Evenepoel, un Giro pour conforter le repositionnement du Wolfpack sur les courses à étapes
Remco Evenepoel était le seul capable de sauver la campagne de classiques de printemps et le Belge n'a pas failli. Comme en 2022, il a remporté en solitaire Liège-Bastogne-Liège. Une victoire logique, d'autant plus attendue après la chute et l'abandon de Tadej Pogacar en début d'épreuve.
La Doyenne, derrière Ardennaise, a redonné des couleurs à la Soudal-Quick Step, inexistante, voire décrépie en 2023 sur les courses d'un jour, matée par UAE Team Emirates, Alpecin-Deceuninck et Jumbo-Visma. La tendance actuelle est claire : le Wolfpack va désormais se positionner sur les courses à étapes.
Roglic, rival principal mais affaibli
Evenepoel peut gagner sur tous les terrains mais c'est sans doute sur les Grands Tours qu'il performera le mieux. Au pays des Flahutes et des écraseurs de pédales dans les bergs pavés, le Belge veut s'inscrire dans la lignée des spécialistes des vainqueurs des plus grandes courses à étapes. En septembre dernier, il s'est adjugé la Vuelta en s'emparant du maillot de leader dès la 6e étape pour ne plus le lâcher.
Contraint à l'abandon lors de la 18e étape de son tour premier Giro en 2021, le prodige revient en terres italiennes. Son statut a changé. De sérieux outsider, il est devenu principal prétendant à la victoire. Son adversaire n°1 s'appelle Primoz Roglic et lui peut s'appuyer sur un collectif rompu aux courses de trois semaines.
Dix ans séparent les deux coursiers et cela n'impressionne pas du tout Evenepoel, en dépit du palmarès gigantesque du pionnier slovène qui l'a battu en mars sur le Tour de Catalogne. Outre le talent et le culot, le leader de la Soudal-Quick Step semble aidé par un invité surprise : la COVID. Le champion du monde du contre-la-montre Tobias Foss et le sherpa Robert Gesink sont atteints par le virus et sont remplacés par Rohan Dennis et Jos van Emden.
Ces modifications de dernière minute s'ajoute au forfait de Wilco Kelderman après une chute en mars. Le dernier appui de "Rogla" dans les ascensions devrait finalement être Sepp Kuss. Outre ces changements, le triple vainqueur de la Vuelta (2019, 2020, 2021) pourra déjà s'estimer heureux de ne pas être positif dans les prochaines heures.
Hirt, pas un Tchèque en bois
C'est un transfert qui n'a pas fait beaucoup de bruit mais il est capital pour Evenepoel dans la perspective de la conquête du Giro cette année et sur le repositionnement du Wolfpack. Jan Hirt a été débauché d'Intermarché-Wanty-Gobert pour accompagner le champion du monde le plus loin possible avec Mattia Cattaneo, sans doute un cran en-dessous du Tchèque, 6e de l'édition 2022 avec une victoire d'étape à Aprica.
Avec plusieurs coureurs dédiés à protection comme Pieter Serry, Davide Ballerini ou encore Louis Vervaeke, Evenepoel aura à sa disposition des éléments qui maîtrisent les conditions parfois extrêmes de la course à l'italienne où les moments de répit sont quasiment inexistants et les pièges quotidiens. Cette compréhension de la course correspond à l'ADN de la Soudal-Quick Step et le Giro peut de temps en temps s'apparenter à une succession de classiques pendant 3 semaines.
Le chrono peut tout régler... ou tout dérégler
Les 70 kilomètres de contre-la-montre au programme constituent un avantage important pour un duel au sommet Evenepoel-Roglic. Néanmoins, cela peut avoir un effet à double-tranchant pour les concurrents qui seront soit annihilés à cause de l'écart au général soit en mode attaquants tout-terrain précisément pour réduire ce déficit. Cela conduira à davantage de nervosité dans le peloton et aussi à une sélection des réponses du binôme belgo-slovène.
Coureur multi-facettes, Evenepoel a tout en lui pour remporter le 2e Grand Tour de sa carrière. Mais les affres de la course à l'italienne ne laissent aucune trêve et tout peut être renversé en quelques instants ou au prix d'un numéro d'anthologie. C'est ce qui fait toute la beauté du Giro qui ne sera jamais une course linéaire. Vu le bonhomme, c'est peut-être bien la course qui convient le mieux à l'exubérance du champion du monde en titre. Et pour son équipe, c'est le moment idoine pour conforter cette envie et ce besoin de s'épanouir sur les Grands Tours.