En Bourgogne ce vendredi, Cherki part à l'assaut d'un de ses terrains inconquis
Sous Peter Bosz, il a été décrié, parfois à juste titre, Rayan Cherki n'a pas su véritablement s'imposer au sein du collectif lyonnais. La saison dernière, il n'avait démarré que six rencontres toutes compétitions confondues dans la peau d'un titulaire.
En 2022-2023, il a bénéficié du même traitement, au point même que des rumeurs de transferts l'emmènent loin de sa région natale. Mais tout a changé lorsque Laurent Blanc est arrivé sur le banc de l'Olympique Lyonnais début octobre. Surtout, le tournant définitif semble avoir opéré depuis le début de la reprise post-Coupe du monde.
S'il continue ainsi, à commencer face à l'AJ Auxerre ce vendredi soir, nul doute que Rayan Cherki a des chances de gagner sa place dans le onze de départ pour le reste de l'exercice. Cela va plus loin, car il est en train de crever l'écran, pour le plus grand bonheur de ses supporters.
"Rayan Cherki a un talent fou et on le sait depuis des années, mais il ne montrait pas suffisamment de choses quand il entrait en jeu, à vouloir toujours tenter le dribble de trop. En grande partie, c’est parce que ses entraîneurs ne le mettaient pas dans les meilleures circonstances. Ses entrées sur le côté n’avaient pas de sens et il voulait trop en faire pour prouver qu’il méritait plus de temps de jeu", nous explique Tom Abadie, journaliste pour Café du Commerce OL et suiveur assidu des Gones.
Un apport statistique qui change tout
Lors de la dernière journée, face à Lens, Cherki a été éblouissant avec une passe décisive pour Lacazette, puis un but. On le sent clairement plus tranchant depuis quelques matches, dans sa faculté à créer du danger dans le dernier tiers adverse.
C'est sûrement un élément qui lui manquait cruellement, la possibilité d'être décisif dans le dernier geste. Lui-même l'a justement dit au micro de Prime Vidéo après la rencontre : "Dans le football actuel, il n'y a que les statistiques qui comptent, même si moi, je ne suis pas partisan de ce football-là, je sais que pour passer un cap, il faut que je sois plus décisif."
Une donnée que nous confirme Hugo Guillemet, journaliste pour le quotidien L'Équipe : "Pendant très longtemps, il a eu du mal à s'accorder à un projet collectif et aujourd'hui, il a simplifié, épuré son jeu. Il a arrêté de vouloir prouver à tout prix dès qu'il touche un ballon. Lorsqu'il avait 10 ou 15 minutes de jeu, il voulait tellement s'imposer qu'il essayait beaucoup trop de dribbles. Désormais, il est plus en confiance, il déjoue moins et donne et passe quand il le faut."
Tom Abadie confirme, même si pour lui, il ne tente pas encore assez : "Il a épuré son jeu, il continue de faire des différences, mais cherchent de plus en plus à mettre ses coéquipiers dans les meilleures conditions pour marquer. C’est justement là où il peut progresser : il doit tirer plus ! Plusieurs fois contre Brest il y a 10 jours, il voulait absolument dribbler le dernier joueur plutôt que tenter une frappe. Mais nul doute qu’il va continuer de progresser."
De nouvelles responsabilités avec Lolo White
Un autre élément central est responsable de la très bonne forme : son rôle. Cherki est un n°10 dans l'âme et ça, Laurent Blanc l'a bien compris. Le replacement du joueur au cœur du jeu, en soutien des deux attaquants, Lacazette notamment, fait toute la différence. Désormais, Rayan Cherki peut exprimer pleinement ses qualités et son potentiel et cela change tout.
"Depuis le mondial, Blanc l’a mis au cœur du jeu, en n°10 et l’a clairement mis dans les meilleures conditions possibles, spécifiquement depuis le mondial et le départ de Toko Ekambi et Tête. Il s’entend parfaitement avec Lacazette et plutôt bien avec les autres jeunes avec qui il a grandi (Caqueret, Gusto, Barcola). Il est en confiance, on lui fait confiance et évidemment, en lui laissant le temps dans sa meilleure position, ça allait forcément marcher", raconte Tom Abadie.
