En poussant le Real Madrid et le Barça à jouer contre-nature, Xavi a réalisé un tour de force
Xavi Hernández était particulièrement calme et de bonne humeur en conférence de presse, mercredi. Rejetant le poids du match sur le Real Madrid, l'entraîneur du FC Barcelone a préparé ce Clásico aller de Coupe du Roi à rebours de tout ce que promeut le club blaugrana. Sans Pedri, Ousmane Dembélé et Robert Lewandowski, les possibilités offensives étaient minces et le pressing haut merengue a maintenu les Culés dans leur camp, parvenant à conserver la balle de manière éparses. Alors que le Real Madrid n'est jamais aussi fort que lorsqu'il a des espaces pour procéder en contres, cette obligation de d'évoluer par attaques placées a conduit à un paradoxe : les deux équipes ont joué contre-nature.
Outre l'hécatombe devant, Xavi a aussi dû se passer d'Andreas Christensen, remplacé par Marcos Alonso pour intégrer la charnière. Comme en SuperCoupe d'Espagne, Ronald Araújo a été placé latéral droit pour s'occuper de Vinicius Jr. L'Uruguayen a été remarquable dans ses anticipations et dans le duel et c'est l'Auriverde qui est sorti du match, passé proche d'une expulsion en première période pour une faute sur Frenkie de Jong suivie de gestes sacarstiques à l'intention de l'arbitre qui a fait preuve de mansuétude.
Face à la pression adverse, le Barça a compensé en mettant de l'engagement pour provoquer les pertes de balle de l'équipe de Carlo Ancelotti incapable de mettre en danger Marc-André ter Stegen. Le bilan du Real Madrid est éloquent : aucun tir cadré. Inédit en 15 ans au Bernabéu, ce qui donne une idée du tour de force réalisé. Ce n'est pas nouveau que la Casa Blanca n'aime pas faire le jeu et mord sur transitions rapides. Sans vitesse, sans espace, sans idée, elle s'est retrouvée démunie face à des Catalans qui avaient mûrement travaillé leur coup.
Ce chanchement de paradigme mû par les circonstances a totalement désorienté le camp merengue. Si en Europe la défense du Barça a connu un certaine fébrilité, en Espagne en revanche, elle brille, y compris quand le binôme Araújo-Christensen n'est pas titulaire en charnière. Cela s'est de nouveau vérifier, avec un Jules Koundé épatant. Le piège de Xavi a parfois tenu à un fil mais il n'a pas rompu. À aucun moment, Ancelotti n'a été en mesure de reprendre la main sur la tactique du match, comme si lui aussi avait été anesthésié.
Cela montre que Xavi n'est pas un entraîneur unilatéral. Il a en effet été capable de faire passer un message différent à ses joueurs en s'adaptant à aux forfaits. Les Culés avaient nettement dominé dans le jeu le Real Madrid avec son jeu "traditionnel" de possession mi-janvier en SuperCoupe : ils ont aussi pris l'ascendant dans un registre opposé, preuve des aptitudes développées depuis un an.
Xavi met aussi en exergue un paradoxe. Quand le Barça maîtrise outrageusement la possession sans marquer, le coach blaugrana est critiqué pour le manque d'imagination et d'adaptabilité de son équipe. Et quand il le fait, qui plus est avec succès, il est critiqué pour avoir renoncé à l'essence du jeu du club. Ce Clásico n'a peut-être pas plu au plus grand nombre, mais il fera date, ne serait-ce que dans le parcours initatique de Xavi. Car mercredi soir, c'est bien le moins expérimenté des deux entraîneurs qui a été le plus rusé.