Du Qatar à l'Australie en 9 mois : Hervé Renard, d'une Coupe du monde à l'autre
Hervé Renard a été la première star de la Coupe du monde au Qatar. Son discours à la mi-temps dans le vestiaire de l'Arabie Saoudite a été partagé sur les réseaux sociaux et, grâce à la victoire contre l'Argentine future championne, le Français a signé un bel exploit qui en aurait presque occulté ses deux victoires à la CAN avec la Zambie et la Côte d'Ivoire.
Frère Sourire
En quête d'un nouveau challenge, le technicien a fait passer le mot qu'il était intéressé par le poste de sélectionneur des Bleues, quitte à réduire par 20 sa rémunération. "Je fonctionne à l'instinct, à l'intuition, je n'ai pas regardé ce que je perdais mais uniquement les aspects positifs, considérait-il dans les colonnes du Magazine L'Equipe. Au point de friser le mystique : "c'était une sorte d'appel. J'ai senti qu'il fallait que je vienne, par rapport à elles, les joueuses. C'est leur potentiel énorme qui m'a convaincu".
Novice avec une équipe féminine, Renard est arrivé en plein marasme. En situation délicate après que Wendie Renard a annoncé sa mise en retrait pour des raisons de santé mentale, suivie par Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto et Perle Morroni, Corinne Diacre a été écartée, victime collatérale de la mise au ban de Noël Le Graët. Malgré une 1/2 finale à l'Euro, elle n'a pas fait le poids face à la décision de la capitaine emblématique.
Soucieuse de proposer un visage plus amène pour sa sélection féminine, la FFF a opté pour l'affable Renard. Sourire ultra bright, le verbe haut, la chemise blanche amidonnée, il est l'exact opposé de Diacre qui proposait un visage rigoriste et austère. Même si sa connaissance du football féminin se résumait au 1/4 de finale de la dernière Coupe du monde contre les États-Unis en 2019 (1-2) et la 1/2 finale du dernier Euro contre l'Allemagne (1-2), Renard a été choisi pour son charisme et son savoir-faire avec les sélections. Le meneur d'hommes devient donc un meneur de femmes jusqu'aux Jeux olympiques de Paris. "Le plus important est de commencer ensemble sur la bonne voie, expliquait-il avant le dernier amical contre l'Australie (défaite 1-0). Tous les entraîneurs ont une philosophie différente sur et en dehors du terrain. Ma philosophie est claire : nous ne pouvons rien gagner sans un très bon esprit d'équipe".
Novice et VRP
Il est toujours surprenant de constater que les spécialistes de la discipline sont méticuleusement écartés. Pour devenir sélectionneuse, Diacre avait davantage acquis sa légitimité de son passage à Clermont (2014-2017) que pour ses 121 sélections avec les Bleues. Georges Prêcheur, Patrice Lair et Sonia Bompastor auraient été crédibles vu leur passif mais qu'y avait-il à faire face à Renard, novice mais chouchou médiatique ?
Le nouvel arrivé maîtrise les ressorts de la communication et les éléments de langage. Quitte à s'enflammer un peu quant à son rôle. "Je suis là pour gagner des matches, mais je suis aussi une sorte de VRP pour le football féminin, estimait-il dans le Magazine L'Equipe. Je me suis aussi donné cette mission. Attention, tout cela ne fonctionne que si on a des résultats. Mais je pense qu'il y a moyen de faire progresser, de mieux communiquer sur ce foot féminin qui à mon avis a été mal exposé".
La défaite contre l'Australie (1-0) a constitué un sérieux signal d'alarme. Si la Jamaïque et le Panama sont des adversaires tout à fait abordable, le deuxième match contre le Brésil déterminera l'ordre du groupe F. Un résultat négatif pourrait mener à un 1/8 de finale contre l'Allemagne et un 1/4 potentiel contre l'Angleterre, soit les finalistes et les gagnantes du dernier Euro.