Paralluelo, Coll... les héroïnes inattendues de l'Espagne
La "supersub" Salma Paralluelo
À seulement 19 ans, Salma Paralluelo incarne l'émergence de la Roja sur la scène internationale, et plus largement, l'homogénéisation du football féminin à l'œuvre durant une Coupe du monde riche en surprises. Les Pays-Bas et la Suède, favorites face aux Espagnoles, peuvent en témoigner. L'attaquante a marqué en prolongation pour éliminer les Néerlandaises en quart (2-1 a.p.), puis à la 81e minute de la demi-finale face aux Scandinaves (2-1).
À chaque fois, la Barcelonaise a démarré la rencontre comme remplaçante, alors qu'elle était titulaire lors de la phase de groupe. Son nouveau rôle de "supersub" colle aux qualités de vitesse et de percussion de cette ancienne championne d'athlétisme, capable de faire exploser les verrous défensifs les plus hermétiques.
"En sachant qu'elle est très jeune, qu'elle n'a fait seulement qu'une saison de football (...) nous devons l'aider à devenir ce que nous pensons qu'elle peut devenir", a déclaré le sélectionneur Jorge Vilda.
La native de Saragosse qui a longtemps combiné avec succès football et athlétisme jusqu'à ce que les blessures ne la rattrapent, a rejoint le Barça l'été dernier pour se consacrer entièrement au ballon rond. Vendredi matin, elle s'est entrainée à l'écart du groupe lors du quart d'heure ouvert à la presse, visiblement gênée à la jambe gauche.
Son palmarès comporte déjà une Ligue des champions remportée en club, ainsi que le Mondial 2022 des moins de 20 ans... avec un doublé en finale.
La surprise Cata Coll
Durant la compétition, Vilda s'est distingué par des choix tactiques radicaux qui ont fonctionné. Sa gestion du poste de gardienne en est le meilleur exemple.
Depuis la défaite contre le Japon au dernier match de la phase de groupes (4-0), le technicien a choisi d'aligner la doublure Cata Coll, aux dépens de la portière du Real Madrid Misa Rodriguez, qui avait démarré le tournoi comme titulaire. Son choix a d'autant plus surpris que la Barcelonaise de 22 ans, zéro sélection avec la Roja, manque d'expérience au plus haut niveau.
"Ce qui est frappant chez elle, c'est sa personnalité, elle ne se laisse jamais abattre et il est difficile de l'ignorer. C'est une garantie, une gardienne d'avenir", a assuré Vilda.
Au Barça, Coll est N°2 derrière Sandra Paños, une référence à son poste qui aurait pu disputer le Mondial si elle n'avait pas dénoncé, en septembre dernier, les méthodes de Vilda aux côtés d'autres internationales qui ont promis de ne plus rejouer sous ses ordres.
Comme d'autres des quinze "rebelles", Paños est revenue sur sa position, mais le sélectionneur a fermé la porte à son retour. Coll, qui bénéficie des automatismes du Barça avec les défenseures Irene Paredes et Laia Codina, "nous a donné beaucoup de sécurité", a assuré la milieu Teresa Abelleira.
La sérénité Abelleira
Les observateurs s'attendaient à voir briller la double Ballon d'or en titre Alexia Putellas, mais la Barcelonaise, tout juste remise d'une grave blessure à un genou, a passé la plupart de la compétition sur le banc.
Sa présence limitée n'a pas bridé le milieu de terrain espagnol, qui étale à chaque rencontre sa supériorité technique, à l'image d'Aitana Bonmati ou Jennifer Hermoso. À leurs côtés, Teresa Abelleira se dédouble à la récupération, dans un rôle moins exposé, mais tout aussi décisif.
La Galicienne de 23 ans, qui évolue au Real, assure l'équilibre d'une équipe qui a tendance à parfois trop pencher vers l'attaque. C'est l'une des rares indéboulonnables du système Vilda. "Elle est en train de faire un Mondial spectaculaire, à son poste, c'est la meilleure", a souligné son entraîneur en club, Manu Sanchez, qui l'a entraînée à La Corogne.
La jeune Abelleira est l'un des visages de la nouvelle génération espagnole appelée à renverser la hiérarchie mondiale. Elle a marqué contre la Zambie (5-0) l'un des plus beaux buts de son équipe dans le tournoi, d'une frappe puissante de 25 mètres.