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Clauss : "Tellement dingue de me dire que j'y serai"

Flashscore, avec AFP
Clauss lors de son arrivée à Clairefontaine cette semaine.
Clauss lors de son arrivée à Clairefontaine cette semaine.Profimedia
"C'est tellement dingue de me dire que j'y serai", s'enthousiasme auprès de l'AFP Jonathan Clauss avant de disputer à 31 ans sa première grande compétition avec la France, l'Euro 2024, où il est en balance avec Jules Koundé au poste d'arrière droit, "une concurrence très saine".

Q : Êtes-vous excité, impatient, stressé ?

R : "Je suis tout en même temps. Forcément, il y a un peu de stress, un peu de nervosité, mais aussi beaucoup de plaisir. Je savoure chaque moment que je passe ici."

Q : Vous venez de loin, de la 6ᵉ division allemande à l'Euro, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

R : "Pour l'instant, je profite, je ne regarde pas tant que ça en arrière. J'ai encore envie de tirer loin devant. Je voulais être footballeur professionnel. L'équipe de France, c'était un rêve quasi inaccessible, c'est pour ça que je profite vraiment. Quand je vis des déceptions, j'utilise mon histoire pour me dire : Ouais, t'as déjà bien plus galéré que ça, t'as déjà été bien moins en sécurité."

Q : Avez-vous le sentiment d'être un exemple pour des jeunes qui ne percent pas tout de suite ?

R : "Oui, je suis un contre-exemple si on dit que si on ne fait pas un centre de formation et qu'on ne signe pas pro à 18 ans, c'est terminé. Et un exemple pour ceux qui sortent d'un centre de formation, ou même pas, et qui voient que c'est un peu difficile et qui sont obligés de rebondir un cran en dessous ou complètement ailleurs. Rien n'est jamais vraiment fini tant qu'on n'aura pas tout donné."

Q : Qu'est-ce que ça vous fait de représenter la France à l'Euro ?

R : "C'est ça qui est fou, je parle d'un truc que je ne connais pas encore. Quand je les voyais à la télé je me disais que les grandes compétitions, c'est tellement différent… Les caméras sont différentes, les regards des gens sont différents, les hymnes sont différents… En fait, c'est tellement dingue de me dire que j'y serai, c'est une énorme fierté. Mais c'est beaucoup plus de stress et de nervosité parce qu'on n'a vraiment pas le droit à l'erreur. J'ai hâte d'y être et je vais faire en sorte d'être le meilleur possible."

Q : Avez-vous un petit sentiment de revanche sur la frustration d'avoir manqué le Mondial 2022 ?

R : "Revanche, non. Mais j'ai changé un peu psychologiquement. Au lieu de me dire que si ça ne devait pas se passer, ça ne se passait pas. À partir de cet hiver 2022, je me suis dit : Si tu veux un truc, tu iras vraiment le chercher. Et si jamais tu n'y es pas, c'est que ce ne sera que de ta faute. J'ai tout fait pour. Sur cette année et demie, je n'ai pas toujours été bien psychologiquement, pas toujours bien physiquement. Et pourtant, je me suis poussé, je me suis cherché, j'ai mis en place des choses pour que ça aille mieux. Mentalement, je suis allé chercher ce que je devais aller chercher."

Q : Comment avez-vous vécu ce match au Vélodrome contre le Chili où vous êtes sorti très tôt ?

R : "Déjà, il y avait cette tristesse-là de me dire qu'au bout de 7 minutes, c'est déjà fini. Et après, il y a la tristesse de la blessure aussi parce que je ne sais pas ce que c'est, je ne sais pas pour combien de temps ni quel impact cela aura sur mon avenir. Là, il y a un gros trou noir, quand j'en parle avec les médecins, on cherche des réponses et on n'en a pas, et là, c'est très dur."

Q : Comment vivez-vous la concurrence avec Jules Koundé, lui plus défensif, vous plus offensif ?

R : "Moi, je la vis très sainement et je pense que lui aussi. On en parle entre nous. Il m'explique que pour lui, ce centre-là est difficile, pour moi, il l'est moins. Par contre, défensivement, il y a des moments où je me dis qu'il a fait ça, moi, je n'aurais pas fait comme ça. On a des profils totalement différents et pourtant, je pense qu'on apprend tous les deux l'un de l'autre. La discussion est très saine. Tous les deux, on veut jouer, évidemment, mais si l'un joue et pas l'autre, on ne va pas lui mettre des bâtons dans les roues, parce qu'on est là pour un objectif commun."

Q : Quel souvenir gardez-vous de votre premier but en équipe de France ?

R : "Je pense que pendant les 2-3 secondes qui ont suivi, je me suis dit : Ça y est, il n'y aura rien de plus beau. Ouais vraiment, je me suis dit, c'est impossible que je vive quelque chose d'aussi extraordinaire. Je ne sais même pas pourquoi je frappe, sur l'action je me dis : mais qu'est-ce que je fais là ? Normalement, je suis de l'autre côté. Et puis je frappe, but, je lève la tête et je me dis : C'est fou, c'est dingue. C'est vraiment très difficile à expliquer."

Q : Peut-être qu'un titre à l'Euro…

R : "Oui, évidemment, mais là, à l'instant T, c'était l'apothéose."

 

Propos recueillis par Jacques-Alexandre BRUN et Emmanuel BARRANGUET

France gouvernement

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