'autres propositions. Mais il s'agit d'un club familial".
Le voilà donc de retour en Liga, et pas n'importe où. Chez les Groguets, Setién a la lourde tâche de succéder à Unai Emery, transféré à Aston Villa pour 6M€ la semaine dernière. Égaler un entraîneur qui a remporté une Ligue Europa et atteint le dernier carré de la Ligue des Champions est un objectif difficilement envisageable. Mais avec la Ligue Europa Conference d'un côté et un Top 4 envisageable, il y a déjà fort à faire. "Je ne pouvais pas trouver meilleur endroit", a-t-il résumé.
Dernière chance
Possession, relances organisées depuis l'arrière, volonté de proposer un jeu ambitieux : Quique Setién n'est pas du genre à attendre dans son camp avec un double rideau pour défendre en espérant quelques maigres contres. Déjà à Las Palmas, dans un club et un public qui aiment les "jugones", les manieurs de ballon techniques et avec une grosse personnalité, le Cantabre avait trouvé un environnement propice. La poursuite de sa carrière au Betis était dans la continuité, avec une grande afición et une proposition de jeu attractif.
"Il y a des choses que l'on pourra utiliser et d'autres que nous modifierons, a-t-il plaidé. L'important est que les joueurs connaissent ma façon de jouer et que ce sera facile pour eux de comprendre les changements pour nous améliorer. J'ai vu comment était l'équipe d'Emery et j'espère qu'on verra comment est la mienne".
Quique Setién a désormais l'opportunité de redorer son blason et de rappeler qu'il fut pendant plusieurs saisons l'une des références en Liga. A Villarreal, il ne pouvait espérer meilleur effectif pour y parvenir. Écrire une nouvelle histoire et faire oublier, au moins en partie, ce 8-2 qui lui collera toujours à la peau, voilà un challenge à la mesure du bonhomme, et peut-être aussi sa seule chance d'y parvenir.
