En Gironde, les espoirs du handisport rêvent des Jeux paralympiques
Sur la piste d'athlétisme du Creps, dans l'agglomération bordelaise, une dizaine d'athlètes s'échauffent sur des petites haies. Certains ont subi une amputation. D'autres comme Maïa, 16 ans, souffrent d'un handicap moteur. Mais tous réalisent le même exercice.
"Même s'ils ont des handicaps différents, il faut qu'ils essayent pour éviter de rentrer dans une situation d'échec liée à leur pathologie", explique Éric Vauvert, entraîneur du pôle athlétisme au Centre fédéral handisport qui accueille également un pôle tennis de table et basket-fauteuil.
"Viens griffer le sol. Allez !" Pendant que ses camarades d'entraînement s'exercent au saut en longueur, Maïa travaille sa technique de sprint. En ligne de mire, une qualification sur 100 et 200 mètres aux Championnats du monde de para-athlétisme en juillet, avant d'envisager une participation aux Jeux paralympiques. Une obsession pour la jeune sprinteuse: "Depuis que j'ai commencé l'athlétisme, j'y pense, c'est tout le temps dans un coin de ma tête."
"Une revanche"
Pour Maéva Olivier, l'ambition est la même. Atteinte de tétraplégie, la pongiste de 18 ans lâche ses coups, une main sur la roue gauche de son fauteuil roulant pour se déplacer, et l'autre strappée à sa raquette car elle n'a "pas beaucoup de sensibilité et de force pour la tenir".
En novembre, elle participera à sa première compétition internationale et visera une qualification paralympique. "Paris-2024, c'est un rêve et une revanche par rapport à mon handicap. J'ai envie de relever ce défi" seulement trois ans après avoir commencé le tennis de table.
"Maéva a une progression énorme", souligne Florian Raillard, entraîneur du pôle tennis de table. Après avoir débuté face à des sportifs valides, elle a rejoint le centre il y a deux ans et bénéficie d'un coaching adapté au handisport.
"Dans sa classe de handicap, on privilégie le placement de la balle dans des espaces où l'adversaire ne peut pas aller", plutôt que le jeu rapide des pongistes valides, analyse Florian Raillard. "Les entraîneurs ont une formation handisport, ils nous donnent des conseils adaptés et ça nous aide à performer", complète Maéva.
"Avant d'arriver au centre, je ne m'entraînais que deux fois par semaine dans mon club. Je ne pouvais pas progresser, se rappelle Maïa Strasser. Ici, je pratique tous les jours et j'ai un emploi du temps scolaire aménagé".
Accéder au haut niveau
"Notre rôle, c'est de les accompagner sur un double projet sportif et scolaire afin qu'ils puissent atteindre les équipes de France espoirs puis séniors" principalement en vue des Jeux paralympiques 2028 et 2032, explique Bastien Drobniewski, coordinateur du Centre fédéral handisport qui recrute depuis 2011 des jeunes sportifs sur l'ensemble du territoire.
Originaire de Strasbourg, Modeste Hoffbeck a rejoint le centre en août dernier pour intégrer le pôle de basket-fauteuil. Agé de seulement 17 ans, il vise plutôt les Jeux de Los Angeles en 2028.
"Depuis que je suis ici, j'ai l'objectif JO en tête. Et je pense que le centre c'est le meilleur endroit pour progresser", explique le basketteur qui s'entraîne toute la semaine avec l'équipe de France espoirs. "On est accompagnés par notre coach, le gérant du pôle, on a accès à des kinés. C'est un moteur" pour accéder au haut niveau.
Arrivé au Centre fédéral handisport il y a quatre ans, l'athlète fauteuil Yasser Musanganya, 20 ans, estime avoir "fait d'énormes progrès physiques, mais aussi psychologiques". "Le point clé du centre c'est vraiment l'accompagnement", souligne-t-il.
Champion de France sénior sur 100, 400 et 800 mètres, il visera les minima pour les Jeux paralympiques en mai en Suisse. "Paris-2024, c'est un vrai tremplin pour nous, c'est la Champions League du handisport", mais c'est avant tout une "étape à franchir" pour cet athlète amputé des deux jambes qui rêve de devenir un modèle pour de jeunes sportifs, qu'ils soient valides ou non.