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À peine plus de trois mois après son arrivée, Adi Hütter fait déjà l'unanimité sur le Rocher

Eliott Lafleur
Adi Hütter lors du match à Reims le 7 octobre.
Adi Hütter lors du match à Reims le 7 octobre.FRANCOIS NASCIMBENI/AFP
Pour sa première expérience non-germanophone, Adi Hütter réalise un superbe travail. Avec 17 points glanés en 8 journées, son AS Monaco effectue son meilleur départ depuis six ans et être leader à ce stade du championnat n'était plus arrivé depuis dix ans ! Sur le plan offensif, seul Leonardo Jardim avait réussi à rendre l'ASM aussi performante ces dernières années. Décryptage du phénomène.

"Nous savons que nous avons un jeu à risques, peut-être plus que les autres formations, mais j’aime jouer de cette manière, de façon très offensive ! Beaucoup de spectateurs sont venus voir le match, et je pense qu’ils souhaitaient assister à ce genre de matchs. Nous avons les joueurs pour développer ce football, marquer 3-4 buts", a-t-il déclaré après la victoire à Reims il y a deux semaines. Des mots qui résument plutôt bien sa pensée footballistique, comme il l'a pu le prouver en Allemagne ces dernières années. 

Il s'est particulièrement distingué à l'Eintracht Francfort (2018-2021), un peu moins avec le Borussia Mönchengladbach (2021-2022), la faute à une concurrence importante en Bundesliga, mais il a laissé l'image d'un entraîneur qui accordait beaucoup de place au jeu proposé.

Sans club durant la saison dernière, l'Autrichien de 53 ans, qui a gagné ses lettres de noblesse au Red Bull Salzbourg et au Young Boys durant la dernière décennie, a eu le temps de recharger ses batteries. Et, quand les dirigeants de l'AS Monaco l'ont contacté pour qu'il devienne le successeur de Philippe Clement, un technicien dont les principes de jeu étaient sensiblement les mêmes. 

Oui, le Belge n'a finalement pas vraiment convaincu durant son mandat d'un an et demi, mais initialement, il avait été engagé pour développer un football attractif où l'intensité était le maître-mot – comme il l'avait démontré au Club Brugge auparavant. Avant lui, Niko Kovac prônait la même identité de jeu. L'état-major monégasque se montre donc relativement cohérent concernant les entraîneurs engagés et prouve qu'il y a un vrai travail de fait… même si les résultats n'ont pas toujours été au rendez-vous.

Sauf qu'avec Hütter, la mayonnaise semble avoir déjà prise. Meilleure attaque de Ligue 1, 8ᵉ meilleure défense ex-aequo avec Reims, Marseille et Strasbourg, l'équilibre a été trouvé. Et, lorsqu'on regarde les statistiques avancées, les Monégasques n'ont pas usurpé leur succès. Ils souffrent même d'un manque de réussite défensive – 7,81 de xGA soit le 3ᵉ meilleur total derrière le PSG et l'OM.

"Je voudrais avant tout rendre hommage à notre défense qui a été héroïque, à commencer par Philipp Köhn, Guillermo Maripán, Wildried Singo, mais aussi Youssouf et Denis. C’est certain qu’on voit plus facilement les attaquants se mettre en évidence, mais au bout du compte, c’est un travail d’équipe", a affirmé Hütter après Reims.

Une adaptation express

Cet AS Monaco version 2023-2024 dégage une atmosphère très saine. On sent un collectif déjà très infusé par les idées de son entraîneur et tout le monde tire dans le même sens. Souvent, ces ingrédients suffisent pour réaliser de très belles choses. Sans penser au titre, imaginer le club du Rocher finir sur le podium au mois de mai ne relève absolument pas de l'utopie.

Et, pouvoir rêver de nouveau doit donner une grande bouffée d'air frais à l'entièreté du club. Malgré les tourmentes qui existent autour de Wissam Ben Yedder, on sent un ASM imperturbable, signe que tout le monde tire dans le même sens pour espérer les meilleurs résultats possibles. Hütter est forcément plus ou moins impliqué dans cette réussite-là. Arrivé avec deux adjoints autrichiens, l'ancien du Borussia Mönchengladbach semble déjà très à l'aise dans cette Ligue 1.

Une volonté de contrôler les événements, du pressing et du contre-pressing, un collectif qui imprime un gros rythme avec et sans ballon, plutôt intéressant sur coup de pied arrêté, beaucoup d'occasions créés à chaque match, la sauce commence à prendre, car sublimée par certaines individualités très efficaces. 

Mais collectivement, il faut savoir que les Monégasques se distinguent par le 2ᵉ meilleur "PPDA" du championnat : 9,35. C'est-à-dire que les adversaires effectuent en moyenne 9,35 passes avant que les joueurs d'Adi Hütter fassent un tacle, une interception ou une faute. Cet indicateur nous renseigne sur l'efficacité du pressing. Ainsi, seul le Paris Saint-Germain fait mieux que Monaco. Et, ce n'est pas anodin, tant l'Autrichien s'est démarqué, dans le passé, par son attrait pour le "gegenpressing".

17,56 d'xG, 16,91 d'xPoints, là encore, il n'y a que le PSG qui fait mieux en Ligue 1 jusqu'à présent. Toutes les statistiques avancées le montrent : le club du Rocher mérite ses résultats, car dans les faits, les performances sont là, week-end après week-end.

Wilfreid Singo en défense centrale, Caio Henrique et Vanderson dans les couloirs, Takumi Minamino et Ben Yedder en attaque, ainsi que Youssouf Fofana et Aleksandr Golovin au milieu, Hütter dispose de très bons joueurs pour permettre à son animation de jeu de fonctionner. Finalement, l'éco-système monégasque agit positivement, car tous les éléments sollicités travaillent de façon cohérente. Et, cela risque de durer.

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