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Antoine Griezmann, le parcours initiatique du Petit Prince devenu Roi colchonero (1re partie : 2015-2019)

Julie Marchetti
Antoine Griezmann, choisissant sa célèbre célébration "hotline bling" pour fêter sa très bonne saison avec les supporters de l'Atlético.
Antoine Griezmann, choisissant sa célèbre célébration "hotline bling" pour fêter sa très bonne saison avec les supporters de l'Atlético.AFP
Désormais au panthéon des buteurs de l’Atlético de Madrid avec 173 réalisations, Antoine Griezmann partage l'affiche avec Luis Aragonés et tient à jamais une place spéciale dans les cœurs colchoneros. Une prouesse sur laquelle beaucoup n’aurait parié et qui témoigne de la grande carrière de celui qu’on surnommera peut-être à présent le "Grand Prince".

Il l’a fait. Antoine Griezmann est devenu ce mardi le meilleur buteur de l’histoire de l’Atlético de Madrid, à égalité de réalisations (173) avec Luis Aragonés, légende et joueur incontestablement adulé par tous les Colchoneros. Le Français, Madrilène d'adoption, atteint une dimension inégalée dans son club. Mais la carrière rojiblanca du "Principito" n'a pas été linéaire et, finalement, correspond bien à la philosophie de l'Atlético. 

Un début discret pour une évolution instantanée

Tous les Espagnols vous le diront. Antoine Griezmann n’a pas le flegme habituel des Français évoluant en Liga. Et pour cause : il a été adopté par les Basques et a lui-même pris goût au savoir-vivre des habitants de la péninsule ibérique dès ses 13 ans, quand il est arrivé au centre de formation de la Real Sociedad

Une adaptation qui l’a forgé et lui a surtout permis d’être qui il est aujourd’hui, autant dans la vie de tous les jours avec son accent franchouillard bien effacé que dans son jeu. Parfait produit d’une formation se focalisant d’abord sur la technique avant de considérer la taille et la puissance des attaquants, il a évolué considérablement pour devenir le joueur qu’on connaît. Français, Espagnol et toutes les subtilités directes qui s'y raccrochent.

C’est sous la houlette de Martín Lasarte puis, sacré coup de pouce du destin d’un autre Français, Philippe Montanier, que le joueur a fait ses débuts à la Real. Il passe professionnel à San Sebastián et reste cinq années après son apprentissage (2009-2014). De la Segunda à la Ligue des champions, Griezmann a connu une ascension vers le succès à la vitesse de la lumière. Jeune en vogue du côté des Txuri-urdinak, il a été propulsé au rang de "bon joueur" et recrue désirable par plusieurs clubs espagnols. 

Et parmi eux, il y avait l’Atlético de Madrid. Tout juste champion national, le club de la capitale espagnole a été privilégié par le "Petit Prince" qui n'a pas répondu aux sollicitations d’autres équipes anglaises. A Madrid, il pouvait continuer sa vie en Espagne et, à Madrid… il pouvait devenir quelqu’un. 

"Je savais qu’il serait bon"

C’est à l’été 2014 que Griezmann débarque. Attaquant prodige, il suscite l'intérêt et la curiosité et est accueilli avec enthousiasme par les supporters colchoneros. D'après eux, il va pouvoir régénérer l’effectif qui vient de gagner la Liga, la première depuis le doublé en 1996. Il ouvre également une nouvelle page de l'ère Diego Simeone

"Je savais qu’il serait bon. Il était celui qui prenait toute la lumière à la Real Sociedad. Il était jeune, il avait du potentiel… ", se souvient Antonio Sans, président de la peña britannique de l’Atlético. "Bien sûr, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Donc nous étions contents. Il pouvait grandir chez nous. Mais il devait aussi s’adapter à Diego Simeone, à sa nouvelle équipe… On avait vu avant avec d'autres joueurs que cela n’était pas toujours le cas…". 

Antoine Griezmann en 2015.
Antoine Griezmann en 2015.AFP

Mais le Français s’adapte. Et pas qu’un peu. A Madrid, il rayonne encore davantage et se familiarise très bien avec sa nouvelle équipe. Epaulé par Diego Godin et la "bande" uruguayenne des Rojiblancos, il se crée un nouveau cocon et s’installe durablement dans la ville, autant sur le terrain qu’en dehors de ce dernier. 

Chargé de suppléer Mario Mandžukić en pointe et dans un 4-1-4-1, il monte très vite en grade et signe son premier triplé avec le club le 21 décembre 2014. Sa première saison est une franche réussite, aussi bien sur le plan personnel que pour le club puisqu’il inscrit 25 buts et se place aux côtés de Lionel Messi et Luis Suárez dans l’équipe type de Liga du mois d’avril 2015. Il pique même la vedette au Croate qui décide de partir après une seule année au club. La machine est en marche. L'évolution aussi.

En 2015-2016, "El Principito" passe encore des paliers. Désormais correctement installé et bien en phase avec les ordres de Simeone, il gagne en régularité, et accumule buts et passes décisives. A l'instar de sa 1re saison, il est un titulaire indiscutable et plante de magnifiques frappes. 

