Le discret et pourtant si indispensable Florian Sotoca
Attendre 30 ans pour percer en Ligue 1, c'est le destin de Florian Sotoca. Depuis la remontée de Lens en 2020, l'attaquant aligne les performances avec une régularité jamais démentie. 128 matches de championnat pour 26 buts et 21 passes décisives : voilà le bilan du joueur qui n'avait connu qu'une seule apparition au sein de l'élite hexagonale, avec Montpellier, le 27 février 2016 contre Lille.
Pourtant, cette entrée à la 89e minute était déjà une petite victoire. Six ans plus tôt, une rupture des ligaments croisés l'empêche de signer à Toulouse après un essai concluant. Alors il a embrassé une carrière dans le football amateur, avec un travail à côté. "J’avais un bac STG, en comptabilité, puis un bac+2 à la fac de Montpellier en animation et commercialisation dans le domaine sportif, expliquait-il dans Onze Mondial en février 2023. Au bout de ce bac+2, il fallait que je travaille puisqu’en CFA2 (actuelle N3, ndlr), on avait des petits revenus. Je devais financer mes études et mon appartement. Je travaillais à côté, dans l’entreprise de mon oncle pendant un an. Après cette année, je suis parti à Martigues en CFA (actuelle N2, ndlr)".
Après 18 mois à Montpellier, le parcours tortueux se poursuit mais, cette fois-ci, Sotoca "s'exile", en Isère. "Il m’a fallu rebondir, en CFA à Grenoble, ce passage m’a permis de redécouvrir le monde professionnel. Au bout de ces deux années, on retrouve la Ligue 2 après deux montées".
À l'aise avec Haise
Peu avant de franchir le cap de la trentaine, le Narbonnais n'avait jamais eu l'opportunité de faire ses preuves au plus haut niveau. Sous l'égide de Franck Haise et avec la remontée dès sa première saison en Artois, la carrière de l'attaquant longiligne (1,87m) a basculé. Dans une équipe où les sacrifices collectifs ne sont pas une option, Sotoca a trouvé le cadre idéal.
Joueur de devoir, il s'est imposé comme un cadre des Sang-et-Or, disputant les 38 journées de la saison dernière au terme de laquelle il a signé des statistiques éloquentes : 7 buts et 10 passes décisives. Sa phase aller avait été exceptionnelles avec un triplé inaugural contre Brest (3-2), 6 réalisations et 7 assists au soir de la 19e journée. Le ratio avait baissé par la suite mais pas son apport global sur le terrain.
Forcément, son cheminement personnel lui permet à la fois de relativiser mais aussi d'avoir toujours faim de ballons : "j’ai vécu une vraie jeunesse, j’ai fait mes études, j’ai fait la bringue. Tout cela m’a permis, peut-être, de m’endurcir, de connaître la vie active, puisque je travaillais à côté. Cela m’a permis de découvrir autre chose. Peut être que si j’avais été dans un centre de formation, je n’aurais pas eu la même carrière ni le même parcours. J’en suis très fier et pour rien au monde, je ne le changerais".
À l'image de son club, la saison de Sotoca est en dents de scie : 3 buts et 5 passes décisives lors de la phase aller mais aussi une expulsion contre l'Olympique Lyonnais. Mais il a pris sa revanche dimanche dernier en ouvrant le score au Groupama Stadium (3-0). Également buteur contre Strasbourg (3-1), l'attaquant contribue à la bonne série lensoise (4 victoires, un nul et une défaite lors des 7 dernières journées).
Les Sang-et-Or ne sont plus qu'à 3 longueurs du podium. La réception de Brest est un choc qui pourrait conditionner beaucoup de choses, à la fois pour les deux clubs mais aussi pour toute la Ligue 1. Lors des deux dernières saisons, Sotoca a marqué 4 fois contre les Ty'Zefs. Plus que jamais, c'est un match pour lui.