Jude Bellingham, le potentiel contrarié de l'Angleterre
Les Three Lions sont arrivés en Allemagne en rugissant, toutes griffes sorties, clamant haut et fort leur statut de favori. Trois matches et seulement deux buts marqués plus tard, les critiques sont féroces.
Les vice-champions d'Europe ont atteint l'objectif huitièmes de finale (dimanche contre la Slovaquie) avec un jeu parfois laborieux, à mille lieux des promesses du quatuor Harry Kane, Phil Foden, Bukayo Saka et Bellingham.
Le Madrilène, qui fêtera son 21ᵉ anniversaire samedi, a démarré fort contre la Serbie (1-0), du moins en première période où il a marqué, avant de s'éteindre contre le Danemark (1-1) et la Slovénie (0-0), à l'image de ses coéquipiers.
L'Angleterre 2024 ressemble en fait à la France 2021, sortie par la Suisse dès le premier match à élimination directe malgré un empilement de stars offensives, de Karim Benzema à Kylian Mbappé en passant par Olivier Giroud, Antoine Griezmann ou encore Kingsley Coman.
Comme Didier Deschamps à l'époque, Gareth Southgate peut constater que les problèmes de riche restent des problèmes tout court, parfois.
"L'Angleterre a Cole Palmer, Bukayo Saka, Jude Bellingham, Kobbie Mainoo, Phil Foden… des talents énormes, énormes, et nous ne pouvons pas nous permettre de mal les utiliser", a pesté l'ancien international Gary Neville auprès du diffuseur ITV. "Nous sommes le seul pays au monde à nous demander en permanence : Où ces joueurs peuvent-ils s'insérer ?"
"Manœuvres radicales"
Installer Bellingham en N°10, comme au Real Madrid, a réduit à la fois l'influence de Kane, un avant-centre qui aime décrocher pour participer à la construction du jeu, et celle de Foden, exilé sur l'aile gauche alors qu'il a brillé cette saison dans l'axe à Manchester City.
L'ex-international Alan Shearer, reconverti en consultant influent dans les médias anglais, aimerait voir Southgate bouger certaines pièces de son puzzle.
"La façon dont Phil Foden et Bellingham sont utilisés ensemble n'a pas été une réussite", a-t-il écrit dans une chronique pour la BBC Sport. "C'est pour ça que je pense que la meilleure solution serait d'utiliser Bellingham aux côtés de Rice et de placer Foden en N°10."
La piste envisagée par l'ancien buteur de Newcastle aurait deux mérites : d'une part remettre Kane et Foden dans de meilleures dispositions, de l'autre offrir à Declan Rice un associé de haute volée au milieu de terrain. Car le joueur d'Arsenal, titulaire indiscutable, a changé de partenaire d'un match à l'autre, ou d'une période à l'autre : d'abord Trent Alexander-Arnold puis Conor Gallagher et enfin le jeune Kobbie Mainoo, probablement l'option la plus convaincante.
Southgate reverra-t-il ses plans contre la Slovaquie, ce dimanche (18h00) à Gelsenkirchen ? Le vent du changement souffle fort en tout cas dans la presse britannique, très critique envers le sélectionneur.
Certains poussent même pour un électrochoc, à l'image de Ian Wright. L'ancienne gloire d'Arsenal voudrait voir Bukayo Saka jouer latéral gauche pour laisser le côté droit de l'attaque à Cole Palmer, époustouflant à Chelsea et intéressant quand il est entré à l'Euro.
L'ex-international Trevor Steven, passé à l'OM en 1991-1992, a défendu la même idée. "Je mettrais Saka au poste d'arrière gauche, Anthony Gordon sur l'aile gauche, Cole Palmer sur l'aile droite, Phil Foden en N°10 et je ferais redescendre Jude Bellingham en milieu axial avec Declan Rice."
"Nous avons besoin de ce genre de manœuvres radicales pour que l'équipe retrouve de l'énergie", a-t-il insisté sur l'antenne de BBC Radio 5 Live.