Soupçons de harcèlement et discrimination : Christophe Galtier devant les juges
Désormais à la tête de l'équipe d'Al-Duhail, l'ancien coach du PSG passé par Nice lors de la saison 2021-2022 est attendu à 08h30 sur le banc des prévenus du tribunal correctionnel de Nice, pour des faits de harcèlement moral et discrimination, des délits passibles de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.
L'affaire avait éclaté au printemps, avec la révélation d'un courriel envoyé à la direction de l'OGC Nice par l'ex-directeur du football du club, Julien Fournier, avec lequel Galtier entretenait des relations exécrables. Dans ce courriel, que l'AFP n'a pu authentifier, Fournier assurait que Galtier lui avait dit que l'équipe "ne pouvait pas avoir autant de noirs et de musulmans" et qu'il fallait "limiter au maximum le nombre de joueurs musulmans".
Parole contre parole
Tandis que Galtier portait plainte pour diffamation contre Fournier et deux journalistes ayant publié ce courriel, le parquet de Nice ouvrait une enquête et choisissait de convoquer l'entraîneur devant les juges. Prévu pour la matinée, le procès pourrait durer toute la journée, dans une affaire qui risque d'avoir du mal à s'extirper du parole contre parole.
Selon des éléments du dossier révélés la semaine dernière par le quotidien L'Équipe, Fournier et plusieurs joueurs ou collaborateurs de Galtier à Nice ont rapporté des propos désobligeants de l'entraîneur contre les musulmans, une ambiance générale de suspicions de discrimination dans le vestiaire et des pressions contre les joueurs faisant le ramadan.
Présenté par d'anciens collaborateurs comme un homme raide et discret, mais très efficace, tout au long d'une carrière entamée à Marseille sous l'aile de Pape Diouf, Julien Fournier a cité les cas des internationaux algériens Islam Slimani, dont Galtier aurait refusé le recrutement, ou encore Billal Brahimi, qu'il aurait rechigné à intégrer, en particulier parce qu'ils faisaient le ramadan.
Mais, en réponse, Galtier pourrait avancer les performances en dents de scie du premier, qui a multiplié les clubs ces dernières années, et le manque d'expérience du second, qui a aussi peiné à s'imposer auprès de ses entraîneurs suivants. Quant au ramadan, Galtier a toujours insisté sur sa volonté de préserver la santé des joueurs, comme d'autres entraîneurs.
Et au printemps, des joueurs musulmans ayant évolué sous les ordres de Galtier dans d'autres clubs l'avaient soutenu, comme le Turc Burak Yilmaz, qui avait assuré ne jamais avoir "senti le moindre comportement négatif" de sa part à Lille.
Joueurs parties civiles
Slimani et Brahimi font partie des joueurs qui se sont portés parties civiles, au côté de Fournier et d'autres anciens salariés du club niçois.
Galtier, dont l'équipe qatarie a été battue mercredi et joue de nouveau dimanche, sera bien présent, et "déterminé", selon ses avocats, Me Olivier Martin et Sébastien Schapira. "Il attend enfin ce débat public et contradictoire où il démontrera qu'il n'a évidemment jamais discriminé ou harcelé quiconque."
Âgé de 57 ans, Christophe Galtier est un ancien défenseur professionnel au caractère bien trempé, formé à Marseille et passé par Lille, Toulouse, Monza (Italie) et le Liaoning Yuandong (Chine). Devenu un entraîneur à poigne, il s'est fait une belle réputation à Saint-Étienne (2009-2017) et a remporté la Ligue 1 lors de son passage à Lille (2017-2021).
La suite a été plus mitigée. À Nice, sa saison s'était terminée sur une décevante 5ᵉ place en championnat et une défaite en finale de Coupe de France (1-0 face à Nantes). Recruté par le PSG la saison suivante, il avait connu une saison tourmentée, malgré le titre en championnat.