Ineos et Nice, une aventure qui commence à tourner au vinaigre
Depuis trois ans et demi et son achat de l'OGC Nice, le milliardaire Jim Ratcliffe a peu eu l'occasion de s'enflammer. Hormis peut-être à Monaco, le 26 février, lorsque l'équipe de Didier Digard, qui écrasait tout, avait humilié l'équipe de la Principauté (3-0).
Ratcliffe et son clan paraissaient alors joyeux. Le propriétaire d'Ineos ne se doutait pas que la mode Rouge et Noire venait alors d'atteindre son paroxysme. Depuis, c'est l'encéphalogramme plat au niveau sportif : deux victoires contre les Moldaves de Tiraspol en dix matches...
Digard ne sait plus faire gagner l'équipe qu'il a prise en main en janvier. "La victoire nous manque", disait l'entraîneur avant Brest dimanche dernier. Depuis, ses hommes se sont inclinés deux fois, voyant s'envoler une possible qualification européenne via le championnat et une demi-finale de Ligue Europa Conference.
La gestion de son effectif, ses choix stratégiques et son coaching durant les rencontres ont été scrutés et analysés en interne chez Ineos. Avec une question essentielle : est-il l'homme de la situation pour la saison prochaine ? La question n'est pas tranchée en interne. Mais deux courants se distinguent.
Quid de Digard ?
Nommé directeur sportif du club en octobre, Florent Ghisolfi milite pour le garder. Aura-t-il, comme à Lens, la latitude de continuer à mettre en place ce qu'il souhaite ? Ce n'est pas certain. Car au sein d'Ineos Sports et au plus haut niveau de l'entreprise, la vision n'est pas forcément identique. La volonté d'attirer un entraîneur renommé à la stature internationale a toujours existé.
Pourtant, le projet Ineos demeure flou et son attractivité reste relative. D'abord, les entraîneurs valsent. Sous l'ère Ineos et après une première saison tronquée par le Covid mais qui a permis une qualification européenne heureuse, Patrick Vieira, Adrian Ursea, Christophe Galtier, Lucien Favre et Digard se sont succédé. Sans succès. Ensuite, Nice, où la finale de Coupe perdue la saison dernière reste un traumatisme, ne peut pas se targuer d'être devenu un grand de France, ni au niveau des résultats, ni au niveau de la qualité de son effectif, moins performant que l'an dernier.
"On a envie de passer un cap", expliquait Digard après la désillusion contre Bâle, interrogé sur la stratégie globale alors qu'aucun dirigeant n'est venu répondre à la presse. "Ce n'est pas évident", a-t-il poursuivi. "Cela se joue à peu et ne tourne pas en notre faveur. Il va falloir trouver la formule pour continuer à vivre des échéances importantes et à les remporter."
Ratcliffe entretient le flou
Sur quelles bases mettre en place cette formule ? Les semaines à venir seront également déterminantes en ce sens. Le vestiaire, au sein duquel les non-dits foisonnent, continue de ressasser "l'affaire Galtier". Jusqu'alors, Digard et Ghisolfi avaient uni les joueurs autour du projet commun européen, désormais évanoui.
Certains seront entendus dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nice. Y aura-t-il des divergences entre leurs visions et la façon dont le club mais aussi, en amont, Ineos ont traité le dossier ? Peuvent-elles être source de tension ? C'est aussi ce à quoi la direction du club devra savoir faire face. L'actuel président Jean-Pierre Rivère se fait discret. S'il a précisé au quotidien Nice-Matin avoir été entendu par la justice, il n'a rien dévoilé. En début de saison, il avait annoncé que tout le monde comprendrait le Projet Ineos à partir de février. Depuis, Jean-Claude Blanc a été nommé PDG d'Ineos Sport, sans autre précision.
Enfin, ce projet est flou aussi et surtout parce que Ratcliffe lui-même entretient ce flou. Il est propriétaire de Nice mais rêve de Manchester United. Depuis le début de la saison, ses représentants communiquent plus souvent sur son offre de rachat pour le club anglais (après celle ratée pour Chelsea), que sur les orientations futures de l'OGC Nice. Et lui, qui vit à Monaco, est plus habitué des loges du Monte Carlo Country Club, que de celle de l'Allianz Riviera.