Pour/Contre : Deschamps doit-il quitter son poste de sélectionneur, même avec une victoire à l'Euro ?

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Pour/Contre : Deschamps doit-il quitter son poste de sélectionneur, même avec une victoire à l'Euro ?

Didier Deschamps, soulagé après France-Belgique
Didier Deschamps, soulagé après France-BelgiqueAFP
Après 12 ans à la tête de l'Equipe de France, Didier Deschamps ne propose aucune amélioration dans le jeu des Bleus. Les bons résultats l'ont aidé à se maintenir mais est-ce suffisant ? La question de son maintien se pose, même en cas de victoire le 14 juillet.

POUR

L'Equipe de France est en 1/4 de finale de l'Euro par la voie la plus aride, sans avoir marqué par elle-même le moindre but dans le jeu. La regarder est une souffrance et une perte de temps. Douze ans après son arrivée au poste de sélectionneur, Didier Deschamps continue de proposer un jeu restrictif, peu enthousiasmant, qui résiste au temps grâce à de bons résultats. Certes, beaucoup de pays aimeraient avoir les mêmes réussites mais, après autant d'années, on est en droit d'exiger davantage. C'est même un devoir. 

À un moment où le football peut constituer un dérivatif joyeux en France, cette équipe propose un visage refermé, replié, craintif. Une équipe à l'image du pays actuellement finalement. Jouer défensif peut être un style. Or la France n'en a pas. Commencer des matches à 7 éléments à vocation défensive et un seul créateur, c'est beaucoup trop peu pour un mandat aussi long. À titre de comparaison, Aimé Jacquet qui représente l'alpha et l'omega du coaching en France depuis le Mondial 98 débutait les matches avec Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff, voire Christophe Dugarry. Cela répond à un problème tactique que DD s'est créé de son propre chef : il faut compenser l'absence de travail défensif de Kylian Mbappé. Autrement dit, le manque de volonté d'un seul fait plier l'ensemble du collectif. Ce genre de sacrifices peut fonctionner quand la star est décisive, mais quand elle ne l'est pas, l'histoire n'est plus la même. 

Par ailleurs, même s'ils sont en méforme, Mbappé, Antoine Griezmann et Ousmane Dembélé sont dans cette équipe depuis des années et aucun circuit de passes ne paraît assimilé. Deschamps a donné les clefs à Mbappé mais c'est Griezmann le serrurier. Et le Colchonero est baladé à tous les postes, dans l'espoir de pouvoir éventuellement mettre le capitaine dans une situation favorable. Ce "tout pour Mbappé" est mortifère, d'une part car le néo-Merengue n'est pas particulièrement en jambes et qu'il faut constamment s'adapter à sa volonté farouche de ne pas défendre, d'autre part car l'équipe est trop prévisible. Ce point s'est vérifié aussi avec le PSG quand la pente s'élève : il a fallu faire le vide autour de lui pour le satisfaire, alors qu'il a besoin d'être entouré. 

Le retour de N'Golo Kanté ressemble trait pour trait à celui de Karim Benzema en 2021. Revenu pour être titulaire, le milieu défensif a beau être excellent, cela a forcément porté un coup à ceux qui essaient de se faire une place depuis plusieurs saisons et qui ont atteint la finale du Mondial en 2022. De plus, Deschamps procède à peu de changements, ce qui a pour conséquence de démobiliser une partie de son effectif qui comprend bien qu'elle ne jouera que les utilités, et encore. Youssouf Fofana s'en est plaint à mots couverts et on se demande bien comment le vit Eduardo Camavinga, titulaire en finale de la Ligue des Champions avec le Real Madrid et devenu un sparring partner alors qu'il est l'un des rares joueurs créatifs de cette sélection pour peu qu'on veuille le faire jouer à son véritable poste. 

Avoir une assise défensive est primordial dans un tournoi, mais c'est insuffisant. Au-delà des victoires, il y a des souvenirs, l'empreinte laissée. Deschamps ne bonifie pas son équipe, il la fait vivoter, se contente de coups, de petits miracles qui lui permettent de s'en sortir. Pire que cela : il s'en satisfait et s'en glorifie. C'est du football d'épicier, de petits calculs et ce qui est tolérable pour certains pays qui attendent un grand titre depuis des décennies, qui n'ont pas le vivier suffisant ou ont un nouveau sélectionneur que depuis 18 mois ne peut plus l'être pour un homme en place depuis 2014. Oui, Deschamps a réussi la reconstruction de la sélection et oui, il y a cette deuxième sur le maillot bleu. Mais se contenter du minimum et s'en gargariser, c'est accablant et même insupportable. 

