Dorival au secours d'une Seleçao à la dérive
À 61 ans, le technicien brésilien va tenter de redorer le blason des quintuples champions du monde qui sortent d'une année 2023 chaotique, sur le terrain et en dehors. "Nous avons appris avec le football brésilien le chemin de la victoire et nous avons besoin de (le) retrouver", a déclaré ce jeudi Dorival, "sincèrement ému", lors de sa présentation officielle à Rio de Janeiro.
Issu d'une famille où le foot est roi – son oncle, Dudu, est une légende de Palmeiras –, Dorival Junior est le nouveau pari de la Confédération brésilienne de football (CBF). Le technicien succède à son compatriote et "grand ami" Fernando Diniz, 49 ans, alors que la CBF avait longtemps misé sur l'Italien Carlo Ancelotti, qui a finalement renouvelé son contrat avec le Real Madrid en décembre.
Dorival aura pour mission de redresser un navire que Diniz a laissé à la dérive. Le Brésil, sans titre mondial depuis 2002, occupe la sixième place des qualifications au Mondial 2026. Et reste sur trois défaites de suite, dont une débâcle historique (1-0) face au rival argentin au Maracana, alors que la sélection n'avait jamais connu de défaite à domicile aux éliminatoires.
Réputation de sauveur
Le défi est de taille pour celui qui s'est forgé une réputation de sauveur d'équipes en crise. Mais, Dorival a affiché ce jeudi sa confiance : "Est-ce que c'est un moment difficile par lequel nous passons? Oui, mais il n'y a là rien que nous ne puissions corriger rapidement".
Après une décente carrière de joueur, il a débuté son parcours d'entraîneur en 2002 au sein du modeste Ferroviaria de Araraquara, club de sa ville natale, dans l'État de Sao Paulo. Depuis, il a dirigé nombre de grandes équipes du pays, dont Flamengo, Fluminense, Sao Paulo, Palmeiras et Santos. Il s'est enfin imposé comme un grand nom après avoir réussi le doublé Copa Libertadores/Coupe du Brésil avec Flamengo en 2022, avant de remporter de nouveau la coupe nationale en 2023, avec Sao Paulo.
Dans les deux clubs, il a imposé sa nouvelle philosophie de jeu : un football offensif basé sur la possession, un savoir acquis lors d'une tournée d'apprentissage en Europe en 2015.
Sur le Vieux continent, il était accompagné de l'un de ses trois fils, Lucas, qui fait partie de son staff technique. Depuis lors, il explique avoir "donné plus d'importance à la tactique, sans oublier la technique, pour aider le football brésilien à progresser".
Altercation avec Neymar
Avec Santos en 2010, il remporte son premier grand titre comme entraîneur, une coupe du Brésil, au côté d'un certain Neymar, 18 ans à l'époque, avec qui il a eu une altercation.
Dorival Junior avait privé Neymar de tirer un penalty, un geste que le jeune joueur n'avait pas apprécié, insultant son entraîneur qui l'avait écarté pour les deux matchs suivants. Mais la décision avait déplu à la direction du club mythique de Pelé, qui s'était séparé de l'entraîneur.
La relation s'est depuis apaisée entre les deux hommes que la Seleçao va réunir, mettant en évidence une autre qualité du technicien : sa capacité à gérer les vestiaires. "Je n'ai pas de mots pour dire tout le bien que je pense de lui", lançait récemment Lucas Moura, joueur phare de Sao Paulo et ancien du PSG et de Tottenham. Le nom de Dorival avait déjà été cité pour remplacer Tite (2016-2022) à la suite de l'échec brésilien au Mondial au Qatar.
Le sélectionneur revient de loin : il a souffert d'un cancer de la prostate en 2019, qu'il a vaincu une année plus tard. Ce cancer avait suivi celui de son épouse. "Tout cela m'a permis de me fortifier encore plus et de repenser certains aspects de ma carrière", a-t-il confié ce jeudi.