Ralf Rangnick et l'Autriche, une collaboration qui va prendre la lumière à l'Euro
En 22 rencontres dirigées, Ralf Rangnick est parvenu à faire gagner l'Autriche 13 fois, un très beau ratio pour une sélection de cette envergure. Surtout, elle n'a pas perdu depuis le 13 octobre dernier à l'occasion de la réception de la Belgique durant les éliminatoires de l'Euro, soit sept rencontres consécutives sans défaite.
Certes, Rangnick dispose d'une belle génération et de très bons joueurs d'expérience, mais ce succès récent est tout à son honneur. Premier adversaire de la France le 17 juin, l'Autriche possède de nombreuses caractéristiques pour être érigé en épouvantail de la compétition. Alors forcément, dans ce groupe D, les Bleus vont devoir s'en méfier, d'autant qu'il est très important de débuter de la meilleure des manières.
Mais en quoi l'ancien entraîneur de Manchester United est parvenu à faire de la sélection autrichienne un collectif performant ?
Une science tactique efficace
Réputé pour sa philosophie de jeu offensive, Rangnick n'a jamais cessé d'entretenir son image, de près ou de loin, d'entraîneur intellectuel. Souvent dans l'ombre et parfois dans la lumière, l'ancien technicien d'Hoffenheim a été à l'origine de toute une école en Allemagne. Jürgen Klopp est probablement son disciple le plus connu et celui qui a connu la plus belle réussite.
Ces dernières années, l'homme de 65 ans est arrivé sur le devant de la scène lorsque l'état-major des Red Devils est venu le chercher pour prendre la suite d'Ole Gunnar Solskjær en décembre 2021. Malheureusement pour lui, l'aventure n'a duré qu'une moitié de saison, mais il a su rebondir en acceptant de devenir le sélectionneur de l'Autriche. Un pays qu'il connaît très bien, car c'est Ralf Rangnick qui a été l'un des bâtisseurs du projet Red Bull dans le monde du football : à Salzburg et à Leipzig.
Depuis plus d'une décennie, l'Allemagne et son voisin ont été des laboratoires pour ses idées : celles d'un football basé sur l'intensité, le travail sans ballon et la verticalité. Simplement appelé "gegenpressing", cette philosophie de jeu a été la base d'un succès majeur outre-Rhin. Face au jeu de position issue de l'école de Johan Cruyff notamment, elle a su faire gagner des titres majeurs et à la base, il y a eu Rangnick. C'est ce dernier qui a finalement modelé en partie la Bundesliga telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Un certain Marco Rose, par exemple, tente de faire vivre ses idées au RB Leipzig – avec plus ou moins de succès. Mais, surtout, il y a encore quelques années, on aurait difficilement imaginé un théoricien à la tête d'une sélection. Et, paradoxalement, c'est un choix qui tend à se justifier de la meilleure des manières. Pourquoi ? Tout simplement, car sur le temps d'un tournoi comme celui d'un Euro, un entraîneur capable d'exécuter un plan de jeu aussi efficace que celui d'un football de transition peut être dévastateur.
Cela ne signifie pas que cette Autriche va constituer la surprise de cette édition 2024, mais nul doute qu'elle a de très bons atouts en sa faveur, dont Ralf Rangnick… qui dispose de joueurs parfaitement imprégnés de ses idées.
L'ancien directeur sportif du RBL le sait, cet Euro représente un test idéal afin de tester son animation collective. Car, oui, depuis deux ans, l'Autriche montre de très belles choses sur le terrain. Des buts, du spectacle, une solidarité à toute épreuve et des intentions claires avec et sans ballon. Et, à l'arrivée : des résultats positifs. Facilement qualifiée lors des éliminatoires aux côtés de la Belgique, cette sélection emmenée par Marko Arnautovic et Marcel Sabitzer voit une montagne se dresser devant elle.
Dans un groupe composé des Bleus, des Oranje et des Polonais, les Autrichiens vont devoir se surpasser pour espérer rallier les 8ᵉˢ de finale, mais une chose est sûre : le plan de jeu de leur sélectionneur pourrait bien en surprendre plus d'un.