Donnarumma sous la pression de San Siro ce soir en Ligue des nations face à l'Angleterre
L'ex-gardien de l'AC Milan n'aurait dû avoir que de bons souvenirs en retrouvant le terrain de ses débuts et l'adversaire contre qui il a changé de dimension en devenant champion d'Europe en juillet 2021.
Impérial lors des séances de tirs au but contre l'Espagne (1-1 après prolongation, 4-2 aux t.a.b.) en demi-finale puis l'Angleterre (1-1 a.p., 3-2 aux t.a.b.) en finale, Donnarumma avait été le grand Italien de la fin de l'Euro, désigné meilleur joueur du tournoi. Mais les nerfs de ce spécialiste des penalties ont depuis été mis à rude épreuve.
Donnarumma, 23 ans, a d'abord souffert au PSG, où il est parti grandir après l'Euro, face à la concurrence de l'expérimenté Keylor Navas, 35 ans.
Sous la pression constante, sa première saison parisienne a été marquée par la désillusion contre le Real Madrid (1-3), en huitième retour de Ligue des champions. "Gigio" s'était raté sur le premier des trois buts de Karim Benzema, même si le gardien a toujours dénoncé une faute de l'attaquant français.
"Supporter de Milan"
Avec l'Italie aussi, l'après-Euro a tourné au calvaire. Cela avait commencé à Milan, le 6 octobre 2021. De retour pour la première fois à San Siro depuis son départ au PSG, "Gigio" avait été conspué par une partie du stade, de l'échauffement au coup de sifflet final, lors de la défaite contre l'Espagne (1-2) en demi-finale de la Ligue des nations - ce revers avait mis fin à plus de trois ans d'invincibilité de la Nazionale.
Fébrile, il avait failli marquer contre son camp, sauvé par son poteau, et avait traîné sa peine. "C'est désolant parce que c'est l'Italie qui jouait, ce n'était pas un match de clubs", avait regretté le sélectionneur Roberto Mancini.
Quelques jours plus tard, le Napolitain arrivé en Lombardie à l'âge de 14 ans avait reconnu sa "déception": "J'ai grandi ici et j'ai toujours été un supporter de Milan, huit années ne s'oublient pas facilement", avait-il observé.
"Cette soirée a détruit l'esprit magique de l'Euro. Et le moral de Donnarumma", résumait cette semaine le Corriere della Sera en revenant sur les huées de l'an dernier. "À partir de là, rien n'est allé dans le bon sens. Ni pour la Nazionale, ni pour Gigio."
"Je prends les coups"
Comme son gardien perturbé, l'Italie n'a plus été que l'ombre de l'équipe championne d'Europe. Devancée par la Suisse dans son groupe, elle a craqué en mars en barrage. Même si Donnarumma ne pouvait rien sur le but inscrit dans le temps additionnel par l'attaquant de la Macédoine du Nord Aleksandar Trajkovski (1-0).
Il avait fini la saison sur les nerfs, agacé par une question de la Rai après avoir manqué une relance lors de la claque subie par l'Italie en Allemagne (2-5) en juin : "On a tous fait des erreurs, il n'y a pas un coupable. Mais si vous voulez m'attribuer la responsabilité, pas de problème (...) Je prends les coups et les responsabilités."
Cette rentrée internationale à San Siro semble être l'occasion de tourner la page. À la fois pour le gardien, désormais titulaire officiel au PSG, dont l'Italie a besoin pour rebondir. Mais aussi pour les supporters milanais, sans doute apaisés par le Scudetto gagné en mai et le sans-faute jusqu'ici du nouveau portier rossonero, le Français Mike Maignan.
"Il faut vraiment ne pas avoir de cerveau pour siffler un joueur de l'équipe d'Italie. On peut être parfois déçus, mais le joueur représente toute la nation et même celui qui est en train de siffler", a lâché jeudi en conférence de presse le capitaine italien Leonardo Bonucci, en espérant que les Azzurri auront vendredi le soutien de San Siro "jusqu'au bout".