L'Allemagne à un mois d'une immense fête populaire sous tension sécuritaire
À six semaines de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août) prévue sur la Seine, point d'orgue d'un très riche été sportif 2024 en Europe (premier enchaînement depuis 2012 d'un Euro puis JO sur le continent), l'Allemagne sera au centre des regards de la planète foot à compter du 14 juin, date du premier match, entre la sélection allemande et l'Écosse, à Munich.
Vice-championne du monde, la France de Kylian Mbappé fait figure de favorite aux côtés de l'Angleterre de Harry Kane et Jude Bellingham, alors que les hôtes allemands se placent en haut d'une longue liste d'outsiders avec l'Espagne, le Portugal ou encore l'Italie, tenante du titre.
Organisé sur l'ensemble du continent, le précédent Euro avait été décalé de douze mois à l'été 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, et s'était déroulé avec des jauges le plus souvent considérablement réduites. Cette fois-ci, finies les restrictions. Les dix stades de l'événement accueilleront 2,7 millions de spectateurs au cours des 51 matches au programme jusqu'à la finale au stade olympique de Berlin.
Les différentes phases de mises en vente des billets ont connu un franc succès, notamment celle du tirage au sort qui a engendré 20 millions de demandes pour un peu plus d'un million de tickets.
Menace islamiste, comme en 2016
Au-delà des détenteurs des précieux sésames, l'Allemagne se prépare à un afflux massif de supporters, prête à les accueillir dans les différentes fan zones des dix villes hôtes, où jusqu'à 12 millions de personnes sont attendues sur l'ensemble du tournoi.
Le conflit au Proche-Orient et surtout l'attentat revendiqué par le groupe État islamique (EI) fin mars à Moscou, qui a fait 144 morts, ont replacé la menace islamiste au premier rang des préoccupations sécuritaires.
Pour l'Allemagne, le risque d'attentat islamiste "est réel et au plus haut depuis longtemps", avait indiqué fin novembre le patron du renseignement intérieur (BfV), Thomas Haldenwang. "Nous mettons tout en œuvre pour repérer tôt les plans terroristes islamistes et les empêcher", a indiqué fin mars la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, dans un entretien au quotidien Handelsblatt. "Pour cela, nous mettons en place tous les moyens policiers et de renseignement."
La ministre avait également annoncé "temporairement", pour la durée du tournoi, le rétablissement des "contrôles à toutes ses frontières".
Un contexte qui n'est pas sans rappeler celui qui avait entouré l'Euro 2016 en France, après les attentats en janvier et en novembre 2015 à Paris et en mars 2016 à Bruxelles. Le tournoi du 10 juin au 10 juillet 2016 s'était déroulé sans incident, dans une ambiance de fête.
Premières listes jeudi
Les préparatifs de la compétition vont donc bon train, l'Allemagne pouvant s'appuyer sur les stades ayant accueilli le Mondial 2006 (sur les dix de l'Euro 2024, seul Düsseldorf n'était pas de la partie).
Sportivement, la compétition va entrer très rapidement dans le concret, dès jeudi avec les annonces à quelques heures d'intervalle des premières listes de joueurs (jusqu'à 26), de l'Allemagne (13h00) et de la France (20h00).
Chef d'orchestre de l'organisation du tournoi, Philipp Lahm a martelé depuis plusieurs mois qu'un tournoi réussi passait par un engouement populaire fort, qui ne peut venir qu'en cas d'une aventure au long cours de la Mannschaft, comme ce qu'il avait vécu comme joueur au Mondial 2006 (3ᵉ place).
La finale de la Ligue des champions le 1ᵉʳ juin à Londres avec le Borussia Dortmund (contre le Real Madrid), quelques jours après la finale de la Ligue Europa à Dublin avec le Bayer Leverkusen (contre l'Atalanta Bergame), doit servir d'échauffement pour les supporters allemands, avant de basculer en mode Euro 2024.