Exclu - Gelson Fernandes : "La Suisse est une équipe soudée avec Xhaka en leader"
Depuis août 2022, Gelson Fernandes (37 ans) s'attèle à superviser les services en vue de renforcer le développement des associations membres africaines à travers le Programme Forward de la FIFA. "Je fais mon petit bonhomme de chemin tranquillement, nous expliquait-il à la fin de notre interview. Je suis directeur des fédérations africaines au sein de la FIFA. Je m'occupe de leur développement, pour chacune d'entre elles, il y en a 54. Et je m’occupe également du développement du football à l’échelle du continent."
L'ancienne gloire du football suisse a été sélectionné à 67 reprises en équipe nationale, où il y a inscrit deux buts, dont celui qui avait offert à la Suisse la victoire 1-0 sur l’Espagne, lors de la 1ʳᵉ journée de la phase de poules de la Coupe du monde 2010.
Flashscore : La Nati, avec Sommer, Akanji et Xhaka, tous champions nationaux avec leur club respectif, dispose d’une colonne vertébrale très solide. Est-on en droit d’attendre qu’elle aille aussi loin qu'en 2021 ? Ils ont entamé la compétition de la meilleure des façons avec cette victoire 3-1 contre la Hongrie…
Gelson Fernandes : Ils ont une colonne vertébrale qui est vraiment très intéressante, parce qu'elle est expérimentée. Ce sont des joueurs de talent avec Manuel (Akanji) et le gardien Yann (Sommer). Il y a aussi Kobel, qui a disputé la finale de la Ligue des champions avec le Borussia Dortmund, et qui est le gardien remplaçant… Et bien sûr, Granit Xhaka, qui a fait une saison extraordinaire avec le Bayer Leverkusen. Effectivement, ils ont bien commencé l'Euro avec un match contre la Hongrie où ils ont pu engranger de la confiance. Et surtout, ils ont une équipe qui est très soudée – d'après les informations que j'ai à l'intérieur du groupe. À voir si cela sera suffisant pour aller plus loin qu’en 2021.
FS Un mot spécifique de votre part sur Xhaka, qui a réalisé une saison fabuleuse avec le Bayer Leverkusen. Sa rencontre face à la Hongrie a été sublime, véritable cerveau et le régulateur de cette équipe.
GF : Quand je parle d’équipe soudée, je pense à Granit (Xhaka), qui est celui qui les guide. C’est le véritable régulateur – comme vous le dites – de la Nati, mais qui est notamment un joueur capable de faire jouer les autres, de donner le tempo. Il est aussi capable de haranguer ses troupes, de les replacer, de faire en sorte de les transcender. Il a été absolument exceptionnel avec son club. Signer là-bas a été un choix courageux de sa part. Et Xabi Alonso lui a fait prendre encore une nouvelle dimension dans ce poste de milieu récupérateur.
FS : La Nati a toujours disposé d’attaquants convaincants. Le plus célèbre est Chapuisat, mais vous avez personnellement côtoyé Frei, N’Kufo, Derdiyok et Seferovic en équipe nationale. Le jeune Amdouni de Burnley est talentueux, mais manque d’expérience. Kwadwo Duah a marqué son premier but en sélection samedi. La Suisse ne risque-t-elle pas de pâtir de l’absence de réel avant-centre de référence sur le front de l’attaque ?
GF : Aujourd'hui, on n'a pas un attaquant qui sort du lot, certes. Mais Breel (Embolo) est de retour de blessure, donc il va apporter beaucoup de bien au collectif, beaucoup de force et de puissance à cette équipe, il donne aussi du dynamisme. Mais voilà, là, il y a des jeunes qui arrivent… C'est vrai qu'Amdouni a été reléguée avec Burnley, mais ça reste un très bon technicien. Duah manque d'expérience à ce niveau-là, mais il a fait un bon premier match. Et il y a encore Shaqiri, qui était sur le banc lors du premier match. Il y a aussi des joueurs de côté et des milieux offensifs qui peuvent se révéler. Je ne pense pas que ce soit un problème. Et comme on l’a vu sur le premier match, ils ont démontré qu'ils avaient de la personnalité et du talent.
FS : Murat Yakin a été extrêmement décrié en Suisse suite à une mauvaise fin de campagne de qualification. Pensez-vous que le choix de la fédération suisse de le maintenir en poste était judicieux ?
GF : Le sélectionneur a été décrié parce que l'équipe n'a pas fait de superbes performances à l'automne. Nous commençons à être parfois impatients… Mais nous ne devons pas oublier que nous sommes avant tout une petite nation. À mon sens, le jeu était présent sur ce premier match et l'équipe a de la qualité technique. Et maintenant, il faut battre l'Écosse et nous serons en 1/8ᵉ de finale.
FS : Shaqiri est toujours là, le voyez-vous capable de porter une nouvelle fois sa sélection lors d’un grand tournoi international ?
GF : Selon moi, Shaqiri est encore capable de rendre service à cette équipe – même encore présentement –, parce qu'il a du talent. Ça ne doit pas être facile pour lui de vivre les matches depuis le banc, mais je ne pense pas que sa carrière internationale soit terminée. Il peut encore briller, il va sans doute briller.
FS : Votre but en 2010 face à l’Espagne avait fait sensation au Mondial d’Afrique du Sud. Grâce à celui-ci, vous aviez été la seule équipe du tournoi à battre les futurs champions du monde. Racontez-nous cet exploit vécu de l’intérieur à l’époque.
GF : Pour mon but… À vrai dire, ce n'était pas vraiment un exploit, parce que j'ai eu tout simplement un peu de chance… c’était un but sur un contre favorable. En face, c’était une très grande équipe d'Espagne. Nous n’aurions jamais pu les rebattre si nous avions rejoué le match dix fois. On a eu de la réussite.