 "Tout s’est enchaîné très vite", racontait le numéro 7 dans son autobiographie, Derrière le sourire, parue en 2018. "El Cholo disait que j’étais beaucoup plus qu’un simple ailier. Il disait aussi "plus il sera proche du but, plus il explosera en tant que footballeur. Il faudra qu’il y travaille un certain temps pour exploiter toutes ses caractéristiques : les changements de direction, les diagonales courtes, le jeu entre les lignes, le jeu dos a but et un bon tir à mi-distance. Nous espérons du jeune joueur important qu’il est qu’il commence à devenir un homme et un joueur tout aussi important"". 

Ce qu'il ne tarde pas à développer également. Détenteur d’une large palette de jeu qu’il met à disposition de l’équipe madrilène, Griezmann n’en est qu’aux prémices de ce qu’il atteint aujourd’hui, près de huit années après. Il fait sensation et porte l’équipe autant en Liga qu'en Ligue des champions. Très bon finisseur, rapide dans les transitions, il acquiert le statut de star.

"Tout le monde parle des légendes d’antan. Mais parmi la nouvelle génération, il était déjà une légende du club dès ses premières années. Il a égalé Fernando Torres dans l’esprit et le cœur de tout le monde. Il a grandi avec nous, et lors de sa seconde saison, il était déjà sur le chemin qui le mènerait au statut de héros. C’est celui que tu mettais en avant quand tu parlais du club, celui dont tu étais le plus fier quand tu discutais avec d’autres supporters. Il a laissé son empreinte dès ce moment-là", explique Antonio Sans.

C’est également en marquant contre le Real Madrid au Santiago-Bernabéu que Griezmann fait sensation cette année-là. Emmenant son équipe jusqu’en finale de la Ligue des champions, il ne peut en revanche rien faire face aux Merengues et manque un penalty en début de deuxième période. Pourtant, personne ne lui en veut parmi les Colchoneros. "Il a eu le courage de tirer, rappelle Antonio Sans. Les gens étaient déçus mais ne lui en ont pas voulu. Au contraire, ils étaient plus inquiets de voir comment cela allait l’affecter".

Ce qui n’a en réalité fait que le galvaniser. Après cette finale perdue en 2016, Griezmann franchit un cap dans sa popularité auprès des Français après la Coupe du monde 2014, celle du renouveau des Bleus 4 ans après Knysna. À domicile, il réussit un Euro fantastique. "Il était devenu le chouchou, on le découvrait plus. Il était formidable", se souvient Arnaud Ramsay, auteur de son autobiographie. 

S’améliorant ensuite de semaine en semaine, il sert son équipe et son club comme il l’a toujours fait. Et même si 2016-2017 ne signe aucun succès, Griezmann se perfectionne, notamment dans son placement sur le terrain. A l’aide de sa vision du jeu et de son esprit collectif, il contribue largement au maintien de l’Atlético au haut niveau, malgré des passages à vide sur la scène européenne.

"C’est quelqu’un d’extrêmement intelligent. Ses déplacements en sont la preuve. Et il met cette intelligence au service du collectif. A l’Atlético, il a trouvé tout un environnement propice à son épanouissement, un coach et des partenaires qui l’ont toujours encouragé ", affirme Arnaud Ramsay. 

Une autre caractéristique qui a son importance pour que le joueur réussisse. S’il est en confiance, ne se met pas la pression et pratique aisément son football, Griezmann fait des merveilles. Au contraire, sa réussite peut être moindre si ce n’est pas le cas. "Il marche comme cela, aux ondes positives et négatives", précise Arnaud Ramsay.

C’est pourquoi, en 2018, malgré la déception d'être reversé en Ligue Europa après une phase de groupes achevée à la 3e place, il se donne à fond pour remporter le trophée. Quand il est comme ça, sa valeur est décuplée. Replacé en faux 10, tournoyant autour de Diego Costa, il oriente le jeu. Le tout en marquant toujours. "L’un de mes meilleurs souvenirs de lui sous le maillot rouge et blanc est son but contre Arsenal, à l’Emirates Stadium, lors du match aller en demi-finale, confie Antonio Sans. Ce jour-là, il a fait un match splendide et a prouvé encore une fois qu’on pouvait compter sur lui, même si l’équipe ne suivait pas forcément toujours". 

Et en cela, Griezmann est également spécial. Malgré les mauvaises performances de l'Atlético, il a la capacité de toujours se donner à 100% pour le soutenir à bout de bras. Il se projette, il tente, il distribue et espère que cela va fonctionner. Sa force mentale et son dévouement sont loués par les supporters colchoneros. 

Même s'il aime le Stade Vélodrome et que l'OM ne le laisse pas insensible, pas de place pour les sentiments : il remporte la C3 cette année-là. La fontaine de Neptune, lieu traditionnel pour les célébrations de l’Atlético, est prise d'assaut. A ce moment-là, il a le sourire. Il est heureux. Personne ne se doute qu’une saison plus tard, et après de longs matchs sans que rien n'aille vraiment dans le sens de l'équipe, l’idole va partir au FC Barcelone et devenir une star déchue. 

Il se transforme en son propre medium de communication. Il médiatise son vrai-faux départ avec le documentaire La Decisión qui agite la période avant le Mondial en Russie. Tout juste champion du monde, il remercie le Cholo Simeone pour tout ce qu'il lui a apporté dans sa carrière et entreprend de tourner une page. Ses deux là semblent inséparables.

"Grizi" reste une saison de plus mais refuse de prolonger en 2019. L'idole tombe de son piédestal au moment où il fait ses valises pour la ville catalane.

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