Si maintenant Vinicius Jr. commence à dézoner...
Vinicius Jr. peut exaspérer. Il chambre, il râle et il peut sortir de son match. Ça, c'est la version espagnole, celle qui s'accompagne régulièrement d'injures à caractère raciste. Quand il joue la Ligue des champions, le Brésilien est dans sa zone. Il est attentif au jeu de ses coéquipiers, réclame l'appui du Bernabéu mais jamais, il ne se départ de sa concentration. Et c'est peut-être lors des rendez-vous continentaux que l'on s'aperçoit le mieux l'étendue de son évolution. La preuve est statistique : 7 buts, 5 passes décisives, 11 matches d'affilée en étant décisif et seulement 1 carton jaune cette saison.
À la 18e minute, c'est par son positionnement axial que le Real Madrid déclenche son premier vrai mouvement construit : il trouve Rodrygo qui peut à son tour lancer Karim Benzema, devancé d'un souffle par Ederson.
À plusieurs reprises, Vinicius a délaissé quelques instants son côté gauche fétiche pour toucher des ballons, défendre, orienter à la récupération. Ce n'est pas encore du Benzema, mais c'est un marqueur du développement de ses facultés de déplacement. Moins à l'aise côté droit car cela le contraint à rentrer sur son pied faible, il a mangé son pain noir avec Zinedine Zidane avant que Santiago Solari ne lui offre une véritable opportunité de l'autre côté.
Il lui a fallu du temps à Vinicius pour devenir létal, épurer son jeu. Certes, il a gardé cette étincelle qui le rend toujours imprévisible mais il la met au service de son efficacité. Cette caractéristique correspond à son évolution situationnelle en fonction de l'action. Sur la percée d'Eduardo Camavinga, c'est lui qui occupe le rôle d'attaquant de pointe. Il ne croise pas son appel mais sollicite le ballon. À plus de 20 mètres, il effleure le ballon en guise de quasi-contrôle et frappe, à mi-chemin entre l'instinct et la rationalité. Ce n'est pas une frappe enroulée en visant le second poteau. C'est soudain et techniquement impeccable. C'est le geste d'un joueur qui évolue, élargit son champ d'action et prend des initiatives dans un secteur où il est encore en apprentissage.
Les critiques les plus acerbes concernant Vinicius Jr., il y a deux ou trois saisons, oublieuses de l'âge de l'Auriverde, de sa jeunesse, de sa marge de progression étaient présomptueuses et péremptoires. Solution de facilité pour le jeu merengue de la part d'une équipe qui se remet de plus en plus à ses qualités qui vont au-delà du dribble, le n°20 de la Casa Blanca élargit sa palette et, d'une certaine manière, s'inspire de KB Nueve pour anticiper la passation de pouvoir en pointe. Vinicius est déjà un grand : il est en passe de devenir un très grand.