Wendie Renard : après la fronde, un même brassard pour un nouveau départ
Le 21 février dernier, après un match nul sans but contre la Norvège (0-0), la France soulève le Trophée de France, tournoi à 4 remporté par les Bleus avec 7 points. Le décorum festif de la remise de la coupe tranche avec l'état d'esprit de Wendie Renard. En froid avec Corinne Diacre qui lui avait retiré le brassard de capitaine avant de le lui redonner, venue à reculons, convaincue par Jean-Michel Aulas, son président à l'Olympique Lyonnais, d'accepter la convocation, la capitaine crève l'abcès dès le lendemain. Évoquant sa santé mentale, la joueuse avait annoncé sa mise en retrait de la sélection, quitte à ne pas disputer la Coupe du monde (20 juillet-20 août) et les Jeux olympiques à Paris en 2024. Suivie peu après par Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto et, dans une moindre mesure, Perle Morroni, Renard mettait la pression la Fédération Française de Football secouée par la fin principitée de Noël Le Graët qui avait prolongé sans discuter aussi bien Diacre que Didier Deschamps.
Président par intérim, Philippe Diallo appuyé par le Comex, principalement par Aulas, a poussé Diacre vers la sortie. Une décision qui a quasiment fait l'unanimité, la sélectionneuse véhiculant une image austère que ne compensait pas les résultats de l'Equipe de France malgré une 1/2 finale lors du dernier Euro. Renard a eu gain de cause, un tour de force quand on compare la situation en Espagne où 15 joueuses, dont la double Ballon d'or Alexia Putellas, ont manifesté leur volonté de ne plus faire partie de la Roja tant que Jorge Vilda restera sélectionneur.
Renard au carré
Il y a eu Gainsbourg et Gainsbarre, le Renaud et le Renard : désormais, il y le Renard et la Renard. Car la première décision forte d'Hervé Renard à la tête des Bleues a été de conforter Wendie Renard dans son statut de capitaine. La revenante Eugénie Le Sommer et Grace Geyoro seront ses "adjointes". "Le coach nous a vues toutes les trois avec Eugénie, Grace et moi-même, a-t-elle expliqué en conférence de presse. Il nous a proposé son choix. Je l'ai accepté avec plaisir. Ce n'est pas un projet personnel, c'est un projet commun".
Relancer un groupe, réinstaurer de la confiance : voilà le défi d'Hervé Renard qui a quitté l'Arabie Saoudite pour se lancer dans le football féminin avec le Mondial et les JO à domicile comme objectifs. "Ça fait plaisir de repartir sur un projet intéressant et rempli de détermination, avec beaucoup d'optimisme, de dynamisme", a-t-elle assuré. Une allusion directe au mandat de Diacre et au manque de professionnalisme dont se plaignaient de nombreuses coéquipières. "Je me suis exprimée, j'ai indiqué que je souhaitais prendre du recul, et la Fédération a pris des décisions, a-t-elle considéré. C'est un nouveau projet qui repart, avec un nouveau coach, un nouveau staff. C'est un élan positif, on a envie de surfer dessus". Effectivement, l'entourage des Bleues s'est renforcé, avec deux adjoints, deux préparateurs physiques, un responsable de la performance et de la data.
Attentes supérieures
À présent que les desiderata ont été écoutés par les instances, les joueuses se retrouvent face à leurs responsabilités. Les premières séances de Renard Hervé semblent correspondre aux attentes de Renard Wendie : "forcément, les attentes sont différentes. Il nous demande beaucoup de vitesse dans le jeu, de jouer entre les lignes, de combiner, d'avoir beaucoup de relations entre nous. Tout ça doit se reproduire sur le terrain. Tout cela ne date que de quelques jours, mais on sent déjà que ce qui est en train de s'installer est différent. Tout le monde adhère, c'est le plus important, même s'il nous reste une marge collectivement".
Néanmoins, après s'être exposée médiatiquement, la pression est sur la capitaine qui sort d'une grosse déception avec l'élimination en 1/4 de finale de Ligue des Champions contre Chelsea après manqué son tir au but. "Je n'ai pas attendu ce genre de décision pour être attendue au tournant, a-t-elle asséné. Ça fait très longtemps que je joue au plus au niveau, à tous les matches je suis attendue, scrutée. Il n'y a pas une attente Wendie Renard, mais une attente Equipe de France. L'équipe de France ne m'appartient pas. Je me suis exprimée personnellement, ça a été dur, mais c'était mon choix, je l'ai assumé et je l'assumerai".
Affirmant qu'elle n'avait "mis d'ultimatum à personne, à aucun moment", Wendie Renard ne peut cependant pas nier que sa carrière et son expérience ont largement pesé dans l'éviction de Diacre. Une responsabilité qui sera à mettre à son crédit en cas de bon résultat à la Coupe du monde mais qui lui sera sûrement imputée en cas de désillusion. Mais il est certain que c'est un risque dont elle a mesuré toutes les conséquences, pour elle comme pour l'avenir proche des Bleues.