À trois mois de l'Euro, quel impact peut avoir l'absence de Griezmann sur le jeu des Bleus ?
84 matchs consécutifs, 10 ans de rassemblement et 7 ans de présence non interrompue avec les Bleus. Antoine Griezmann a eu le temps de s'acclimater à toutes les propositions de son sélectionneur et aux changements opérés au sein de l'équipe de France. Mais, sans lui et à quelques mois de l'Euro 2024, les Tricolores peuvent-ils réellement prendre la température ? Pire, ont-ils la capacité de s'imposer sans tracas ?
"Remplacer Antoine, c'est très, très difficile"
Il est évident que "Grizi" a pris une place capitale dans le jeu de la France. D'abord, car systématiquement présent sur la pelouse, mais aussi grâce à ses capacités intrinsèques uniques autant en attaque que dans l'entrejeu.
Pour ce qui est du jeu purement offensif du numéro 7, il a longtemps occupé un rôle de second attaquant aux côtés d'Olivier Giroud dans le 4-4-2 de Didier Deschamps. Que cela soit durant l'Euro 2016 (6 buts) au cours duquel il a pris énormément de poids, ou bien lors de la Coupe du monde 2018 (4 buts contre 6 pour Harry Kane, Soulier d'or), il a assuré son rôle en se montrant plus que disponible devant le but adverse, et en combinant parfaitement vers l'avant avec son coéquipier. Altruiste depuis toujours, il a également distribué des passes en profondeur et n'a pas hésité à jouer comme il l'a appris. En une ou deux touches de balle, il se retrouvait projeté dans la surface de ses rivaux pour porter le coup fatal.
Ces forces, il ne les a pas perdues. Il les conserve même. En revanche, il s'est adapté à l'arrivée de nouveaux joueurs et à la reconversion du système de Deschamps. D'abord passé en 4-2-3-1, le schéma tactique de l'équipe de France a vu "Grizi" reculer d'un cran. Positionné en faux 10, comme cela a pu être le cas dans son club, il a apporté un grand soutien aux attaquants de pointe, tout en animant le jeu derrière. Capable de se positionner partout sur le terrain pour ensuite faire valoir ses appels, et s'immiscer aussi dans les espaces laissés, il s'est parfaitement retrouvé à l'aise à son poste. Ce qui lui a ensuite permis d'explorer de nouveaux horizons au milieu de terrain.
La Coupe du monde 2022 est toujours dans les esprits. Et à travers elle, Griezmann a particulièrement brillé. Étant donné les indisponibilités de N'Golo Kanté et de Paul Pogba et les rôles de double pivot d'Aurélien Tchouaméni ainsi que d'Adrien Rabiot au milieu de terrain, Deschamps a dû s'adapter. Il a donc laissé le joueur descendre encore d'un cran et devenir un agent créatif.
Déterminé à faire les décrochages nécessaires pour aider la défense, ou bien à trouver les décalages nécessaires pour lancer les siens, il a activement contribué à la réussite de l'équipe. Un bel exemple de ce nouveau rôle réside toujours dans son match contre le Maroc (2-0). En prenant la profondeur des côtés, il a non seulement permis à Ousmane Dembélé d'avancer, mais également bloqué les défenseurs adverses. Et puisque ces derniers ne savaient pas s'il tenterait lui-même la percée ou déléguerait, il a pu trouver de l'impact près de leur zone.
Plus présent également au milieu et dans le dernier tiers que devant la cage adverse, il peut plus aisément récupérer le ballon, et relancer directement. "Il a tout pour jouer dans la profondeur : la vision, le rythme de travail, le toucher, l'énergie, l'intelligence...", résumait Deschamps avant la finale perdue contre l'Argentine (3-3, 4 tab 2).
Et avec ce volume de jeu, il a aussi pu continuer à évoluer lors de la refonte en 4-3-3, par exemple, contre l'Irlande lors des qualifications à l'Euro 2024 l'an passé (0-1, 27/03/23). Pas forcément toujours régulier - Deschamps aimant aussi utiliser son 4-2-3-1 -, le système permet au Mâconnais d'exploiter tout aussi bien le terrain. Sur le papier, placé côté droit, il fonctionne en combinant avec les ailiers. Mais, en pratique, il est présent aux quatre coins du terrain. Un autre moyen encore de provoquer le danger, et participer au plan de jeu offensif.
Un "aménagement différent"
"Quand on connaît l'influence d'Antoine… C'est très, très, très difficile de lui trouver un remplaçant. Donc, on aménagera un peu différemment", a glissé le sélectionneur en conférence de presse ce lundi. Il a donc lui-même été catégorique : l'absence du vice-capitaine est forcément préjudiciable. Il a cependant pour obligation de pallier ceci par d'autres plans, à l'instar de ce qu'il avait fait en l'excluant de ses plans sur le terrain lors de France - Angleterre (3-2, juin 2017).
En soi, il ne possède pas un nombre de solutions infinies. Griezmann est unique. L'équipe de France perdra par conséquent forcément en créativité et à la récupération. Mais, elle se servira aussi de ses latéraux et de ses ailiers pour mieux apporter de la percussion.
Deschamps aura donc probablement recours au 4-3-3 et devrait aligner un milieu Eduardo Camavinga, Tchouaméni et Warren Zaïre-Emery.
Dans cette optique, "WZE" reprendrait le côté droit de Griezmann. Ses aptitudes défensives, tout comme sa capacité à se projeter, font de lui un profil total. Aussi bien déterminant à la récupération que dans un jeu court/long, il devrait parvenir à temporairement colmater la brèche laissée par l'absence du Colchonero contre l'Allemagne et le Chili.