Voir les Bleus doit redevenir un plaisir, bien au-delà des résultats et même avec une victoire à l'Euro. Il faut sincèrement remercier Deschamps... pour mieux le remercier. Mais reste en suspend une question cruciale : existe-t-il un entraîneur français capable de proposer autre chose que du double vitrage, c'est-à-dire insuffler une nouvelle dynamique à l'opposé du "surtout on reste bien en place" qui est la norme à la DTN depus 30 ans ?

CONTRE

Comme toujours, quand une équipe a des problèmes, on blâme l'entraîneur, en l'occurrence le sélectionneur. On peut faire des reproches à Deschamps, aucun problème. Mais pourquoi toujours tout lui mettre sur le dos et épargner les joueurs ? Pourquoi DD serait-il le seul en fin de cycle sur cette compétition ? 

Quels joueurs sont véritablement performants sur cet Euro ? Mike Maignan, William Saliba - qui est un choix de Deschamps, il faudrait voir à ne pas l'oublier - Kanté. C'est tout ? Oui, la majorité des joueurs n'a plus de gaz, et contre la Belgique, les deux tirs cadrés sur 20 frappes, les contrôles manqués et les passes mal assurées ne sont pas de la faute du sélectionneur. On ignore ce qu'on considère comme des détails insignifiants, comme la méforme des joueurs, la baisse de qualité individuelle, le manque d'envie, le réservoir pas aussi profond que six ans en arrière... 

Deschamps a néanmoins une part de responsabilité. Tatônnant sur le système adéquat, frileux sur ses changements en cours de match, de plus en plus capable de céder à la vindicte populaire (cf Griezmann remplaçant contre la Pologne), le sélectionneur subit l'usure du temps au poste le plus exposé du sport français, aucun doute là-dessus. Mais sans allez jusqu'à "seule la victoire compte", ses succès passés ne lui donnent-ils pas le droit de traverser une compétition sans qu'on remette sa place en cause après chaque match ? 

D'autant que certains ont la mémoire courte. C'est la sixième fois que Deschamps mène les Bleus en phase finale d'un Euro ou d'une Coupe du monde. En quelle année la phase de poule a été enthousiasmante ? 2014 dans un groupe infiniment faible. Le reste du temps, les Bleus étaient en galère. Et en phase à élimination directe ? Pareil, à deux trois exceptions près (Allemagne 2016 par exemple). Voilà ce que ça coute d'avoir un sélectionneur prêt à tout pour l'emporter : on sacrifie la beauté du jeu qui a fait la réputation de la France dans les années 80, qui a fait que Séville 82 est le plus grand match de l'histoire des Bleus, un match perdu... 

Deschamps était redevenu un héros national en 2018 après le sacre en Coupe du monde. Quelques mois plus tard, certains demandaient sa tête après que les Bleus aient échoué à se qualifier pour les phases finales de la Ligue des Nations, arguant que toutes les compétitions devaient être remportées par la France au vu de son statut. Les mêmes qui n'accordent aucune valeur à... la victoire en Ligue des Nations 2021 au moment de défendre le bilan du sélectionneur. 

Dire "la chatte à DD", c'est facile quand ça gagne. Et si la France ne remporte pas l'Euro, la FFF pourrait elle aussi céder à la vindicte populaire et renvoyer le plus grand sélectionneur de son histoire. Pour mettre qui ? Zidane ? C'est ce que réclame la populasse. Remplacer une légende par une légende, cela a du sens. Néanmoins, on doute que ZZ, dont la seule expérience d'entraîneur a été certes couronnée de succès, mais avec dans les mains un groupe 5 étoiles, ait la carrure pour reconstruire. Mais c'est un autre sujet.

En attendant ce jour qui finira tôt ou tard par arriver, la France n'est qu'à trois matchs d'un sacre, qui ne resterait pas dans les mémoires pour la qualité du jeu pratiqué - comme cet Euro - mais qui consacrerait Deschamps comme le gagneur qu'il est. Et tout le monde défilera sur les Champs-Élysées en demandant pardon. Le football, c'est les émotions, mais aussi les résultats. Chacun est libre de choisir son camp. 

France gouvernement

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