Le clash du dimanche : Malick Fofana x Luis Henrique
Malick Fofana, le finisseur
C'est l'une des armes de Pierre Sage après l'heure de jeu. Au moment d'opérer ses changements, l'entraîneur de l'Olympique Lyonnais sait qu'il peut faire très mal avec Malick Fofana. Le Belge, acheté à prix d'or l'hiver dernier à Gent pour près de 20M€, a déjà montré qu'il avait de la nitroglycérine dans les cuisses. Capable de démarrages foudroyants, l'ailier gauche fait très mal, surtout quand son vis-à-vis ressent la fatigue et ne peut suivre le rythme.
Titularisé une seule fois cette saison, contre Monaco (défaite 2-0), Fofana n'avait pu surnager, à l'image de son équipe, totalement dépassée. En revanche, à Strasbourg, son entrée en jeu en compagnie de Gift Orban a tout changé, alors que l'OL perdait 3-1 et s'aventurait vers une troisième déroute.
Ses facultés de déstabilisation ont, à l'heure actuelle, peu d'équivalent en Ligue 1 et même s'il doit encore se développer, son apport dans le jeu des Gones pour finir les matches est particulièrement précieux. Car au-delà du joueur frisson qu'il est devenu immédiatement, Fofana sait faire jouer ses coéquipiers et ne profite pas de sa vitesse pour amuser la galerie.
Toujours utilisé à gauche (il a remplacé Orel Mangala contre Rennes, Georges Mikautadze contre Strasbourg et Abner Vinicius contre Lens, l'international U21 des Diables Rouges dispose d'un registre déséquilibrant qui le rend imprévisible et donc potentiellement décisif. Le genre de joueur qui peut tout faire basculer en quelques instants.
Luis Henrique, la belle surprise
Il fut l'un des premiers gros investissements de Pablo Longoria à l'Olympique de Marseille. André Villas-Boas espérait un 9 de métier, mais l'Asturien lui avait dégoté un ailier qui n'a pas convaincu du tout. Envoyé en prêt à Botafogo, son club formateur où il fut acheté 8M€ en 2020, Luis Henrique n'était pas programmé pour reporter un jour le maillot bleu et blanc. Et puis la saison calamiteuse de l'OM lui a permis de retrouver progressivement sa place à son retour en janvier dernier, au point de devenir un titulaire avec Roberto De Zerbi. "Je me sens très en confiance, le coach m’en donne beaucoup aussi et j’essaie de la lui rendre", expliquait-il après la victoire contre Nice (2-0).
Quand on est pris en grippe par le Vélodrome, il est quasiment impossible de retrouver ses bonnes grâces. André-Pierre Gignac y était parvenu et le Brésilien est en passe de l'imiter. Mieux : il a prolongé 4 ans l'été dernier.
Utilisé comme ailier capable de revenir sur son pied droit, Luis Henrique s'est fondu dans le collectif, devenant bien plus qu'une variable d'ajustement. Bien au contraire, il est devenu un titulaire en puissance, 4 fois dans le XI de départ lors des 4 premières journées. Contre Nice, il a inscrit un but subtil, un enroulé du droit en pleine lucarne après une remise parfaite d'Amine Harit.
Une réalisation venue couronner un premier mois de compétition impeccable avec un doublé contre Brest, deux passes décisives contre Toulouse (toutes ses passes dans le camp adverse ont d'ailleurs trouvé preneur) et donc ce petit bijou contre les Aiglons. Trois buts et deux passes décisives : le bilan comptable est excellent. Mais au-delà cet aspect, c'est le volume de jeu de Luis Henrique qui impressionne.
À 22 ans, il débute réellement sa carrière et il se pourrait bien les 6 premiers mois de 2024 lui ont permis de se trouver, notamment sous les ordres de Jean-Louis Gasset, adepte de la "câlino-thérapie". Regonflé, le Brésilien joue en équipe et, surtout, il comprend les déplacements de ses coéquipiers, à commencer par ceux de Mason Greenwood et de son latéral gauche, qu'il s'agisse de Quentin Merlin ou d'Amir Murillo. L'apport au milieu du capitaine Pierre-Émile Höjbjerg le sécurise et le libère pour percuter dans le dernier tiers adverse, même si son déchet a été plus important contre une équipe de Nice qui, pendant toute la première période, a mis l'OM en difficulté avec un milieu à 5 étouffant.
Face à l'OL, Luis Henrique peut confirmer dans un match très attendu l'étendue de ses progrès. Et s'il a la même réussite que depuis le début de saison, il serait définitivement adopté par un public toujours aussi versatile et encore plus ambitieux que les joueurs eux-mêmes.