Et si ce PSG n'était pas fait pour jouer un jeu de positions et de possession du ballon ?
Vendredi, face aux Aiglons, le Paris Saint-Germain a peiné dans le dernier geste. Le manque de créativité a été criant et, finalement, très peu d'occasions franches ont été crées. En regardant de près les statistiques, sur douze tirs, les Parisiens ont eu deux grandes chances de marquer. Les deux ont terminé au fond… Merci le talent de Mbappé – surtout lorsqu'on voit le chef-d'œuvre sur le second but.
"Le grand niveau défensif de Nice a déjoué nos intentions, a lancé Luis Enrique après la défaite de vendredi. Nous n'avons pas été au niveau du point de vue de notre positionnement en première mi-temps. Je dirais même que nous avons été mauvais. Mais c'est mon devoir et mon obligation, en tant que coach, d'améliorer cet aspect du jeu et les fondements du positionnement".
Eh bien cette déclaration définit parfaitement le premier but niçois. À vouloir ressortir le ballon proprement depuis son gardien, Paris s'est fait prendre à son propre jeu grâce au travail tactique réalisé en amont par Francesco Farioli. À la 19ᵉ minute, après une série de passes courtes entre Donnarumma, Danilo, Skriniar, Lucas Hernandez, Carlos Soler et Mbappé, Nice presse intelligemment, sans trop se dévêtir, calmement, en appuyant là où ça fait mal et en couvrant les zones de relance.
Tous, en face, sont incapables de se retourner lorsqu'ils reçoivent le ballon dos au but. Maillon faible de l'équipe dans cette idée de jouer court, le portier italien est forcé d'être contre-nature. La défense centrale et les latéraux sont acculés. Carlos Soler n'a pas les qualités pour se retourner et casser la ligne de pression. Et lorsque l'ultime solution se nomme Mbappé, celui-ci est muselé et pris à la culotte par Jean-Clair Todibo – comme depuis le début du match.
Et là, c'est le drame. Si le natif de Bondy est excellent quand il est lancé en pleine course, là, dos au but, c'est une autre histoire. La finalité, elle, on la connaît : Nice et Terem Moffi sont chanceux, mais l'ouverture du score est bel et bien là. Ce qui nous amène à la réflexion suivante : le PSG est-il fait pour jouer un jeu de position et de possession du ballon ? Structurellement parlant, on peut se poser la question. Au regard des caractéristiques de ses joueurs, beaucoup semblent avoir des qualités pour pratiquer un football différent que celui de la possession.
Derrière, à la première relance, le gardien et les défenseurs ne paraissent pas être les plus adroits. Le milieu de terrain – qui a montré des choses intéressantes depuis le début de la saison –, pêchent quand il s'agit de construire et de se sortir d'un pressing bien travaillé. Enfin, devant, quand l'aspect athlétique prévaut sur l'aspect technique, il est peut-être plus judicieux de jouer en transition. Ou du moins, dans le cas de Paris, considérer cette option un peu plus.
À part les deux buts du capitaine de l'équipe de France, l'autre occasion "franche" que les Parisiens ont eu est celle de Dembélé à la 27ᵉ minute. Sur la première erreur tactique adverse, Paris réussit à se provoquer sa première en phase de transition – signe que ça peut aller très vite avec ses joueurs. Malheureusement, par manque d'altruisme, l'ancien joueur du Barça la transforme en opportunité ratée, réussissant à réaliser le plus dur, c'est-à-dire faire une frappe totalement dévissée. Et pourtant, Gonçalo Ramos était seul en retrait au second poteau…
Au total, le PSG a atteint 608 passes réussies (environ 88 %), dont 337 dans la moitié adverse. Pour Nice, on tourne à 234 passes réussies dont 77 dans les 50 derniers mètres. Il est clair que pour Paris, trouver des failles en phase de possession dans le dernier tiers, cela semble très compliqué. La plupart des buts inscrits en Ligue 1 ont été plantés en transition. Et lorsque l'équipe affronte un bloc bas, resserré, avec une ligne de 5 - voir de 6 - qui se recroqueville dans sa surface, ça devient la mer à boire. Comme contre Lorient ou contre les Niçois.
"Nous devons élever notre niveau de jeu si nous voulons vraiment être compétitifs lors des prochains matches. À commencer par l’entraîneur. Comment faire pour s'en sortir lors des phases de relance et pressing haut ? Comme d'habitude, en jouant au football...", a lâché l'entraîneur espagnol. Celui-ci ira au bout de ses idées, malgré l'effectif et malgré certains points faibles des joueurs, c'est une certitude. À l'image de la sélection espagnole, le 6 décembre 2022, éliminée aux tirs au but par le Maroc en huitième, après avoir eu 77 % de possession de balle.
"Nous n'avons pas bien commencé, mais lorsque j'arrive quelque part, j'ai des concepts à transmettre et ça prend du temps. Mes joueurs répondent bien et veulent apprendre. Cela fait partie du processus. Ça prend du temps. Je ne m'inquiète pas de savoir si on me donne du temps ou non. Ma seule obsession est de transmettre à mes joueurs mes concepts. En tant que personne qui connait le monde du football, je veux que mon équipe comprenne ma manière de vouloir jouer."
Qu'il en soit ainsi pour Luis Enrique et les siens. Cependant, les ajustements tactiques seront plus que nécessaire.