Luis Enrique, enfin un entraîneur avec les épaules suffisamment larges pour le PSG ?
Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery, Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino et Christophe Galtier. La liste des entraîneurs passés à Paris depuis l'arrivée des Qataris est longue. Tous ont marqué l'histoire du club lors de ces dernières années. Pourtant, très peu ont réussi à instaurer une réelle discipline dans les coulisses du Camp des loges. Sauf l'entraîneur italien et, peut-être, le champion du monde 1998, mais c'était déjà, un autre temps.
Avec l'arrivée de Luis Enrique, le PSG a enfin trouvé cet entraîneur qui a remporté la Ligue des champions par le passé, un détail apprécié et voulu depuis longtemps par les dirigeants parisiens. Toutefois, si l'on regarde en arrière, seul le natif de Reggiolo avait cela sur son CV à sa signature dans le club de la capitale.
En plus de son palmarès, les débuts de l'entraîneur espagnol sont censés marquer l'instauration d'un homme fort, capable de gérer un vestiaire compliqué, qui a pausé pas mal de problèmes à ceux qui sont passés par là depuis 2017. Depuis l'arrivée de Neymar et le départ de certains joueurs comme Ibrahimovic, les différents coachs ont tous eu pour point commun de ne pas réussir à bien mener et bien diriger certains cadres, provoquant des contres performances flagrantes en Europe.
Fort de caractère et connu pour faire des choix forts, Luis Enrique est supposé mettre un coup de pied dans la fourmilière et mettre en place ses méthodes de travail et ses idées. Neymar ? Lucho lui laisse une chance, mais il devra être en forme s'il veut avoir un rôle la saison prochaine. Un potentiel départ de Mbappé ? S'il reste, tant mieux, mais si le club décide de s'en séparer, ce ne sera pas un problème, il sera remplacé. Alors, à quoi doit s'attendre le Paris Saint-Germain avec l'arrivée de Luis Enrique ? Décryptage.
Exigences et sens du détail à la manière Lucho
« J'adore la pression. Ce n'est pas parce que les concurrents ont plus d'expérience que l'on ne peut pas être à leur niveau en Europe. Être ambitieux est une chose très positive dans la vie. On veut tirer la meilleure version de l'équipe, c'est un défi. La Ligue des champions est une compétition injuste, mais ce n'est pas une excuse. C'est notre objectif et le mien. Je l'assume entièrement. » Ces mots ont été déclarés par Luis Enrique ce mercredi en conférence de presse et définissent à la perfection le caractère et la personnalité de l'Espagnol.
Le capitaine Sergio Ramos écarté de la sélection espagnole après 180 apparitions, Xavi Hernández utilisé comme remplaçant de luxe malgré son statut à Barcelone, Leo Messi mis sur le banc après une brouille avec ce dernier : il ne fait aucun doute que plusieurs épisodes dans la carrière de Luis Enrique montrent à quel point l'Espagnol a su prendre des décisions fortes partout où il est passé. Et, c'est l'une des raisons pour lesquelles Paris et ses dirigeants ont décidé de miser sur lui. Mais pas seulement.
En arrivant dans la capitale française, l'originaire de Gijón était le seul coach sur la liste des potentiels remplaçants de Christophe Galtier qui n'avait pas exigé que tel ou tel joueur de l'effectif soit présent pour la saison 2023-2024. Lucho s'adapte à ce qu'il a et demandera des renforts en fonction des besoins qu'il considère. Forcément, on pense au cas Mbappé qui plane une année de plus au-dessus du PSG. Restera-t-il ou non ? Au moment des négociations, l'entraîneur espagnol s'en moquait et s'était déjà dit qu'il serait capable de faire avec ou sans.
Car oui, avec Luis Enrique, le collectif prend le dessus sur les individualités. Sorties au restaurant, barbecues les dimanches midi, activité "escape room", recrutement d'un psychologue : tous les moyens sont bons pour souder les liens entre chacun. Si vous êtes amis en dehors du terrain, tout sera beaucoup plus fluide sur le rectangle vert. Si l'Espagnol réussit à imposer correctement ses méthodes de travail, il est clair que beaucoup n'auront plus autant de passes droits comme dans le passé. Très exigeant avec lui-même, l'ancien Barcelonais exige le maximum de ses joueurs, que ce soit du point de vue physique, mais également tactique.
Étant très proche d'eux, Lucho arrive très souvent à tirer le meilleur de ces derniers. Leur donner les clés pour qu'ils aient confiance en eux et en leur football est ce que l'Espagnol tente de faire. Avec l'Espagne, lors de sa première grande compétition, à l'Euro 2021, Luis Enrique a réussi l'exploit d'emmener les siens jusqu'en demi-finale, où ils ont été éliminés aux portes de la finale par l'Italie aux tirs au but. Personne ne les attendait à ce stade de la compétition. Et, cela, avec Pedri, âgé à peine de 18 ans, comme chef d'orchestre d'une équipe avec une moyenne d'âge de 26 ans.
La jeunesse, autre point important qui marque la carrière de cet entraîneur. Avec lui, Paris a peut-être enfin trouvé ce coach qui laisse la chance aux jeunes si ces derniers le méritent. En tout cas, c'est ce qu'il a montré par le passé. Si Zaïre-Emery est bien plus en forme et performant qu'un Marco Verratti, vous pouvez être sûrs que l'Asturien saura trancher sans hésiter. La vie du groupe, le collectif, la concurrence et la recherche du maximum chez tous ses joueurs sont les fondements de son travail.
Il est clair que c'est pour tous ces arguments que Paris a fait le choix de recruter l'homme de 53 ans. Et, même si la chanson « fini les privilèges » que l'on entend après l'arrivée d'un nouvel entraîneur, comme à chaque début de saison avec Paris, semble être d'actualité une nouvelle fois, cette fois-ci, les supporters parisiens peuvent espérer un réel changement. Luis Enrique n'hésitera pas à mettre des joueurs problématiques sur le banc si cela est nécessaire, quitte à devoir se faire licencier au bout de 4-5 mois. Car lui seul est le décisionnaire lorsqu'il est à la tête d'un groupe.
Sur l'aspect tactique, il ne faut pas s'attendre à une révolution. Le coach asturien s'adapte à ses armes, même si l'on peut distinguer un jeu beaucoup plus vertical que d'autres entraîneurs ibères. Avec le Barça, lorsqu'il remporte le triplé, son équipe jouait un football beaucoup plus direct que d'antan, avec une "MSN" qui se régalait chaque week-end sur les terrains espagnols. Avec l'Espagne, au regard des caractéristiques de chacun, le football de possession était la base de sa tactique. Quitte à ne pas marquer de but en 1/8ᵉ de finale de Coupe du monde face au Maroc, mais d'avoir 80 % du temps le ballon. Tout ça pour dire que Luis Enrique est un coach pragmatique et qui sait s'adapter, ce qu'il fera sans problème au PSG.
Est-ce donc le tournant tant attendu au Paris Saint-Germain depuis plusieurs saisons ? Impossible de le savoir tant ce club et son environnement sont si différents au reste des clubs européens. En tout cas, le caractère du bonhomme nous laisse penser qu'il peut y avoir enfin une révolution. À présent, l'avenir nous dira si Luis Enrique a su imposer sa patte, ses idées et son travail dans un vestiaire aussi problématique.