Le clash du dimanche soir : Adrien Rabiot x Vitinha
Rabiot, le pivot manquant
En début de saison, Roberto de Zerbi avait un système de jeu clair et évident au regard des capacités de son effectif : le 4-2-3-1. Avec Pierre-Emile Höjbjerg et Geoffrey Kondogbia au milieu, la structure était établie et efficace, l'Olympique de Marseille réussissant un très bon début de championnat sur le plan comptable.
Or il y a des situations qui méritent de faire évoluer les choses. Libre de tout contrat, Adrien Rabiot était une opportunité de marché incroyable pour un club qui ne dispute pas la Coupe d'Europe et les dirigeants phocéens ont su la saisir. Cela contraint de Zerbi à changer de schéma. En l'espèce, c'est un vrai problème de riche.
Höjbjerg le droitier à gauche, Kondogbia le gaucher à droite : la situation a évolué, et c'est l'ancien joueur de l'Atlético qui a été relégué sur le banc contre Montpellier. Sur le plan du jeu, le match ne peut être totalement révélateur tant la Paillade a sombré collectivement à la Mosson. Pour autant, la position moyenne d'Höjbjerg et Rabiot est étonnante car ils sont l'un devant l'autre avec Amine Harit encore un cran au-dessus mais sur la même ligne verticale.
La difficulté réside dans le fait de ne pas se marcher sur les pieds. Contrairement à ce qu'il peut faire en Équipe de France où il est systématiquement aligné milieu gauche, Rabiot a fait étalage de son volume de jeu, preuve qu'il a rapidement retrouvé le rythme après plusieurs semaines sans compétition. Pour sa première titularisation, il a été omniprésent, avec une aptitude à s'orienter vers la droite.
Dans le même temps, Höjbjerg n'a pas été bloqué par la présence de Rabiot. Le Danois a été colossal avec 116 ballons touchés, 94 passes réussies sur 101 et on l'a vu se projeter plus qu'à l'accoutumée aux abords de la surface, ce qui lui a permis de marquer.
La coordination du tandem a été représentative du gouffre entre l'OM et Montpellier. Mais il faudra passer l'épreuve du PSG pour savoir si le duo est à la hauteur des espérances dans un choc au sommet contre l'ennemi héréditaire.
Vitinha, sorti du cadre
Où en est exactement Vitinha cette saison ? Patron du milieu du PSG la saison dernière, pilier insubmersible d'un collectif parfois déséquilibré, le Portugais paraissait avoir franchi un cap dans son jeu, expédiant notamment Manuel Ugarte au rang des figurants, voire ralentissant l'explosion de Warren Zaïre-Emery qui a vécu un contre-coup (somme toute logique) en 2024.
Mais avec Luis Enrique, rien n'est jamais acquis et le leadership de Vitinha n'est plus aussi marqué. En Ligue des Champions, lorsqu'il a été titularisé contre Girona (1-0) et Arsenal (0-2), il n'a joué guère plus d'une heure et il a peine disputé une demi-heure contre le PSV (1-1).
En championnat, après avoir disputé trois fois 90 minutes lors des 3 premières journées, il a été absent du groupe contre Brest (J4) et contre Rennes (J6), il n'a joué que 20 minutes contre Nice (J7) avant... de retrouver sa place dans le XI contre Strasbourg la semaine dernière.
La position moyenne des milieux du PSG trahirait-elle une tendance à se marcher sur les pieds ? Contre le Racing, Vitinha, Joao Neves et Senny Mayulu ont peu ou prou évolué dans la même zone.
C'est un aspect qui n'est pas limité à ce match. Ce fut le cas en championnat à Reims (1-1) avec Neves, à Lille (1-3) avec Zaïre-Emery et également en Ligue des Champions contre Girona (1-0) avec Fabián Ruiz. C'est finalement contre Arsenal que les milieux se sont déployés... avec un résultat négatif.
Cette situation organisationnelle est-elle due à l'importance prise par Bradley Barcola à gauche et à l'instauration d'une autoroute le reliant à Nuno Mendes ? Cette relation privilégiée ne laisse plus que deux tiers du terrain au PSG pour faire évoluer 7 joueurs ensemble. Bien plus que la présence d'un faux 9 en pointe, c'est cette frontière qui limiterait la diversité tactique du PSG dans l'axe et qui se perçoit d'autant mieux dans les matches à haute intensité.
Cette abondance de joueurs dans la même zone diminue le rayonnement de Vitinha. Reste à savoir si c'est momentané ou amené à durer. Première réponse au Vélodrome.