Djokovic vient à bout d'Alcaraz au terme d'une finale irrespirable de 3h49
Comme deux boxeurs après 12 rounds intenses, sans répit. Chacun dans leur coin, Carlos Alcaraz et Novak Djokovic font retomber la pression au terme d'une finale incroyable disputée dans des conditions extrêmes, longtemps indécise. L'Espagnol pleure, le Serbe se vide une bouteille sur la tête pour faire redescendre la température, épilogue de leur 4e confrontation.
Tout semblait écrit pourtant
Quand Novak Djokovic a pris le service Carlos Alcaraz dans le premier set pour se détacher à 4/2, la finale du Masters 1000 de Cincinnati paraissait déjà promise au Serbe. Ce break, blanc qui plus est, indiquait une prise de pouvoir de l'homme aux 23 tournois du Grand Chelem. Il n'en fut rien.
Quand "Charlie" a pris le service de "Nole" coupable de 3 double-fautes consécutives (!) dans le deuxième set pour mener 7/5 2/1 puis 7/5 4/2, tout indiquait que le trophée ne pouvait échapper au Murciano.
Dans les deux cas, nous faisions erreur. Dans le premier set, Alcaraz a refait immédiatement son retard pour remonter à 4/4, avant de faire craquer son rival à 5/5. A sa troisième opportunité, l'Espagnol a basculé à 6/5 avant de terminer le travail sur son service.
Baisse de tension puis regain de forme pour Djokovic
Le soleil tapait de plus en plus fort, le rythme tombait dans le deuxième set. Surtout, Djokovic avait pris un sérieux coup de chaud. Nerveux puis effondré, il a demandé l'intervention des médecins pour prendre sa tension. Un nouvel épisode pour ceux qui se plaignent de sa manière de casser les matches quand il est dominé... Alcaraz a baissé de pied et rendu son avantage, au point de servir à 5/4 pour ne pas s'engager dans une manche décisive. Poussé à 30-A après que le Serbe a retrouvé de la longueur dans ses frappes, un ace puis un coup droit de Djokovic sur la bande du filet a remis les deux hommes à égalité.
Cette 4e confrontation entre les deux hommes, la première sur dur, n'atteignait pas les sommets de tension du Masters 1000 de Madrid en 2022 (6/7 (5) 7/5 7/6 (5) en 1/2 finale), de Roland Garros (6/3 7/5 6/1 6/1 en 1/2 finale) et de Wimbledon (1/6 7/6 (6) 6/1 3/6 6/4 en finale) cette année mais il y avait déjà de quoi de saliver en prévision de l'US Open où les deux hommes seront de part et d'autre du tableau à New York.
Quand Alcaraz a concédé le mini-break d'emblée dans le jeu décisif, tout indiquait qu'on aurait droit à un troisième set. Finalement, les deux joueurs ont tourné à 3-3, alors que le vainqueur du dernier Wimbledon a fini par arracher un point d'un passing de revers gagnant long de ligne. Dominé dans la diagonale revers puis en coup droit, Djokovic était confronté à une balle de match à 6-5. Écartée, en patron. Après avoir de nouveau tourné, la situation s'est inversée mais le Serbe a décentré son coup droit. Mais c'est bien lui qui a fait céder Alcaraz, grâce à un excellent retour d'abord, au terme d'un énorme bras de fer conclu par un revers croisé dans le filet ensuite.
Alcaraz plie physiquement mais rebondit
Quand le Djoker a breaké au meilleur des moments, à 3/3, après 47 minutes de bataille dans cette manche ultime, tout indiquait que l'affaire était entendue. Dans le dur physiquement, Alcaraz a fait face au retour en grâce de Djokovic, jamais plus dangereux que lorsque la bête est blessé. Le Serbe avait tout juste commis 4 fautes directes quand son cadet en était déjà à 11.
Impeccable au service, le numéro 2 mondial était parti sur l'autoroute d'un 39e succès dans un Masters 1000. À 5/3 30-A, Alcaraz a craqué, offrant une balle de match à son adversaire. Comme Djokovic lors du set précédent, il a agi en conquérant pour s'offrir un sursis. Mais sur un revers lors du point suivant, les jambes se sont moins bien pliées. Tout était resumé dans cette faute directe... Mais la deuxième balle de match a été sauvée avec tant de maestria qu'on ne pouvait toujours pas se persuader de l'épilogue de cette finale quand "Nole" a servi pour le titre après le changement de côté. "Charlie" a mis la pression pour mener 15-40 mais ses deux balles de débreak se sont envolées. Mais décidément, cette finale ne voulait pas choisir. Djokovic a commis une double faute sur sa 3e balle de match puis concédé une balle de débreak. Monté au filet, Alcaraz a été crucifié par un revers croisé fabuleux qui a mordu la ligne. Mais s'il a le même passeport que Rafael Nadal, le Murcian a beaucoup de Djoko en lui : un coup de fusil long de ligne a remis les deux hommes à 40-A. Un retour gagnant derrière a offert une nouvelle opportunité d'égaliser à 5/5. Un coup de défense énorme a fait reculer le Serbe qui a savonné son smash qui a tout relancé.
Deux lions dans la même cage
Après une telle débauche d'énergie, Alcaraz a de nouveau été au pied du mur. Mené 15-40, il est revenu à 40-A malgré une panne de première balle. Quitte à perdre, il a décoché un revers long de ligne qui a heurté la bande du filet. Un service extérieur plus tard, retour à 40-A. Gardant un peu de maîtrise, Djokovic se procurait une nouvelle balle de break mais un service-volée prolongeait ce 11e jeu. Avantage Alcaraz ? Djokovic d'un coup droit rageur remettait le compteur à 40-A... avant de se résoudre à aller servir à son tour, sans encombre malgré la perte du premier point sur une volée délicieuse du Murcian.
Nouveau tie-break. Pour un demi-millimètre, Alcaraz commettait une double faute. Le bras de fer engagé sur le service du Serbe était perdu par l'Espagnol mais laissait aussi son aîné sur les rotules. A force de constater que quand tout indiquait que le match basculerait pour l'un ou l'autre, on ne savait plus quoi penser du 3-0 en faveur de Djokovic. Effectivement, après deux points remportés sur son service, Alcaraz posait une volée pour égaliser à 3-3. Mais le Djoker en voulait un peu plus : nouveau mini-break pour mener 5-4 et deux services à suivre. Un service extérieur lui offrait deux nouvelles opportunités. Offensif jusqu'au bout, Alcaraz a tenté un retour gagnant qui s'est complètement échappé de sa raquette.
Après 3h49 de jeu, Djokovic pouvait déchirer son polo. Il remporte le tournoi de Cincinnati et on n'a qu'une seul hâte : la même chose en finale à Flushing Meadows dans trois semaines.