Manchester City vise le doublé, mais United n'a plus qu'une chance d'accrocher l'Europe
Le bleu ciel et le rouge vont colorer les 90.000 sièges de Wembley, temple du football anglais recouvert d'un parfum sulfureux, comme à chaque fois que les voisins ennemis croisent le fer.
Preuve des tensions possibles, chaque camp est prié d'emprunter des autoroutes différentes pour rallier Londres avant le coup d'envoi, donné plus tôt qu'habituellement sur les conseils de la police.
L'affiche est la même que celle de l'an dernier. Manchester City l'avait emporté 2-1 et sera de nouveau le grand favori.
L'équipe de Pep Guardiola vient de remporter le championnat pour la quatrième fois consécutive, une série inédite au royaume du football, et peut ajouter samedi une nouvelle page glorieuse à son épais livre d'or.
Jamais en effet une équipe n'a réussi le doublé Premier League/Coupe d'Angleterre deux années de suite.
Ses premiers supporters seront Chelsea et Newcastle, sixième et septième du dernier championnat. Pourquoi ? Parce qu'une victoire de City permettrait aux "Blues" d'être surclassés en Ligue Europa la saison prochaine, et aux "Magpies" de devenir européens via la Ligue Conférence.
Au pays du Brexit, l'Europe est justement le dernier espoir auquel s'accroche Manchester United au bout d'une saison irrégulière, décevante et parfois chaotique.
Battre l'armée de Phil Foden, Kevin De Bruyne et Erling Haaland pour la première fois de la saison, après des défaites 3-0 et 3-1 en championnat, permettrait d'accéder directement à la phase de groupes de la Ligue Europa.
Ten Hag sous pression
En cas d'échec, en revanche, la finale de la "Cup" pourrait être le dernier match d'Erik ten Hag.
"Je n'ai rien à dire", a rigolé jeudi l'entraîneur, interrogé en conférence de presse sur cette possibilité. "Je me concentre sur le travail que j'ai à faire, c'est-à-dire gagner le match de samedi, et ensuite nous sommes dans le projet. Continuer à avancer dans le projet".
L'ancien entraîneur de l'Ajax Amsterdam sait pourtant que l'heure du bilan viendra ensuite, et qu'il n'est pas forcément à son avantage. "Bien sûr, après chaque saison, on fait le point et on voit où on en est dans le projet et ce qu'il faut changer", a-t-il concédé.
Le nouvel actionnaire minoritaire Ineos, dirigé par Jim Ratcliffe, devra déterminer si le déclin de l'équipe au maillot rouge tient dans la gestion du Néerlandais, ou s'il reste l'homme de la situation.
Factuellement, Manchester United a échoué à la huitième place en championnat, son pire classement de l'ère Premier League (lancée en 1992), avec quatorze défaites et une différence de buts négative à l'arrivée.
Les trois derniers mois ont été particulièrement laborieux pour les pensionnaires d'Old Trafford, avec seulement quatre victoires lors des treize derniers matches, une série marquée par la claque 4-0 reçue chez Crystal Palace début mai.
Le déplacement à Selhurst Park a symbolisé les failles mancuniennes. D'abord, une défense décimée par les blessures, bricolée avec le vétéran Jonny Evans et le milieu défensif Casemiro. Ensuite, une apathie collective et un déficit de talent individuel.
Ces errements ont aussi été perceptibles en Coupe d'Angleterre. Les Mancuniens ont bataillé pour éliminer 4-2 les Gallois de Newport, alors, seizièmes de League Two (D4). Ils ont aussi gâché une avance de trois buts, frôlé l'élimination en prolongation et finalement écarté Coventry (D2) en demi-finale aux tirs au but.
A contrario, la formation de ten Hag s'est sublimée en quarts contre Liverpool (4-3), en égalisant à 2-2 à l'approche de la fin du temps réglementaire, avant de renverser les "Reds" de Jürgen Klopp grâce à deux buts inscrits en prolongation.
Il faudra au moins afficher la même envie samedi à Wembley pour terrasser City et éviter une saison sans Europe, dix ans après la dernière.