Bleues : Katoto au Mondial ? "On va se donner toutes les chances", dit Hervé Renard à l'AFP
A quelques jours de l'annonce d'une première liste élargie pour la Coupe du monde, le 6 juin, l'entraîneur nommé fin mars donne des nouvelles des autres blessées et revient sur sa décision d'accepter ce poste, un "challenge" accepté malgré un salaire "20 fois" inférieur à son ancienne fonction en Arabie saoudite.
Q : En revoyant vos deux premiers matches (victoires contre la Colombie et le Canada en avril), quel regard portez-vous sur vos débuts ?
R : "Il y a plein de choses à peaufiner mais je suis satisfait de ce que les filles ont montré, de la façon dont elles se sont impliquées dans ces dix jours de stage. Cela a été très fluide. Ce n'est pas toujours évident quand vous arrivez dans un environnement différent. Mais je pense qu'il y a tout pour bien faire."
Q : Avez-vous senti un groupe marqué par les récentes turbulences (mise en retrait de joueuses puis départ de l'ancienne sélectionneuse) ?
R : "Non. Place au présent et place au futur. Je ne me suis pas penché sur le passé. J'ai un regard nouveau, un regard extérieur. J'arrive sans préjugés, sans tenir compte de ce que j'ai pu voir de très loin auparavant. Et nous avons eu dix jours d'implication parfaite de la part des joueuses."
Q : Vous avez renoncé à des conditions salariales exceptionnelles comme sélectionneur de l'Arabie saoudite pour prendre ce poste. Diviser votre salaire par 10 ou 20, l'avez-vous fait sans la moindre hésitation ?
R : "10 ou 20 fois ? Quand on parle en net c'est 20 (rires). Je n'ai jamais hésité. Ce n'est pas le critère qui me fait avancer dans le football, même si c'est important, je marche par challenge et ce challenge, je le fais pour d'autres raisons. On verra si j'ai tort ou raison, mais je suis persuadé d'avoir raison. Ma vie, ce n'est pas un métier, c'est une passion. Communier avec un groupe, essayer d'emmener tout le monde dans le même sillage, c'est quelque chose que j'aime. C'est ce qui m'apporte de la joie, des émotions fortes."
Q : Marie-Antoinette Katoto, blessée depuis près d'un an, pourra-t-elle faire partie de la liste annoncée début juin ?
R: "Je n'ai pas la réponse mais on va se donner toutes les chances. Elle est dans cet état d'esprit donc c'est bien. Mais personne n'a la réponse aujourd'hui. On fera en sorte de respecter l'aspect médical, l'aspect athlétique pour ne pas aller contre l'intégrité physique de cette joueuse qui a encore un avenir brillant devant elle. Mais si on peut l'avoir avec nous, j'en serais le premier ravi."
Q : N'est-il pas risqué d'emmener une joueuse blessée en Australie ?
R: "Une joueuse, si elle m'apporte quelque chose sur 30 minutes, et que ces 30 minutes sont en finale, je signe de suite ! C'est pour ça qu'on est 23 (sur la liste pour la Coupe du monde, NDLR), sinon ça ne servirait à rien de faire des groupes aussi élargis. C'est une joueuse de grande qualité, qui a déjà marqué l'histoire de l'équipe de France. Elle peut être importante sur des moments cruciaux dans une grande compétition."
Q : Qu'en est-il de l'état physique de la défenseure Griedge Mbock, blessée depuis septembre ?
R: "Je n'ai pas de réponse définitive mais c'est un peu plus compliqué. Les pourcentages de faisabilité sont divers. Si on parle de Kadidiatou Diani (blessée à l'épaule), le pourcentage sera beaucoup plus élevé. Pour Marie-Antoinette, un peu moins. Et puis pour Griedge, peut-être encore un petit peu moins."
Q : Amandine Henry est en arrêt maladie à Lyon et en instance de départ. Elle ne joue plus depuis début mars. Ne craignez-vous pas un manque de rythme si vous l'appelez ?
R: "Elle va peut-être manquer un peu de compétition, mais elle ne manquera pas d'entraînement. Il faut qu'elle fasse le nécessaire pour qu'elle soit prête, qu'elle en ait envie."
Q : Allez-vous annoncer début juin une liste élargie ?
R: "Dans mon esprit, la liste sera un peu plus élargie pour donner justement un peu plus de temps à celles qui reviennent d'une longue convalescence. On verra ensuite au jour le jour, avec une échéance probablement juste avant de partir en Irlande pour le match de préparation (le 6 juillet). Les joueuses seront aussi là pour gagner leur place. Cela permet de créer une certaine compétition à travers le groupe. Le seul inconvénient, c'est de devoir annoncer à une joueuse qu'elle ne fait pas partie de la sélection définitive. C'est très difficile, mais ça fait partie de mon métier. Mais il y en a beaucoup, qui, au fond d'elles, doivent déjà savoir qu'elles feront partie de la sélection définitive."