Ce que confirme Hugo Guillemet : "Laurent Blanc l'a recentré dans le jeu, en tant que n°10, Rayan Cherki n'étant pas très à l'aise pour jouer sur les côtés, car il manque de vitesse pour évoluer sur les côtés. Surtout, il a changé de statut sous Laurent Blanc et il est en train de s'imposer à l'Olympique Lyonnais, ce qui était attendu depuis 2, 3, voire 4 ans. C'est vrai que Laurent Blanc lui fait particulièrement confiance, car il lui manquait de la créativité au sein de son milieu de terrain et Cherki apporte beaucoup dans ce domaine, notamment par son nombre de passes-clé (passe avant un tir, ndlr). Il est un vecteur de danger pour ses adversaires."
Ainsi, Cherki a davantage d'influence dans le jeu, ce qu'il cherche et aime au sein d'une animation collective. On le sent plus épanoui sur le terrain et cela est dû aussi à la relation qu'il entretient avec son entraîneur.
Une relation père-fils ?
"Il y a une relation très proche entre les deux, quasiment paternelle, voire paternaliste. Blanc sait très bien manier la carotte et le bâton avec lui. Il ne lui fait jamais trop de compliments en public, face à la presse surtout, il le challenge beaucoup en lui disant qu'il doit encore s'améliorer. Il lui parle énormément, car il sait comment le faire et ça a l'air de fonctionner. Cherki sait l'écouter, contrairement avec Peter Bosz avec qui ça n'allait pas", indique Hugo Guillemet.
Un élément très important dans la vie d'un vestiaire, surtout lorsqu'on sait que Cherki n'a pas su convaincre Peter Bosz. Le jeune milieu offensif fait partie de ces joueurs qui ont besoin qu'on leur accorde de la confiance, à l'image d'un Hatem Ben Arfa, toutes proportions gardées. Ce que Laurent Blanc semble parfaitement faire, grâce à son expérience passée - on se souvient de sa relation avec Yoann Gourcuff à Bordeaux.
"Bosz et Garcia étaient particulièrement frustrés avec lui et le disaient ouvertement à la presse. Blanc ne fait pas de vague là-dessus, Cherki a fait profil bas et a commencé à bosser vraiment à l’entraînement et la salle de sport. Blanc et Passi semblent le motiver pour aller plus loin ; se dépasser et en lui rendant la confiance et les clés du jeu, clairement Blanc arrive à trouver quelque chose en Cherki qui le pousse à se dépasser. Mais on n'a pas encore vu les câlins comme a pu avoir Blanc avec Gourcuff à l’époque", ajoute Tom Abadie.
Un rôle à jouer face à l'AJA
Ce vendredi soir, face à l'AJ Auxerre, cela va être l'occasion de le voir jouer sans son partenaire préféré Alexandre Lacazette : "Rayan Cherki va être titularisé face à Auxerre, en n°10, mais pas derrière Lacazette, car blessé. Devant lui, ce sera Barcola et Sarr ou Barcola et Dembélé", selon Hugo Guillemet.
Tom Abadie va même plus loin : "Face à Auxerre, je pense qu’on va repasser en 4-3-1-2, récupérant Lepenant au milieu avec Tolisso et Caqueret, derrière Cherki. La défense à 5 a bien marché aussi. Mais ça ne devrait pas changer le fait que Cherki jouera logiquement derrière deux attaquants. Barcola est en forme et on devrait voir la recrue Amin Sarr plutôt que Moussa Dembele."
"Avec la blessure de Lacazette, il va devoir prendre le rôle principal devant et performer avec de nouveaux coéquipiers. C’est un super joueur et on est ravi de le voir en forme, enfin", ajoute-t-il.
L'AJA va donc être un bon test pour Cherki, car il pourra prendre le lead du secteur offensif. Ce sera l'occasion de le voir confirmer sa bonne forme, notamment dans le jeu sans-ballon, comme le confie Tom Abadie :
"À souligner que des joueurs comme Lepenant, particulièrement sur le second but contre Lille la semaine dernière, poussent Cherki à aller presser. Il décolle de plus en plus l’étiquette de flemmard et devient vraiment pro-actif dans son pressing, crucial pour Blanc et pour le garder dans le onze de départ."